4 Juin 2024
Lors de ce voyage mémorable de mai 2024 en Sardaigne avec Michel Rousseau et Laurent Jacquet, nous avons essentiellement tourné dans les Supramonte, et j'en ai déjà donné un aperçu sur ce blog. Mais les derniers jours, nous nous sommes rendus dans le nord de l'île où se trouvent d'autres pépites. Les relations avec les locaux sont parfois un peu plus compliquées, vu qu'on est proches de riches zones touristiques peuplées de propriétaires soucieux de leur tranquillité, mais ici comme dans le sud, la nature reste malgré tout sauvage et étonnante.
Je résume ci-dessous en image cinq parcours en faisant simplement quelques remarques, sachant que les topos se trouvent dans le livre de Corrado Conca, toujours avec le renvoi sur un tracé Wikiloc par QR code.
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La Pala 'e Casteddu au monte Ortobene
Cet tinéraire proche de Nuoro est surprenant. On se retrouve en effet très vite dans un chaos d'énormes blocs de granite entre lesquels il faut se faufiler. C'est un vrai casse-tête dont on ne pourrait se sortir sans les nombreux "uomini di pietra" en place (cairns) et quelques cordes fixes. L'arrivée au sommet est originale avec un ramping au bord du vide. Le tracé Wikiloc est bien utile face aux doutes qui ne manqueront pas de vous assaillir, y compris dans la descente...
Le parcours est à moitié souterrain, les blocs de granite étant tellement énormes que l'on passe souvent dessous.
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L'arche du capo Figari
La presqu'île du cap Figari se trouve juste au-dessus de Golfo Aranci, au nord-est d'Olbia. C'est un lieu paradisiaque pour la baignade, mais un peu plus exigeant pour les randonneurs qui veulent grimper vers le sommet. La végétation masque les multiples sentes qui s'y faufilent tant bien que mal, et seul le tracé Wikiloc peut vous aider à trouver la descente dans l'austère versant nord-ouest. C'est là que l'on va effectuer un rappel d'anthologie d'une soixantaine de mètres en plein vide avec un départ à travers une grande arche. L'étonnante sauvagerie de ce retour au-dessus de la mer vous récompensera largement de vos efforts.
Depuis l'approche, on a une vue imprenable sur l'île de Tavolara, le plus petit royaume du monde. Avec ses 600 mètres de hauteur, cette masse rocheuse est équivalente à une Sainte-Victoire qui serait plongée dans la mer.
Début de la descente dans le sombre versant nord-ouest par un premier petit rappel. Au fond, on aperçoit la ville très touristique de Golfo Aranci.
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Le monte Pulchiana
Classée "monument naturel de Sardaigne", cette petite pyramide granitique est un spot d'escalade connu. Les voies se déroulent essentiellement sur les dalles peu inclinées de la face sud, et c'est par celle-ci que l'on descendra en trois rappels linéaires après avoir gravi la voie normale, une rampe diagonale située sur l'autre versant. L'ascension de ce "monument" est l'occasion de croiser les reliefs étranges et si particuliers des tafoni granitiques.
Ce versant sud est celui où les grimpeurs évoluent et par où l'on descendra. La voie normale se trouve de l'autre côté, accessible par des sentes à peine visibles tracées dans des blocs et une végétation dense et odoriférante.
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La Scala Longa du monte Ruiu
Non loin de la côte de Valledoria, au-dessus du petit village de Giuncana, une longue barrière montagneuse se découpe sur l'horizon. Son rocher étonne par sa couleur rouge sombre (ruiu ?), alors que les autres sommets granitiques tirent plutôt sur l'orangé. On progresse dans ces replis tourmentés grâce à des trous, des vires, des failles et huit rappels. Le parcours est complexe et plutôt difficile à trouver. C'est en scrutant attentivement le rocher que l'on pourra repérer les amarrages. Mais pour cela, il faut être sûr d'être au bon endroit, et sans le tracé Wikiloc...
C'est ce versant du monte Ruiu que l'on traverse au prix de plusieurs montées/descentes. Les prairies d'armoise sont d'un beau vert clair, mais attention aux allergies !
Au début de la traversée, nous avions cru trouver une arche. Mais il s'agissait en fait du premier passage de l'itinéraire décrit par Corrado Conca (photo Laurent Jacquet).
On vient de la gauche par un rappel et on tourne autour de ce promontoire pour monter à droite sur une vire ascendante (photo Laurent Jacquet).
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La via ferrata di Giorré
Au sud de Sassari, cette ferrata traverse deux étages de vires dans une falaise pas très haute, mais sur près de trois kilomètres. C'est un régal pour qui aime les vires, qui sont ici de vrais trottoirs la plupart du temps. J'ai trouvé le même plaisir à la faire pour la seconde fois.
Les vires sont le plus souvent commodes comme ici, mais parfois interrompues par des passages plus techniques. Au fond, le village de Carghege (photo Laurent Jacquet).