12 Avril 2022
Il y a quelques années, lors d'un trek au cœur du Haut-Atlas, nous avions débarqué un peu par hasard dans le village perdu de Boutferda, au nord-ouest d'Imilchil. Heureusement, une famille nous a accueillis et hébergés. Le lendemain, Noureddine, un des fils de la maison, a proposé de nous guider vers un endroit exceptionnel situé à quelques heures de là et encore peu connu à l'époque. Il s'agissait des greniers à blé d'Aoujgal, perchés sur une vire au beau milieu d'une falaise imposante, l'un des sites les plus étonnants que j'aie vus. Pour empêcher le pillage de leurs récoltes par les animaux et les envahisseurs de toutes sortes, et pour le faire sécher, les paysans les stockaient dans des petites constructions sur une vire étroite et difficile d'accès, longue de près d'un kilomètre. Les greniers, abandonnés, étaient en piteux état, mais j'ai entendu dire depuis qu'il y avait eu un projet de revalorisation du site. Si quelqu'un a des infos...
À l'époque, pour se rendre à la falaise d'Aoujgal, il fallait 2 h 30 de marche sur un vaste plateau à travers les arganiers.
Nous avons fait plusieurs rencontres d'un autre âge : par exemple, ce paysan qui partait vendre ses œufs et ses poules dans un village à deux jours de marche.....
Ou ces charbonniers, qui transformaient le bois en charbon dans des fours en terre et en pierre. Cette activité était répandue dans nos montagnes au début du vingtième siècle et a laissé des vestiges de charbonnières (en métal) un peu partout. Mais ici, c'est resté comme il y a un siècle...
l'accès se fait par une large vire très commode, mais non exploitée pour le stockage car à l'ombre (photo prise au retour).
C'est au bout de cette vire d'accès que l'on rencontre les premiers greniers, bien exposés au sud pour faire sécher les céréales.
Difficile d'imaginer qu'un endroit aussi vertigineux ait pu être un jour un lieu de travail plein d'activité.
La vire est parfois si étroite que l'on doit passer au-dessus du vide sur des "via ferrata berbères" faites de branchages.
On se plaît à imaginer l'animation qui régnait ici il y a plusieurs décennies, quand tous les paysans du plateau descendaient sur la vire, peut-être avec leurs enfants qui jouaient au bord du vide....
La vire devenant de plus en plus étroite et les aménagements effondrés, nous avons dû faire demi-tour avant la fin.