19 Avril 2024
Les mémoires de Serge Coupé, avec qui j'ai fait un bout de chemin, viennent de paraître aux éditions du Mont-Blanc.
Ce livre, intitulé "Ma voie", est disponible dans toutes les librairies ainsi qu'en ligne. Sa sortie sera fêtée à la librairie des Alpes de Grenoble le vendredi 17 mai à partir de 18 h.
Ci-dessous le texte de présentation de Gilles Modica :
Le parcours exceptionnel d’un pionnier de l’escalade !
Serge Coupé, ce Chambérien pionnier de l’escalade dans les massifs de la Chartreuse, du Vercors, de l’Oisans, de l’Himalaya, est un monument de l’alpinisme d’après-guerre. Il a pris le temps d’écrire, et de bien écrire, nous laissant un témoignage magistral sur son engagement dans la Résistance, puis sa participation active au grand alpinisme au temps des secours à dos d’homme. Vingt ans d’ascensions dans le style de l’époque - sans hélicoptère, sans téléphone portable, sans professionnels du sauvetage -, un alpinisme terriblement concret face à l’accident, le secours, la mort. Les grands noms de l’alpinisme - Louis Lachenal, Lionel Terray, Gaston Rébuffat, Guido Magnone, Maurice Herzog, etc. -, Serge Coupé les a tous connus. Honnête et humble, il présente ces grandes personnalités au fil du récit sous un éclairage un peu différent, plus réaliste. Virtuose du rocher et alpiniste rapide, Serge Coupé a porté l’escalade au plus haut niveau dans les années d’après-guerre. Très actif, il a répété toutes les grandes voies de l’Oisans et a tracé plus d’une vingtaine de voies nouvelles dans le calcaire des Préalpes. En mai 1955, en compagnie de Couzy, Terray, Magnone, Franco et d’autres grands alpinistes, il réussit l’ascension du Makalu (8 463 m), le cinquième 8000, un sommet encore vierge, une des plus belles réussites de l’himalayisme français. En 1957, rassasié d’aventures, il met un terme à sa carrière d’alpiniste pour se consacrer à sa famille et à son travail à l’office H.L.M. de Chambéry.
Mon expérience personnelle :
Serge Coupé avait gardé une étonnante vivacité d’esprit. L’ayant rencontré peu avant sa mort, j’avais été frappé par la précision de ses souvenirs d’escalade qui semblaient dater d’hier, et ce plus de 40 ans après qu’il eut arrêté de grimper. Il a réalisé le guide Vallot des escalades en Vercors et Chartreuse (Arthaud, 1972), une « bible » à l’origine de la vocation de milliers de grimpeurs. J’ai beaucoup appris lorsque j’ai réalisé avec lui en 1983 une version de ce guide centré sur les nouveaux secteurs du Vercors (voir photo ci-dessous). Dans ce travail et d’une manière générale, il était extrêmement pointilleux, annotant les topos qu’on lui communiquait de dizaines de remarques et de questions avec une écriture aussi fine que pertinente. Il avait eu lui-même une vie très active de grimpeur et d’ouvreur, et les voies Coupé ne se comptent plus sur les grandes parois des Préalpes et de l'Oisans. Guide, il connaissait bien l’Oisans et avait réalisé là-bas quelques exploits pour l’époque, dont une ascension express de la face nord-ouest des Écrins en solo, grâce à quoi il avait pu participer à l’expédition victorieuse du Makalu (8160 m) en 1955, avec notamment Lionel Terray. Mais son cœur était resté dans ses montagnes de Chartreuse, du Vercors et de l’Oisans. S’il a arrêté l’escalade assez tôt, il s’est consacré ensuite à d’autres passions, dont la photo. Il a fait œuvre de pionnier en réalisant les premiers beaux livres sur la randonnée dès 1977 : « En Chartreuse et Vercors » chez Arthaud, puis une série d’ouvrages sur les lacs de montagne, les premiers du genre chez Glénat, alors jeune éditeur. « Lacs du Dauphiné » et « Lacs de Savoie », plusieurs fois réédités, comptent parmi les best-sellers de la collection Montagne-Randonnée que je dirigeais, ce qui m’a valu de retravailler avec lui plusieurs fois. J'aurai toujours une pensée pour lui en contemplant les sommets qui lui étaient chers, ainsi que les lacs dans lesquels ils se reflètent.