11 Décembre 2019
Les surprises sont nombreuses dans ces contreforts sud-ouest du Vercors. J'avais abondamment exploré et décrit les circonvolutions de la combe d'Oyans dans Vercors secret. Mais en fait, chacun des villages situés dans cet alignement entre Saint-Nazaire-en-Royans et Chabeuil recèle des reliefs étonnants et des sentiers oubliés. Beauregard-Baret, le plus au nord, ne fait pas exception. Comme celle d'Oyans à Rochefort-Samson, la gorge du Portail commande ici deux grandes envolées hérissées d'aiguilles, de couloirs et de crêtes rocheuses qui, malgré une altitude modeste, comptent parmi les plus spectaculaires du Vercors. Leurs replis abritent un grand nombre de grottes et d'arches, surtout du côté des Temparts, où une longue arête mène aux Grands Essarts (993 m). Je me contenterai de décrire ici un parcours sauvage qui utilise une sente de chasseurs grimpant à la curieuse croix de Saint-Gervais au sud du Portail, sur la crête des Vachères. Jusqu'à la croix, certains passages sont raides et nécessitent l'usage des mains, sans difficulté notable toutefois. L'aller-retour à une mystérieuse grotte perchée sur une vire au-dessus de la gorge constitue le clou du spectacle. Une habitante nous avait parlé d'une jonction souterraine entre le château de Beauregard (qui se situait au-dessus de la carrière abandonnée, non loin de la grotte donc) et celui de Rochefort (soit plus de 3 km...), mais je pense qu'il s'agit là d'une exagération amplifiée par la légende. Joël Chabert m'a précisé ultérieurement que cette grotte a été explorée en 1940, et que son nom est grotte de las Faillas (grotte des Fées). Les possibilités de retour sont multiples et variées (voir topo PDF et carte).
Je propose une variante d'approche plus technique par l'arche du Portail, dont l'apparition en haut d'un étroit couloir ne pourra manquer de vous émouvoir. Il s'agit en effet de l'une des plus importantes du massif et sa visite apportera, si besoin était, un peu de piment à une journée déjà bien remplie...
Tracés sur carte et topo détaillé par simple clic sur le doc PDF ci-dessous
Arrivée sur le promontoire au-dessus de la grotte des Fées. De là, on a cette belle vue sur les Temparts et la crête des Grands Essarts de l'autre côté des gorges du Portail. C'est de ce promontoire que l'on peut faire un petit aller-retour à la grotte des Fées, mais aussi maintenant à l'arche du Portail.
En rouge, la boucle plus simple. En orange, la variante par la crête des Ussets. Les digressions vers la grotte des Fées et l'arche du Portail sont indiquées au nord.
La grotte de las Faillas s'atteint par un court aller-retour depuis le promontoire. Est-ce celle qui est à l'origine de la légende locale qui raconte qu'on pouvait traverser la montagne jusqu'à la combe d'Oyans ?
À gauche de l'entrée, des marches naturelles permettent de descendre facilement dans une seconde salle.
Au fond de la troisième salle se trouve une inscription laissée par des membres de "la Société spéléologique de France" en 1940. Joël Chabert m'a communiqué ultérieurement le plan réalisé par Pierre Ageron après cette exploration (photo suivante).
La croix de Saint-Gervais, bordée de terrasses idéales pour le pique-nique. Sur la croix sont gravées deux inscriptions (retranscrites ici telles quelles) : au sud : " CADO DU PÈRE SEYVE DE SONAISE " et au nord : " AU S.GERVAIS, PRIYIER POUR NOUS".
Juste après le pas du Loup, la grotte des Ussets qui, bien que classique, paraît bien fade après celle que l'on a vue au départ.
Retour bucolique à la Combe par les vallons riants de Sonnaize ou des Termiers, selon l'option choisie.
Au retour dans les gorges en amont du village, au niveau du lieu-dit "le Portail", on aperçoit (du moins en l'absence de feuilles aux arbres), une grande arche qui chevauche le premier couloir en rive gauche. En février 2019, avec Michel Mange et Laurent Jacquet, comme Joël Chabert l'avait fait en 1980, j'ai gravi le mur qui en défend l'accès pour la voir de plus près. Nous avons eu la surprise de constater que des grimpeurs avaient mis quelques spits sur le flanc de l'arche. Peut-être sont-ils venus par la droite, puisqu'une sente aisée descend en fait du promontoire précité situé au-dessus de la grotte des Fées. On peut donc aussi venir voir cette grande arche en aller-retour depuis là et sans difficulté.
Une habitante rencontrée ensuite sur la route en dessous a évoqué une échelle qui permettait aux hommes du village d'aller chercher du bois par là-haut. Elle-même gardait les vaches dans le couloir, ce qui est pour le moins surprenant... L'arche, mesurée par moi au laser, est large de 8 m 50 et haute de 8 m, ce qui en fait une des plus massives du Vercors. Détails techniques pour les accès à voir sur le doc PDF dont je remets le lien ici.
L'arche du Portail, telle qu'on la voit dans la vignette en bas à gauche, est repérable depuis la route des gorges en haut du premier couloir de la rive gauche (en descendant). Le problème est qu'il faut gravir un mur d'une vingtaine de mètres. Une corde fixe facilite maintenant la chose, mais Joêl Chabert ayant révélé la présence d'une sente qui arrive au-dessus de l'arche depuis le promontoire de la grotte des Fées, on peut lui rendre visite plus facilement.
Laurent Jacquet dans la montée à l'arche, face aux Temparts situés de l'autre côté de la route. Selon une habitante rencontrée sur celle-ci, des vaches paissaient dans ce couloir il y a 70 ans. La végétation devait être bien différente !
Michel Mange et Laurent Jacquet sous l'arche, mesurée à 8,50 m de largeur pour 8 m de hauteur. La corde fixe qui pend à gauche est l'œuvre (récente) de grimpeurs.
L'arche vue du haut. 50 mètres au-dessus, une sente part à droite et rejoint le promontoire de la grotte des Fées.