28 Juillet 2020
Descente en une dizaine de rappels "confort" d'une des plus grandes cascades des Alpes
La cascade de Moulin-Marquis est située dans la partie inférieure des gorges de la Bourne. L’eau sort d’une grotte sous Saint-Julien-en-Vercors et, à peine dehors, se jette dans une falaise de près de 450 mètres pour rejoindre le Bournillon. Peu de cours d’eau ont une vie si brève et si mouvementée ! Le Bournillon lui-même sort d’une immense grotte cachée à droite de la cascade, le plus haut porche d’Europe avec ses 120 mètres.
Au début des années 1990, j’avais équipé une suite de rappels au sec en rive droite (à gauche en regardant du bas donc). J’accédais au tiers supérieur en traversant une vire depuis le pas de l’Écharasson, « sentier » muni d’échelles et de câbles entaillant les falaises à gauche de la cascade (voir ce lien pour l'approche). J’avais évoqué cette descente dans un de mes ouvrages (Les nouvelles randos du vertige, Glénat 1996) épuisé depuis longtemps, et elle tomba dans l’oubli au profit de celle des canyonistes qui empruntent la rive gauche. J’ai testé cette version « canyon », assez classique aujourd’hui, dans laquelle on se mouille forcément. Mais les relais peu confortables, les rappels tordus et les amarrages rouillés plantés dans du tuf ne séduiront que les canyonistes purs et durs… J’ai donc décidé de reprendre ma ligne de rappels, depuis le haut cette fois, ce qui en fait ne pose pas de problème particulier. Le résultat est sympathique : tous les relais se font sur de bonnes plateformes, parfois même de véritables palaces avec eau et bois à volonté. Le spectacle de la cascade luisante est féerique, et on peut s'en approcher à plusieurs reprises pour prendre une douche rafraîchissante.
L'équipement entièrement à base de spits de 10 mm date de ce mois de juillet 2020, à l'exception de deux relais de la voie d'escalade ouverte en 2015. Une corde de 2 x 50 m suffit.
Attention : ce n’est pas du canyoning, mais une succession de rappels en style alpin qui fait plutôt appel à une expérience d'alpiniste. L’équipement n’est pas adapté aux groupes d’initiation nécessitant les techniques de canyoning. Les participants doivent être autonomes et suffisamment expérimentés pour trouver les relais, remonter sur corde au besoin, etc.
Merci encore à tous ceux qui m'ont aidés dans cet équipement : Éric Babbini, Laurent Jacquet, Michel Rousseau, Marie, Robin et Nathalie. Merci aussi à tous ceux qui ont descendu cette cascade avec moi durant les siècles derniers, et notamment Pascal Vassy, et Nicolas Galy, lequel n'aime pourtant pas se mouiller (-;
Voir détails techniques (matériel, approche, pièges, retour, etc.) par simple clic sur le doc PDF-MOULIN MARQUIS EN RAPPELS ci-dessous :
La cascade de Moulin-Marquis, plus de 400 mètres en paliers. La nouvelle descente au sec est en rouge, soit une dizaine de rappels. Les traits violets figurent les traversées possibles vers la cascade.
La cascade vue du chemin de la grotte du Bournillon. À sa gauche (et au centre de la photo), l'entaille où passe le pas de l'Écharasson.
Le haut de la cascade et ses formations de tuf pris au télé-objectif depuis la route des grottes visitables de Choranche. On va descendre sur la gauche.
Depuis le chemin classique de la Porte du Diable, on voit très bien la cascade et ses paliers, autant de plate-formes confortables pour nos rappels.
La source de Moulin-Marquis, une grotte d'où sort l'eau quelques dizaines de mètres avant de se jeter dans la cascade.
Michel Rousseau nous rejoint sur la vire qui permet d'aller se frotter à la cascade au sixième relais.
Nicolas Galy dans les derniers rappels. À l'arrière plan, on devine le porche de la grotte du Bournillon, l'un des plus hauts d'Europe avec ses 120 mètres.
La grotte du Bournillon et son lac souterrain, une visite possible depuis le pied de la cascade. À ne pas manquer !
Vision de la cascade lors du glacial mois de février 2012, alors qu'elle venait d'être re-gravie. Comme souvent en matière de cascade gelée, il est difficile de savoir qui a fait la première. En l'occurrence, il semblerait que celle-ci a été ouverte en 2001 par Philippe Batoux, David Jonglez et Benoit Robert. La ligne était 2 à 3 fois moins large et les difficultés montaient jusqu’au 6/6+.
Quelle aventure que ce Moulin Marquis !!! En 2001, je suis en Bretagne, avec femme et enfant (je n'ai que Matéo à l'époque), et décide de ne pas ouvrir mon portable. Je quitte nos montagnes qui...
À voir aussi : cette page générique sur les gorges de la Bourne :
Les gorges de la Bourne - pascal-sombardier.com
1000 choses à faire et à refaire Je me rends compte aujourd'hui que j'ai fréquenté ces gorges et leurs abords plus que tout autre lieu en montagne. Tout d'abord parce que c'est sur les falaises...
https://www.pascal-sombardier.com/2021/01/les-gorges-de-la-bourne.html