22 Septembre 2019
Voilà un site bien connu des Gapençais, puisqu'il domine le col Bayard et à l'ouest, le cirque de Chaudun. Ce dernier fut d'ailleurs rattaché à la commune de Gap après une famine qui entraîna la disparition du hameau niché dans cet endroit retiré. Les chemins qui mènent au pic de Gleize sont hyper-classiques et très fréquentés, ce qui m'avait un peu dissuadé d'en parler dans mes ouvrages plutôt consacrés aux itinéraires sauvages (notamment celui-ci où j'évoquais uniquement l'accès au cirque par le sentier des Bans depuis Rabou, et Coste Folle depuis le Bois-Vert). Mais c'était là une erreur de ma part, puisque depuis, j'ai découvert plusieurs chemins superbes et à l'écart des foules, ainsi qu'un passage particulièrement audacieux permettant la traversée intégrale de la grande arête qui va de Coste Folle au pic de Gleize. Lorsqu'on regarde celle-ci de la vallée, elle paraît douce et débonnaire, à part un "petit" détail qui saute aux yeux : le pic de l'Aiguille. Cette cime élancée jette à l'est un bouclier de dalles très prisées des grimpeurs, et au nord un ressaut vertical qui semble enlever tout espoir d'enchaînement. Du sommet, il me sembla toutefois apercevoir une possibilité de progression dans une conque munie de plusieurs vires. Je proposai alors à Laurent "Bacalao" Jacquet d'y aller voir. Étrange coïncidence, il me répondit qu'il était déjà passé par là, et qu'il avait même fait un compte-rendu sur Bivouak !! Il accepta de me montrer la chose. Il s'agit en fait de traces de chamois qui rejoignent la crête un peu au sud du sommet, mais je fus surpris - et séduit - par l'audace du passage. À l'occasion, nous avons testé la montée directe par la conque ("le Coquillage"), et trouvé un moyen plus esthétique de rejoindre celle-ci depuis les vires de Laurent.
Les passages évoqués figurent parmi les plus impressionnants et les plus exposés du Dévoluy, mais je donne dans le topo ci-dessous bien d'autres possibilités permettant quelques sympathiques pérégrinations - dont certaines très faciles - dans le cirque sauvage de Chaudun, face au pic de Bure.
Topo détaillé, tracés sur carte et photo par simple clic sur le doc PDF.LAYE-GLEIZE ci-dessous :
La crête vue du lac de l'Aulagnier. À droite, Coste Belle (2006 m). À l'extrême gauche, le pic de Gleize, à droite duquel se dresse le très effilé pic de l'Aiguille.
Le circuit décrit est en rouge. En jaune, l'aller-retour au sommet de Coste-Belle. En rose, le sentier de la Tubière et la jonction avec le Coquillage. En orange, le retour évitant les difficultés de l'arête par le sentier de Ronde de Chaudun. En bleu, le sentier oublié de la montagne de Chaudun et la jonction avec la Tubière.
Dans sa partie supérieure, le chemin de Coste Belle effectue de grands lacets entre des pins clairsemés. Le pic de l'Aiguille reste toujours bien présent.
Le passage câblé du départ est passé. Au fond, la montagne de Chaudun et, à droite, le plateau de Bure.
Depuis les vires Jacquet, bifurcation à gauche vers le Coquillage pour aller directement au sommet. En bas à gauche, les bosses herbeuses de Coste Belle et Coste Folle.
La trace qui permet de revenir vers le Coquillage est bonne, mais les choses deviendront plus compliquées ensuite. Au fond à gauche, le pic de Gleize. Au centre droit, on voit bien la trace qui permet de venir de la montagne de Chaudun : une sorte de chemin de ronde supérieur.
Je suis sur le promontoire entre le Coquillage et la vertigineuse face est. Il faut maintenant grimper à droite pour rejoindre le sommet du pic de l'Aiguille.
Pour rejoindre le pic de Gleize, la crête au sud de l'Aiguille débute par quelques passages délicats.
L'Aiguille vue de la petite remontée au pic de Gleize. Au fond, le massif des Écrins avec, à droite, le Vieux Chaillol (3163 m).
La petite remontée au pic de Gleize reste une option, car on peut aussi descendre par le chemin classique avant à gauche, mais il serait dommage de se priver de l'arête sud.
Cette arête sud, maintenant bien balisée, présente quelques passages aériens mais sans difficulté. Le sentier qui la parcourt rejoint l'itinéraire classique vers 1950 m.
Le sentier de la Tubière
Dans le versant ouest, un sentier très bien tracé franchit les barres rocheuses pour rejoindre la crête entre pic de l'Aiguille et pic de Gleize. C'est une belle option qui peut permettre d'éviter toute frayeur si on le prend depuis le chemin de ronde de Chaudun. On peut aussi le rejoindre en traversée depuis le Coquillage de l'Aiguille, ou de l'autre côté depuis la montagne de Chaudun, mais on trouve alors des passages un peu plus délicats (voir carte sur topo PDF).