1 Juin 2024
Ce parcours est sans doute l'un des plus complets que l'on puisse imaginer. Situé dans une des zones les plus sauvages des Supramonte, il alterne rando engagée, rappels, escalade, via ferrata et spéléologie, le top du "scrambling" en somme. Depuis Cala Gonone, il faut d'abord suivre une petite route étroite, longue et improbable jusqu'au lieu-dit Buchi Arta, un bout du monde où vit encore un chevrier. On est là au-dessus de la codula di Luna, où se cache s'arcada s'Ozzastru, une des plus grandes arches d'Europe. On y descend avant de grimper diagonalement dans une grande falaise et de traverser un maquis marqué par les nombreuses traces de la vie des bergers d'antan.
L'itinéraire est indescriptible. Il est dans le livre de Corrado Conca (percorsi avventura in Sardegna). Mais sans le tracé Wikiloc, il semble vain d'espérer se retrouver dans ce dédale, surtout pour dénicher le dernier rappel qui mène à la superbe grotte de sos Sirios dans un terrain tourmenté dépourvu de chemins et de repères (et encore, il faut un peu de chance). Un tracé de Corrado est disponible par QR code à partir de son livre, mais on en trouve d'autres (celui-ci, par exemple). J'ai tracé le parcours en rouge sur ma carte des Supramonte de Baunei.
Je ne donne donc pas de description, seulement quelques remarques :
- Du parking de Buchi Arta, il faut quitter presque immédiatement la piste et descendre dans un vallon étroit et caillasseux pendant 40 mn. Là, il faut monter quelques mètres dans un pierrier pour traverser l'arche qui se voit de loin.
- De la grotte de Mocco, il faut bien continuer à longer le pied de la falaise en mode sanglier jusqu'à trouver les premières cordes fixes. Attention, après, c'est assez technique. Les parties câblées sont athlétiques et on trouve des sections où il faut grimper avec une corde et des dégaines (4+).
- Le rappel de 50 m pour descendre à la grotte sos Sirios se trouve au bout d'une petite vire qui traverse entre deux étages du rebord de la falaise, qu'il faut donc longer sans trop descendre. La grotte est extraordinaire et mérite un éclairage appropriée. L'entrée se trouve au bout à droite de la première petite salle et est peu visible (il faut se baisser).
- La remontée sur le plateau ne doit pas être sous-estimée. C'est raide et complexe. Bien penser à tirer à droite avant l'entonnoir final (on doit trouver une échelle de genévrier dans une petite barre). Une fois sur le plateau, ce n'est pas fini. La traversée du retour vers Buchi Arta est longue. L'horaire de 5 h donné par Conca est rapide. On a mis plus de 7 h en tout.
NB : il y a des "su Piggiu" un peu partout en Sardaigne, sans que j'arrive vraiment à en donner une traduction plausible. Je me renseignerai plus précisément la prochaine fois, mais pour l'instant, les seules que j'ai trouvées sont "au pire" (qui désigne peut-être les passages les plus difficiles qu'aménagent les bergers pour leurs chèvres), ou aussi "le pic", tout bêtement. Pas très satisfaisant. Si quelqu'un en sait plus...........
Après la descente d'un vallon étroit et encaissé, on arrive face à l'arche qu'il va falloir traverser (bien visible au centre).
De l'autre côté, un rappel de 50 mètres va nous permettre de prendre pied dans la codula di Luna (photo Laurent Jacquet).
Cette codula (vallée) relie la célèbre cala (plage) di Luna à Teletotes, extrémité d'une petite route qui descend du plateau au niveau d'Urzulei. Mais il faut 4 h 30 de marche entre les deux.
Après avoir longé le pied de falaise, on trouve les premiers équipements. Il faut parfois grimper en s'assurant.
Dernière longueur technique avant de frayer dans le maquis à la recherche du rappel qui descend à la grotte de sos Sirios.
La grotte de sos Sirios nous offre un spectacle éblouissant. De nombreuses traces de passage, de la suie noire par terre et des baquets taillés dans la roche attestent la venue de bergers à la recherche de l'eau, sans doute depuis quelques siècles.
De la grotte, une échelle sarde marque le début d'une éprouvante remontée sur une sente peu marquée où il faut rester vigilant.
Sardaigne : l'île mystérieuse - pascal-sombardier.com
La Sardaigne ne se laisse pas apprivoiser facilement. Les Français la connaissent peu, et lorsqu'ils s'y rendent, ils sont souvent surpris par sa complexité, sauf bien sûr s'ils ont pour seuls buts
https://www.pascal-sombardier.com/2023/11/sardaigne-l-ile-mysterieuse.html