Les via ferrata des Dolomites

12 avril 2023 : nouvelle édition de la version allégée

Parmi mes passions, il en est une qui perdure depuis maintenant plus de quarante années : les Dolomites, situées en Italie au nord de Venise et que certains considèrent comme les plus belles montagnes du monde (classées au patrimoine mondial de l'humanité depuis 2009). J'ai grimpé et randonné dans la vingtaine de massifs qui les compose, et je ne m'en lasse pas. Le spectacle est beau, impressionnant par ses dimensions et ses aspects tourmentés, mais aussi émouvant par toutes les histoires qui s'y rattachent. Les grands pionniers de l'alpinisme comme Piaz, Preuss, Tissi, Comici ou Messner (et Livanos pour le cocorico) ont forgé un véritable mythe en s'attaquant aux plus grandes parois des Alpes, mais de nombreux alpinistes anonymes témoignent ici et encore aujourd'hui d'une activité pleine d'audace et d'imagination. J'ai parfois marché modestement sur leur traces, en gravissant certaines de ces parois (si peu parmi des milliers), mais cela ne m'a pas empêché de m'intéresser parallèlement à la pratique de ce que certains appellent via ferrata, et que je préfère nommer "parcours aventureux dans des terrains escarpés et improbables à première vue, faisables à l'aide de quelques équipements qui permettent de découvrir des univers où l'on ne serait jamais allé autrement et dont il aurait donc été dommage de se priver". C'est un peu long, j'en conviens , mais, me semble-t-il, bien adapté à la réalité d'une forme d'alpinisme ludique et moins engagé qui découle logiquement d'un relief calcaire particulièrement riche en vires et autres commodités d'accès.

Alors, au début des années 1990, j'ai commencé à arpenter, parfois en solo, la plupart de ces itinéraires souvent eux-mêmes chargés d'histoire, notamment celle de la tragique épopée militaire de 1915, et j'en ai fait un ouvrage où transparaissaient sans doute mes émotions, car il a connu le succès, a été primé livre sportif de l'année 1999 et a été traduit dans cinq pays (Italie, Allemagne, Pologne, Tchéquie, Hongrie), avant de connaître une seconde vie dans une version allégée en 2016. On m'a reproché d'avoir trop allégé celle-ci, mais elle présente pourtant les incontournables ⁽¹⁾, et si vous  faites déjà tous les itinéraires qui y figurent, vous aurez un aperçu assez complet de ces montagnes géantes et sublimes.

Elle est rééditée en ce mois d'avril 2023 avec quelques photos nouvelles, des infos actualisées et des renseignements sur les nouvelles ferrata créées après 2000.

1- On présente parfois la version allégée en disant qu'elle comporterait "seulement" une vingtaine d'itinéraires. En fait, je parle de 20 sites différents, dont beaucoup recèlent plusieurs ferrata. C'est le cas des Bocchette par exemple, qui englobent 6 grands parcours enchaînables. Mais c'est vrai dans bien d'autres cas, comme les Tofane, les Fanis, les Pale di San Martino, la Civetta, la Schiara... En plus, des encarts donnent des infos sur les ferrata secondaires proches, plus courtes et proches des routes, ce qui permet d'adapter sa pratique en cas de temps incertain. Au total, c'est donc près d'une cinquantaine d'itinéraires qui sont évoqués.

Les Dolomites sont malheureusement victimes d'une terrible nuisance : les cohortes de motards, allemands pour la plupart, qui prennent les routes de montagne pour un circuit. C'est bruyant, dangereux et totalement déplacé dans des espaces où l'on dit protéger la nature et où des milliers de gens viennent pour trouver le calme. En France (en Vercors par exemple), on comprend mal l'immobilisme des institutions face aux pétitions des habitants excédés. Des lobbies défendraient-ils l'intérêt économique représenté par les motards ? Récemment, les autorités autrichiennes et italiennes ont instauré une réglementation, comme on peut le voir dans le lien ci-dessous. Il est à noter qu'à aucun moment, la rédaction de cette revue ne s'interroge sur les nuisances créées par ce vacarme, et va jusqu'à prétendre que la limitation de vitesse va engendrer plus d'accidents...

NB : en plus, la province de Trento n'est pas dans le Tyrol du Sud comme cela est dit dans l'article.

À voir sur ce blog quelques circuits de via ferrata ou de randonnées que j'ai faits ou refaits depuis la parution des premières versions de mon ouvrage et qu'il m'a paru intéressant de présenter ici.