Les Yeux de l'Obiou

La salle des Zob'serveurs

Deux grands yeux contemplent les prétendants à l'Obiou depuis son contrefort nord-est. J'avais remarqué que le jour passait entre eux, promesse d'un espace intérieur vaste et confortable. Les premiers spéléos qui explorèrent cette cavité - une bande de copains qui s'était auto-proclamée club Zob'lympique - la nommèrent "salle des Zob'serveurs". Mais pour y parvenir, ils empruntèrent un boyau étroit et boueux depuis la vire située à gauche, au pied du couloir Paul Arthaud. En 2010, j'ai trouvé un accès plus agréable et plus court par la vire accessible qui vient du Petit Endroit par la droite. J'espère que vous éprouverez le même émerveillement que nous en débouchant dans cette immense salle.

Au fond de la salle, lors de notre première visite, Raf Rodon a découvert des ossements (voir texte et dernière photo de cette page) que j'ai fait expertiser et qui attestent la présence du bouquetin en Dévoluy il y a plusieurs centaines d'années. Une chasse mal gérée l'ayant fait disparaître, cette découverte avait lancé un projet de réintroduction au début des années 2010 et plusieurs réunions ont eu lieu, mais comme d'habitude, les chasseurs ont imposé leur loi. Le projet a donc capoté.

Également utile : http://www.pascal-sombardier.com/2018/05/obiou-vendange-tardive.html 

NB : J'avais posé ces cordes en 2012 dans le but d'aller voir à quoi ressemblait la grotte en hiver (on a d'ailleurs essayé, mais une tempête nous a stoppés net). Elles y sont restées, et merci à tous les passants de vérifier leur état, et de changer éventuellement les sections abîmées.

Actualisation du 2 août 2018 : Je suis retourné ce jour (et pour la sixième fois, on ne s'en lasse pas...) aux Yeux avec Bruno Gerelli et Bob Keller. L'état des cordes fixes est plutôt bon. Quelques impacts les ont abîmées en de rares endroit. J'ai remplacé ces sections et doublé la corde qui sert à la descente la plus expo. L'accès peut se faire avec juste un baudrier et une longe, sans oublier le casque. Par mesure de sécurité, il reste quand même préférable de s'assurer, au cas où une corde fixe serait détériorée.

Topo par simple clic sur le doc PDF. LES YEUX DE L'OBIOU ci-dessous :

Des bouquetins en Dévoluy (photo ci-dessous)

Lors de notre première visite en 2010, Rafaël Rodon eut la curiosité de ramper quelques mètres tout au fond de la salle. Il en ramena plusieurs os assez gros. Interloqué, je décidai de les faire analyser par le Muséum d’Avignon. Verdict : des humérus de bouquetin vieux de plusieurs centaines d’années ! Comme dans tous les massifs, une chasse trop intensive a fait disparaître l'animal au XIX^e siècle. Cette découverte confirma, s'il en était besoin, qu'il avait bien parcouru les espaces dévoluards, mais elle a surtout eu pour effet de lancer un processus de réintroduction, comme cela a été fait en Chartreuse.

Au gîte de La Jarjatte, Jean-Marc Jacquet, passionné de faune, se saisit de l’affaire et provoqua de multiples réunions, auxquelles participa le Parc du Vercors, qui venait tout juste d’intégrer le cirque de la Jarjatte dans son périmètre. Les chasseurs considérant que l’animal (non chassable et donc de peu d’intérêt pour eux) concurrencerait le chamois sur son territoire, il semble que l’affaire en soit restée là.

Les yeux de l’Obiou redeviendront-ils un jour ceux des bouquetins ?

Et si vous avez besoin d'un accompagnement professionnel dans le coin, je vous conseille Marianna. Mieux, c'est moins bien (-;  http://www.artmontana.fr/accompagnatrice-montagne-marianna-jagercikova/