Le tour de la Dent de Crolles par les sangles

4 Octobre 2025

La Dent de Crolles présente cette caractéristique unique en Chartreuse de nous offrir trois versants praticables bien qu’abrupts, car tous pourvus de sangles et de sentiers. C’est donc un terrain de jeu de premier choix, et il semblait intéressant d’imaginer qu’on puisse faire le tour du sommet par cette ceinture naturelle. C'est ce tour que j'ai décrit dans mon ouvrage paru en 2006 : "Chartreuse inédite".

Le commencement logique de ce circuit hors normes est le classique et débonnaire sangle de la Barrère, si bien tracé qu’on en oublierait presque la falaise de 200 mètres située en dessous. Beaucoup l’utilisent pour gagner le sommet en finissant par le pas de l’Œille, mais notre parcours ne fait que croiser ce pas et poursuit la traversée à flanc de falaise pour rejoindre la vire de la Face Est.

Les faces sud et est de la Dent. La vire de la Face Est passe sous la partie jaune visible tout en haut de la paroi à l'ombre.

La partie sud de cette impressionnante vire servait traditionnellement d’échappatoire aux grimpeurs sortant de l’éperon central de la face est. Au début des années 1980, après deux jours passés dans cette redoutable paroi (dont le rocher est pourri, il faut bien le dire), j’avais utilisé cette vire et m’étais promis d’y retourner pour vérifier si elle était traversable dans son intégralité. La chose fut réalisée bien plus tard et décrite dans mon ouvrage “Chartreuse-Vercors, les randonnées du vertige” paru en 2003. Elle est devenue assez fréquentée, surtout depuis qu'un câble en sécurise le début rendu scabreux par un effondrement.

On peut évidemment se contenter de ce passage très marquant, qui apporte son lot de sensations fortes au-dessus d’une falaise plus que verticale de 300 mètres, et redescendre par le pas de l'Œille. Mais difficile de résister à l’idée de poursuivre ce mouvement giratoire qui se termine par le sangle du versant ouest, une découverte plus tardive, agrémentée d’une curiosité que j’ai appelée “l’arche à l’Aiguille” parce qu’elle est surmontée d’une fine lame rocheuse. C’est la cerise sur le gâteau et l’itinéraire le plus logique pour retrouver le chemin de l’aller.

Topo détaillé par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :

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Premier sangle : celui - très classique et pourvu d'une bonne trace - de la Barrère (déformation du mot "barrière").

Arrivée au bout du sangle de la Barrère et au pas de l'Œille. La croix du sommet est bien visible au fond à gauche.

L'Œille (forme ancienne du mot "aiguille") trône au milieu du pas auquel elle a donné son nom. Il faut passer derrière et traverser encore vers le sud pour trouver la vire de la face est.

On voit bien ici au centre l'arrivée du sangle de la Barrère. En bas, sous l'aiguille, monte le sentier du pas de l'Œille, et à droite, part la trace qu'il faut prendre pour aller à la vire de la face est.

La vire de la Face Est débute par ce câble qui permet de négocier un effondrement datant des années 2010.

La trace est ensuite relativement bonne, mais il ne faut pas oublier que 300 mètres de vide béent dessous.

Sauf à quelques endroits, la vire inférieure atténue la sensation de vide.

Il est fréquent de voir des parapentes dans le secteur, et même des Base-jumpers qui sautent depuis la croix située juste au-dessus.

La fin de la partie vertigineuse de la vire est marquée par cet imposant surplomb.

Depuis la crête ou le sangle du Rocher du Midi, on voit bien la sortie herbeuse de la vire de la Face Est (à gauche au-dessus du surplomb) et la trace qui remonte sur le plateau.

Le sangle du Rocher du Midi n'est qu'une option qui devient rapidement exposée. On pourra se contenter d'un court aller-retour, juste pour l'ambiance...

Après la traversée du plateau, c'est à ce niveau que l'on quitte le GR 9 pour une sente à droite au-dessus du cirque Sans Nom. L'arche à l'Aiguille n'est plus très loin.

C'est ainsi qu'apparaît l'arche à l'Aiguille lorsqu'on lève les yeux depuis le petit sangle d'accès.

L'arche à l'Aiguille vue de l'intérieur du petit cirque qu'elle abrite, une vision désormais classique.

La finesse de la base de l'arc-boutant est impressionnante.

Après une petite redescente, on prend pied sur un sangle facile et on se dirige vers le pas du Glas.

Il ne reste alors qu'à descendre ce pas et ses cheminées aux blocs coincés.

On retrouve les quelques ressauts équipés de câbles pris à l'aller.

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Petit rappel : le mot "sangle", propre à la Chartreuse, est masculin. Il vient du latin cingulum (ceinture) et désigne une vire qui court à flanc de falaise.

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