15 Août 2024
Les lacs d'altitude sont des objectifs très prisés et on y trouve le plus souvent une foule de randonneurs. Certains sont restés dans la confidentialité, soit parce que leur accès est trop long ou compliqué, soit par manque de notoriété. Dans le cas du lac de Mantel, pourtant bien indiqué sur la carte IGN, on pourrait penser que la proximité de la tentaculaire station des Deux-Alpes rebute les amateurs de grands espaces vierges. Or, la randonnée que je propose ici est une des plus sauvages et des plus exigeantes de l'Oisans. Le vallon de Malaprésure est en effet protégé de la station par le long rempart naturel de la Grande Sure, haut de 200 mètres. Si l'on part du charmant hameau de Cuculet et que l'on reste ensuite sur le versant est de ce sommet de 2485 m, on éprouvera un sentiment de solitude qui connaît peu d'équivalent dans la région.
Ainsi réalisée, cette balade est longue (1300 mètres de dénivelé), fatigante car en partie hors sentier, et engagée du fait qu'on s'y trouvera seul dans un environnement austère. C'est en repérant une sente dans un pierrier sur une photo aérienne que m'est venue l'envie d'aller voir ce lac quasi inconnu, seulement fréquenté par quelques chasseurs de chamois et, l'hiver, par des skieurs hors-pistes venus du Jandri. On est en effet là sous le grand glacier de Mont-de-Lans (qui porte également le nom de Mantel), dont la fonte alimente ce lac ainsi que plusieurs autres étagés jusqu'à plus de 3000 mètres... trop près des téléphériques. Le plus étonnant dans ce petit périple est d'imaginer qu'on est proche des aménagements d'une des plus grandes stations des Alpes sans avoir à en subir les désagréments.
Cet itinéraire ne s'adresse pas aux randonneurs classiques. Il exige un solide sens de l'itinéraire et une bonne forme physique. Quelques passages demandent également une certaine habitude du terrain escarpé.
Topo détaillé par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :
En rouge, l’aller-retour par Malaprésure. En jaune, la variante de retour par la crête de la Grande Sure et Millorsol.
Des Clots, on voit le sommet de la Sure à gauche (2451 m), dont on va traverser ce versant par un sentier de moutons bien visible.
Le lac du Chambon vu des pentes nord de la Sure. Au fond à gauche, les Trois pics de Belledonne. Au centre, les Grandes Rousses (pic Blanc, 3323 m - pic Bayle, 3465 m - Étendard, 3464 m). À droite, le plateau d'Emparis. Le village que l'on voit au-dessus du barrage du Chambon est Mizoën, avec les hameaux des Aymes et de Singuigueret à sa droite.
Le franchissement de la combe Davin s'est compliqué du fait d'un ravinement dû aux orages. On la passe toutefois facilement en descendant d'une trentaine de mètres (photo Éric Babbini).
Au bout, on domine quelques cabanes de chasseurs ou de bergers. Il faut alors s'engager dans la grande prairie de Malaprésure.
Face à la Roche Mantel, les pentes herbeuses de Malaprésure dominent le ravin homonyme, dont il ne faut pas rejoindre tout de suite le fond.
Le Taillefer dépasse des crêtes de la Grande Sure, qui constituent une alternative de retour (voir topo PDF). Mais pour l'instant, les moutons sont sur la crête (à gauche).
Au second plan, la Croix de Cassini est dominée par les Grandes Rousses. Au fond à gauche, le massif de Belledonne.
Retour par le même chemin (la sente dans le pierrier est bien visible) jusque sous la crête de la Grande Sure, que nous envisageons de franchir vu que le troupeau de moutons qui s'y trouvait est parti plus à droite.
Par-dessus la vallée de la Romanche, on est là juste en face de la célèbre cascade de la Pisse, dont on voit la source "pétrifiante".
Variante de retour par la crête de la Grande Sure, le chalet de la Selle et Millorsol
Cette variante passe la crête qui sépare le vallon de Malaprésure des pistes de ski des Deux-Alpes. Cette crête constitue un véritable rempart naturel entre les deux et présente plusieurs particularités et inconvénients qui sont exposés dans le topo PDF. Le terrain malcommode ne conviendra qu'aux montagnards aguerris.
On peut atteindre la crête de la Grande Sure par cette ardoisière, ou traverser plus haut (voir tracé jaune sur la photo suivante).
La descente de l'autre côté sur le vallon de la Selle-d'en-haut se négocie en suivant les traces de moutons.