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pascal-sombardier.com

Topos et photos sur la montagne hors des sentiers battus, par l'auteur des Randonnées du vertige

Dolomites : l'étrange scala del Menighel

Unique en son genre, cette scala (échelle) est en fait une via ferrata, peut-être la plus ancienne des Dolomites. L'équipement aurait été conçu au tout début du 20e siècle par le gardien (qui s'appelait Menighel) d'un refuge aujourd'hui disparu. En franchissant une barre rocheuse verticale à l'aide de pieux fichés en travers, ce qui ne se voit nulle part ailleurs, elle permet un circuit original au cœur d'un groupe dolomitique qui compte parmi les plus esthétiques : les Tofane. On s'immisce entre les Tofane di Dentro et di Mezzo au nord, et la massive Tofana di Rozès au sud. Le but est de faire le tour de cette dernière, qui est l'une des plus grosses et des plus belles tours des Dolomites, culminant à 3225 m. Avec nos enfants, nous avions toutefois choisi ce jour-là de rentrer par la ferrata Lipella, ce qui reste évidemment une option, mais tellement plus notevole...

L'approche se fait par la piste militaire à l'est du passo Falzarego et du Col dei Bos, face à l'énorme versant sud de la Tofana di Rozès.

L'approche se fait par la piste militaire à l'est du passo Falzarego et du Col dei Bos, face à l'énorme versant sud de la Tofana di Rozès.

On débouche dans le superbe val Travenanzes, face aux Fanis.

On débouche dans le superbe val Travenanzes, face aux Fanis.

Devant le Nemesis (2755 m), on devine le vallon qui s'enfile derrière la Tofana, bien défendu par une barre rocheuse noirâtre.

Devant le Nemesis (2755 m), on devine le vallon qui s'enfile derrière la Tofana, bien défendu par une barre rocheuse noirâtre.

Ce n'est qu'en suivant le chemin jusque sous cette barre que nous comprenons où se trouve l'astuce...

Ce n'est qu'en suivant le chemin jusque sous cette barre que nous comprenons où se trouve l'astuce...

Un équipement très ancien, peut-être le plus vieux des Dolomites, partiellement détruit par les militaires pendant la guerre de 1915, puis restauré à la fin des années 1950.

Un équipement très ancien, peut-être le plus vieux des Dolomites, partiellement détruit par les militaires pendant la guerre de 1915, puis restauré à la fin des années 1950.

Les ferrailles sont un peu tordues, et il en manque quelques-unes, d'autres bougent, mais globalement, ça passe bien.

Les ferrailles sont un peu tordues, et il en manque quelques-unes, d'autres bougent, mais globalement, ça passe bien.

270 barres de fer. Il fallait oser...

270 barres de fer. Il fallait oser...

Et tout cela pour agrémenter les excursions à partir d'un refuge situé dans le val Travenanzes, détruit lui aussi par l'artillerie italienne en 1915 (voir le lien historique à la fin).

Et tout cela pour agrémenter les excursions à partir d'un refuge situé dans le val Travenanzes, détruit lui aussi par l'artillerie italienne en 1915 (voir le lien historique à la fin).

Vue sur la grande cascade issue de la Tofana di Mezzo.

Vue sur la grande cascade issue de la Tofana di Mezzo.

Jamais je n'avais vu un équipement de ce genre.

Jamais je n'avais vu un équipement de ce genre.

Arrivée sur un sympathique replat à l'entrée du petit vallon tant désiré.

Arrivée sur un sympathique replat à l'entrée du petit vallon tant désiré.

S'ensuit un bon chemin dans un univers minéral pour grimper vers la forcella Fontananegra et le refuge Giussani.

S'ensuit un bon chemin dans un univers minéral pour grimper vers la forcella Fontananegra et le refuge Giussani.

Pause bien méritée au refuge Giussani (2580 m). La chaleur est accablante.

Pause bien méritée au refuge Giussani (2580 m). La chaleur est accablante.

Nous aurions pu rentrer tranquillement par le sentier qui fait le tour de la Tofana. Mais nous préférons descendre par la via ferrata Lipella qui traverse son vaste versant ouest, haut de 700 m.

Nous aurions pu rentrer tranquillement par le sentier qui fait le tour de la Tofana. Mais nous préférons descendre par la via ferrata Lipella qui traverse son vaste versant ouest, haut de 700 m.

À cette heure -ci, il n'y a pratiquement plus personne dans le sens de la montée. De toute façon, on peut se croiser sans problème.

À cette heure -ci, il n'y a pratiquement plus personne dans le sens de la montée. De toute façon, on peut se croiser sans problème.

La Lipella utilise les vires qui traversent tout le versant ouest de la Tofana, en passant de l'une à l'autre. Certaines sont l'occasion de visions vertigineuses.

La Lipella utilise les vires qui traversent tout le versant ouest de la Tofana, en passant de l'une à l'autre. Certaines sont l'occasion de visions vertigineuses.

Comme souvent dans les ferrata dolomitiques, on utilise d'anciennes galeries militaires. Celle-ci, qui descend derrière le Castelleto, fait plus de 100 m de dénivelé.

Comme souvent dans les ferrata dolomitiques, on utilise d'anciennes galeries militaires. Celle-ci, qui descend derrière le Castelleto, fait plus de 100 m de dénivelé.

À l'entrée inférieure de la galerie subsistent de nombreux vestiges militaires de la guerre de 1915-1918.

À l'entrée inférieure de la galerie subsistent de nombreux vestiges militaires de la guerre de 1915-1918.

Retour face à la Croda da Lago (à gauche), aux Cinque Torri (au centre) et à l'Averau (à Droite).

Retour face à la Croda da Lago (à gauche), aux Cinque Torri (au centre) et à l'Averau (à Droite).

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, voir ci-dessous le lien italien qui parle de cette ferrata créée en 1907 par le gardien Luigi Gillarduzzi Menighel (ou Minighel) du refuge Von Glanvell (cette région était austro-hongroise avant la guerre). Le refuge et la ferrata furent détruits en 1915 par les Italiens. Seule la scala fut restaurée à la fin des années 1950.

La scala del Menighel figure rarement dans les topos de ferrata dolomitiques que l'on trouve en Italie, et je ne l'avais pas mise non plus dans mon ouvrage. Il faut dire que ce n'est pas un but en soi, mais plutôt un moyen de faire le tour de la Tofana di Rozès. En revanche, la ferrata Lipella, l'une des plus spectaculaires et des plus longues, figure en bonne place dans mon ouvrage dont le lien est ci-dessous.

Dernier petit flash. Au-dessus de Chambéry, dans les Bauges, il y avait une échelle du même genre (mais beaucoup plus petite : une dizaine de barreaux) qui permettait d'aller dans la petite grotte de l'Œil. On dit que c'est le fameux député anarchiste et archéologue Carret qui l'aurait installée à la fin du 19e siècle, mais il n'y a aucune certitude à ce sujet. Elle a été remplacée par une via ferrata moderne, mais je crois qu'il en reste une partie. J'avais fait cette photo il y a une trentaine d'années, et elle a donc valeur patrimoniale.

Dolomites : l'étrange scala del Menighel

À voir aussi sur ce blog à propos des Dolomites : 

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F
Bonsoir Pascal,<br /> Et bien dis donc, ces barreaux plantés dans le calcaire sont vraiment impressionnants ! J’aurais très probablement un pincement au cœur avant de commencer à les gravir, et certainement un autre pincement (plus fort) à mi-hauteur de la barre rocheuse, en regardant vers le bas… Epaule contre le mur, rien ou presque dans les mains - car même s’il y a ce redent en bout de barreau, j’aurais toujours la crainte de le laisser échapper – ce n’est pas une position habituelle de l’escalade. Il m’aurait fallu aller faire ça quand j’étais jeune. Aujourd’hui….<br /> Je me demandais si l’assurance type « Via Ferrata » que vous utilisez est bien efficace là-dedans ? Il y a visiblement un câble métallique prévu pour, mais comme il est très vertical, que je n’ai pas vu beaucoup de point d’ancrage dans la roche et que donc ces points peuvent être lointains, l’arrêt en cas de chute ne me paraît pas bien en sécurité. Que faut-il en penser ??
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P
Il y a d'une part peu de risques de chute, vu que c'est quand même facile. Il ne faut pas oublier que le premier équipement de 1907 était destiné à des “monchus” en veston et qu'on ne savait pas ce qu'était un assurage à l'époque. D'autre part, nous avons deux mousquetons : si le premier casse, le second doit en principe résister. Mais c'est vrai que dans toutes les Dolomites, les Italiens n'ont encore pas compris qu'il faut laisser une boucle lâche sur le câble pour recevoir le mousqueton au bout de sa glissade, ce que nous faisons en France. Les Bocchette viennent d'être entièrement rééquipées, et ils ont remis des câbles tendus comme avant...