2 Octobre 2020
En juillet 2019, la commune de Névache réhabilita un itinéraire militaire qui se faufilait dans la face nord-est de l'aiguille Rouge pour surveiller la frontière. J'ai déjà évoqué ce joli sommet dans mon ouvrage "Alpes, randonnées insolites et spectaculaires", car on le voit bien depuis le Rocher de Barrabas où j'ai décris un parcours tout aussi riche en vestiges et en reliefs étranges. J'avais trouvé le sentier de l'approche grâce à de vieux panneaux en bois sur la route de Bardonecchia, mais j'étais resté sur ma faim car, bien que coloré, curieux et intéressant sur le plan historique, il manquait un peu de sel. Voilà qui est réparé, et joliment. L'équipement reste en effet sobre, sans balisage abusif, la difficulté est modérée et l'ambiance est grandiose. Une belle manière d'aller sur cette pyramide et sur les traces de ces combattants dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils n'avaient pas froid aux yeux.
Remerciements à Riccardo Novo, conseiller municipal de Névache à l'origine du projet, à Sophie Wallon qui m'en informa et à Christian Ferrera de Roc Aventure qui réalisa l'équipement.
Un petit bémol toutefois : les panneaux routiers (sens interdit, ne pas stationner, chutes de pierres...) sont-ils vraiment nécessaires ? C'est laid et incongru. On se bat déjà contre les marques fluo qui dégradent nos montagnes, il ne semble pas utile d'en rajouter...
Topo consultable par simple clic sur le doc PDF AIGUILLE ROUGE-VIA CORDA ci-dessous :
L'aiguille Rouge telle qu'on la voit depuis la côte névachaise en face. Curieusement, le Torrione Rosso (le donjon rouge en italien), petit sattellite à sa droite, semble avoir donné son nom à l'aiguille qui, elle, est plutôt grise...
L'approche utilise un vieux sentier militaire qui ne figure pas sur les cartes, mais reste bien tracé dans des pentes pourtant très raides.
Après 400 mètres de dénivelé, le sentier longe la base du Torrione Rosso, là où se tenaient apparemment les militaires.
Ce blockhaus, comme il y en a tant le long de la frontière dans cette région, se distingue par sa taille. Une salle de 40 mètres de longueur où l'on trouve encore des cadres de lits métalliques et cette étrange machine : une pompe ?
Une autre entrée permet de ressortir à l'air libre un peu plus haut. Les équipeurs de la via corda y ont mis quelques échelons pour faciliter la chose.
Peu après le blockhaus, un sentier nouvellement retaillé permet de monter facilement entre le Torrione Rosso et l'aiguille Rouge, au pied de la face nord-est grise où se déroule la via corda.
On arrive ainsi au pied de la face nord-est de l'aiguille Rouge (tracé de la via corda photo suivante).
Pas trop de questions à se poser : on devine la trace et il n'y a qu'à suivre les échelons et les queues de cochon.
Petite vision de la suite avec une vire qui impressionne, mais passe tranquillement. À droite, la vallée Étroite et les Rois Mages.
Au bout de la traversée, on trouve de vieux échelons militaires encore en bon état. Les équipeurs les ont intelligemment laissés et ils sont tout a fait utilisables malgré leur grand âge.
Pensée émue et admirative pour ces rudes soldats qui venaient là en toute saison pour surveiller la frontière, même si tout cela nous paraît aujourd'hui vide de sens.
Nous sommes passés le 30 septembre. Deux jours avant, il y avait 20 cm de neige. La face n'est pas vraiment au nord, plutôt nord-est.
À droite, Bardonecchia et le tunnel du Fréjus. Au fond, la Vanoise et l'aiguille de Scolette (3506 m).
Début de la descente par la voie normale face au massif des Écrins (la Barre des Écrins au centre et la Meije à droite).
Le sentier passe près des abîmes de la face nord où l'on progressait il y a encore quelques minutes.
Pour les amateurs d'arches, c'est en face que se trouve celle de Roche Pertuse (ou Rocca di Thures).
C'est là qu'il faut quitter le sentier de la voie normale pour retrouver celui de l'aller. De l'autre côté du col de l'Échelle, à droite du Charra, on voit la tour Jaune de Barrabas et la Gravina del Mezzodi (2618 m) encore plus à droite.