Topos et photos sur la montagne hors des sentiers battus, par l'auteur des Randonnées du vertige
10 Mars 2025
Les photos publiées ici datent de quelques années, mais les paysages du Wadi Rum n'ont pas changé. On y trouve un peu plus de monde, sauf dans les voies bédouines qui restent calmes du fait de leur relative technicité. Les évènements géopolitiques du Moyen-Orient n'ont pratiquement pas d'impact sur la région. La précaution à prendre est de partir directement au sud sans s'arrêter à Amman, mais cela était déjà recommandé.
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Pour tous ceux qui aiment les déserts, la randonnée sportive, les canyons, l'escalade, les rappels, les arches et les reliefs étonnants, il semble difficile de trouver mieux que le Wadi Rum jordanien. Ce fut mon plus beau voyage et je reste sous le choc de ces paysages colorés et sculptés comme des œuvres d'art. J'ai aussi réalisé là-bas ce que je pense être une de mes plus belles séries de photos et j'en publie ici quelques-unes, en espérant qu'elles vous feront voyager au moins par la pensée.
Wadi Rum et sa route d'accès devant les Jebel Um Ishrin, Kharazeh, Um Ejil (sommets ouest et sud), Nassrani nord et Draf al Maragh (de gauche à droite).
Si le massif est devenu l'un des plus importants spots d'escalade au monde, il est aussi le paradis des scramblers grâce à ce qu'on appelle ici les voies bédouines, utilisées initialement pour la chasse au mouflon. Mieux vaut avoir une bonne expérience de la randonnée escarpée et de l'escalade, ainsi qu'un solide sens de l'itinéraire pour se lancer sur les traces des bédouins. Leurs enfants courent et grimpent sur les rochers dès leur plus jeune âge, développant une agilité auprès de laquelle les meilleurs d'entre nous arrivent à se sentir un peu lourdauds. Malgré cela, en tâtonnant, et parfois en s'assurant, on éprouve une immense satisfaction à se faufiler acrobatiquement dans cet environnement sauvage et minéral. L'érosion du grès tendre et multicolore a créé ici des décors dignes d'une autre planète sublimés par un soleil presque permanent.
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Bien que nous soyons allés sur d'autres sites lors de notre voyage, j'évoque sur cette page exclusivement les voies bédouines du Wadi Rum. Avec Florence Lelong, Jean-Louis Laroche et Bernard Mazas, nous en avons réalisé une dizaine en autonomie. Jean-Louis et Florence sont les auteurs de plusieurs ouvrages dans la collection que je dirigeais chez Glénat, mais là, il n'était question que de vivre ensemble une belle aventure. Nous avons retrouvé là-bas Philippe Brass, également auteur et guide, qui vit à Wadi Rum une partie de l'année avec sa femme Claire. Merci à lui et à son frère de sang Sabbah Eid (co-fondateur du Wadi Rum Trail) pour leurs conseils et parfois leur présence. Philippe est l'un des meilleurs connaisseurs du massif et de la Jordanie, à propos desquels il a beaucoup écrit (cliquer ci-dessous).
Il faut parfois se méfier de son instinct. Cette gorge paraissait évidente, mais ne menait nulle part. Peu importe, elle était si belle !
Ça n'a l'air de rien, mais une glissade sur ces plans (très) inclinés serait lourde de conséquences.
Nous avions heureusement des chaussures de rando un peu spéciales munies d'une semelle taillée dans de la gomme de chausson d'escalade. Mais on n'oublie pas pas que les bédouins parcouraient ces itinéraires pieds nus...
Le grès contient diverses sortes d'oxydes métalliques. La couleur rouge indique la présence d'oxyde de fer.
En route pour le Jebel Rum.
Philippe et Claire Brass nous ont accompagnés dans cette traversée particulièrement technique et sauvage du grand sommet. Nous avons profité de leur connaissance du terrain pour effectuer les parcours les plus intéressants et les plus beaux : Rijim Assaf et Hammad's road. Après un bivouac confortable et une petite pause au sommet, nous sommes descendus de l'autre côté par la Nabateans road sur le Wadi Rumman, itinéraire souvent utilisé à la montée.
Quelques ressauts de Rijim Assaf exigent le recours à l'escalade. Ce pas légèrement surplombant est heureusement assurable à l'aide de coinceurs et on se tire sur une "oreille de Mickey" (écaille de grès ronde) en priant pour qu'elle ne casse pas. On voit bien, sous le pied gauche de Jean-Louis, ce qu'on appelle une "marche bédouine".
Dans certains passages, il vaut mieux s'assurer même si ce n'est pas difficile, car la chute est mauvaise.
Le plateau du Jebel Rum est un univers complexe dans lequel il n'est pas facile de se repérer. Philippe Brass compare ces petits dômes à des "coupoles byzantines".
Philippe veille sur son client. Il faut garder à l'esprit qu'il n'y a pas ici de secours aussi développés qu'en France. En cas de pépin, on risque d'attendre longtemps...
Au sommet du Jebel Rum (1754 m). De gauche à droite : Bernard Mazas, moi-même, Philippe Brass et le regretté Jean-Louis Laroche.
Et pour ne pas oublier ces dames : en rouge, Claire Brass ; au centre avec le bandeau bleu : Florence Lelong, en partie cachée par Marie Somb.
JEBEL RUM à Wadi Rum - la Reine des montagnes en Jordanie - The Desert Guides Society
On a longtemps cru que le Jebel Rum était le point culminant de la Jordanie. Normal, il est tellement imposant et d'allure si inaccessible que tout portait à croire que de ses flancs impraticable...
https://www.desert-guides.com/le-massif-du-jebel-rum-a-wadi-rum-en-jordanie/
Cete belle vire conduit dans un profond canyon sec qu'il va nous falloir descendre. C'est par cette voie que montent la plupart des prétendants au sommet du Jebel Rum.
Les masses rocheuses du Wadi Rum sont bien individualisées et traversées par des canyons secs qui offrent des ambiances très particulières. C'est le cas du canyon d'Abu Ighlahat, non loin duquel nous avions bivouaqué avec les bédouins près de la belle arche de Barrah.
Des centaines de voies d'escalade ont été tracées sur les falaises du Wadi Rum. Certaines font plusieurs centaines de mètres, mais on trouve aussi des petites voies sympathiques à faire au passage pour se délasser. Ci-dessous, quelques photos du site d'Um Zeleghe.
Retour au village par l'une des larges vallées qui permettent de circuler assez facilement dans ce dédale...
...avec quelques vues sur les plus grandes falaises d'escalade. Sur la tour nord de Nassrani, dans la grande face au centre, se déroule "La Guerre Sainte", une voie majeure de 450 mètres de haut.
La Guerre Sainte : voie de douze longueurs soutenues de 6b à 7b, ouverte du bas en 2000 par une forte équipe : Guy Abert, Philippe Batoux, Hervé Bouvard, Alon Hod, Arnaud Petit et Benoît Robert. C'est la première voie du Wadi Rum à avoir été entièrement équipée.
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L'arche de Burdah
Le Jebel Burdah est l'un des plus visités du Wadi Rum en raison de la présence d'une magnifique et célèbre arche. Nous y étions montés par la face est afin d'éviter la foule. Nous avions ensuite retrouvé Sabbah Eid dans la descente pour une sorte de pèlerinage vers un lieu où un membre de notre famille avait mortellement chuté en 1998. L'occasion de rappeler qu'un accident dans ce terrain escarpé est vite arrivé.
L'arche de Burdah reçoit de nombreux visiteurs par sa voie normale. Aussi décidons-nous d'y grimper par l'autre versant, plus calme, mais plus technique.
Nos efforts sont largement récompensés par cette vision d'une des plus belles arches que nous ayons jamais vues.
Nous choisissons le retour direct dans des dalles assez escarpées et exposées où nous retrouverons Sabbah.
Au pied du massif, afin de retourner au village, Sabbah appellera ses amis pour venir nous chercher en voiture.
Dans les replis du massif, comme ici dans le Rakabat canyon, on trouve parfois des vasques; Elles se remplissent surtout au printemps, mais sont souvent bien cachées.
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Le Wadi Rum est une zone protégée abritant de nombreuses espèces de flore et de faune. Certaines d’entre elles sont en voie de disparition et très rares. Il faut donc éviter de les piétiner ou de les cueillir. Merci également de ramener vos déchets.
Les sites parlant du Wadi Rum sont nombreux, tant l'endroit marque les esprits, et je vous laisse surfer à leur recherche. Il existe des agences locales qui travaillent parfois en collaboration avec des Tours Operators français, et beaucoup de guides français se rendent fréquemment là-bas ou y vivent saisonnièrement, comme Philippe Brass.
Guy Abert a beaucoup tourné là-bas. Il a ouvert des voies et participé à l'ouverture de "La Guerre Sainte". Pour voir son site, cliquez ci-dessous :