3 Décembre 2020
Je n'ai pas la prétention de retracer ici l'histoire de la grande île, qui est particulièrement complexe et mystérieuse sur bien des points. Je propose simplement quelques images qui m'ont frappé par leur étrangeté, leurs énigmes, leurs couleurs... La Sardaigne a de quoi surprendre, et la comprendre demande du temps et de la patience. C'est ce qui la rend si fascinante et attachante. Pour obtenir des détails sur certains points précis, il vous suffira de cliquer sur les liens que j'indique en cours de page.
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Le "muralismo" est une des particularités de la culture sarde. Le village le plus représentatif de cette expression artistique originale est San Sperate situé au nord de Cagliari, mais Orgosolo est plus connu. Le côté rebelle de ses peintures attire de nombreux curieux. Ici s'exprime en effet l'esprit anarchiste des habitants de la Barbagia. Personnellement, j'ai été plus touché par l'esthétique des peintures d'Urzulei, qui illustrent avec talent et sensibilité le passé rural des Supramonte. J'en publie plusieurs images sur cette page à propos des hauteurs du Gorropu.
Orgosolo est situé près de Nuoro, la troisième ville de l'île. Il se caractérise par de très nombreuses peintures murales, souvent en rapport avec l'histoire, la politique, l'écologie... Voir les détails en cliquant sur le lien ci-dessous.
Comme beaucoup d'autres villages, Orgosolo se désertifie et la population est vieillissante (photo Michel Rousseau).
La plupart de ces peintures expriment le caractère rebelle et anarchiste des Sardes de la région de Nuoro, l'ancienne "Barbaria", comme l'appelaient les Romains..
En voilà une qui pourrait être destinée à Donald Trump. Oui, les migrants sont dangereux pour les populations locales. Les Indiens d'Amérique en ont fait la douloureuse expérience : "Nous avons perdu notre terre !"..
Fresque à la mémoire des nombreux mineurs sardes, dont la vie n'a apparemment pas toujours été facile.
D'ailleurs, voici les restes des mines d'argent, de zinc et de plomb de Montevecchio sur la côte ouest. On dit que l'arrêt de leur exploitation en 1991 est davantage due aux mouvements ouvriers qu'à leur tarissement. Voir détails sur le lien ci-dessous.
Il reste de ces mines quelques vestiges émouvants, comme ces wagonnets sur le petit Sahara d'As Piscinas.
Mais on trouve aussi quelques villages-fantômes de mineurs au nord de l'île, comme ici à Argentiera, d'où l'on peut effectuer une magnifique randonnée côtière.
On est toujours surpris de la taille des villages accrochés aux pentes des montagnes. Ici, Baunei, la porte des Supramonte et du Selvaggio Blu, est en quelque sorte la "Chamonix sarde"... On devine au fond à gauche la sublime route "Orientale Sarda" qui se faufile dans les Supramonte jusqu'à Dorgali.
Urzulei est le village qui donne accès au plateau du Gorropu, le plus grand canyon d'Europe. Ses peintures murales ne relèvent pas du même esprit que celles d'Orgosolo, mais relatent le passé du pays avec beaucoup de finesse. Voir plus d'images de ces fresques sur cette autre page de mon blog :
Les hauteurs du Gorropu - pascal-sombardier.com
Au-dessus du plus grand canyon d'Europe, le riu Orbisi, les lacs Urthadalla et de sa Giuntura Le plateau qui se trouve au-dessus du Gorropu et l'alimente est plus riant que ce dernier. On peut y ...
https://www.pascal-sombardier.com/2024/09/les-hauteurs-du-gorropu.html
Les grandes villes sardes (Cagliari, Sassari, Alghero et Olbia surtout) sont agréables et bénéficient d'un patrimoine architectural remarquable. Sur la grande place de Sassari trône Victor-Emmanuel II, qui régna sur le royaume de Piémont-Sardaigne, auquel était alors rattachée la Savoie.
L'architecture moderne de la Sardaigne n'a rien de remarquable, comme ici à Tortoli, mais elle a le mérite de rester à l'échelle humaine et de ne pas défigurer le paysage comme sur la côte espagnole, par exemple.
Certaines infrastructures touristiques s'intègrent de façon remarquable dans le paysage, comme ici à Costa Paradiso. Les maisons sont construites avec le granit rose qui les entourent.
Évidemment, l'architecture la mieux intégrée, c'est celle des bergers qui construisaient ces "ovile" avec des branches de genévrier. On en trouve encore un peu partout, surtout dans les Supramonte. Certaines sont entretenues et encore utilisées par des bergers.
Les branches de genévrier (fustes) servent aussi à "faire des chemins", du moins selon la définition des Sardes, bien obligés de s'adapter à un relief très tourmenté...
Isolée dans les plaines au sud-est de Sassari, la basilique de Saccargia est un des fleurons du patrimoine religieux sarde. Elle se visite.
Basilica di Saccargia - Wikipedia
La basilica della Santissima Trinità di Saccargia è una chiesa in stile romanico pisano situata nel territorio del comune di Codrongianos in provincia di Sassari, una delle realizzazioni più ...
Santa Sabina, mignonne petite église blottie près du nuraghe de la photo suivante, est située près de Silanus (Macomer).
Plus anciens encore, ces mystérieux "nuraghes" datent de près de 2000 ans av. J.-C. Il y en a près de 8000 en Sardaigne et ils posent bien des questions. Quelle est leur origine exacte ? À quoi servaient-ils ? Comment des hommes sans machines ont-ils pu entasser de si énormes blocs ? Voir détails en cliquant sur le lien ci-dessous.
Dans les Supramonte près de Dorgali, une somptueuse rando de deux heures permet de rendre visite à l'un des sites nuragiques les plus célèbres : Tiscali, qui se visite. Un guichetier-historien dort sur place et vous demande 5 euros, moyennant quoi, il vous raconte plein de choses intéressantes.
Tiscali : un cirque à moitié souterrain de près de 300 mètres de diamètre perdu dans les montagnes. On a du mal à imaginer que plusieurs centaines d'hommes y ont habité dès l'an 14000 av. J.-C. en aménageant les lieux, mais là encore, beaucoup de questions restent en suspens. Voir détails sur le lien ci-dessous.
Un peu partout sur l'île, on trouve des vestiges d'habitations rustiques très anciennes. Ici, dans les reliefs volcaniques du monte Torru au sud de Sassari, des murets semblent délimiter des parcelles, et des cavités naturelles présentent des traces d'aménagement.
Les villes côtières ont gardé leur charme malgré un tourisme important, comme ici à Alghero près du capo Caccia au nord-ouest.
C'est aussi l'occasion de rencontres. Cette dame perpétue la tradition du cannage et de la vannerie et vend de magnifiques corbeilles, une spécialité sarde.
Je l'ai dit plus haut, le "muralismo" est une spécifité sarde. Les fresques d'Orgosolo et d'Urzulei sont les plus connues, mais on en trouve aussi ailleurs. J'ai beaucoup aimé celles d'Oliena (ci-dessous).
Sardaigne : l'île mystérieuse - pascal-sombardier.com
La Sardaigne ne se laisse pas apprivoiser facilement. Les Français la connaissent peu, et lorsqu'ils s'y rendent, ils sont souvent surpris par sa complexité, sauf bien sûr s'ils ont pour seuls buts
https://www.pascal-sombardier.com/2023/11/sardaigne-l-ile-mysterieuse.html