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pascal-sombardier.com

Topos et photos sur la montagne hors des sentiers battus, par l'auteur des Randonnées du vertige

La vire du Grand Veymont

La monumentale face est du point culminant du Vercors, haute de plus de 400 mètres, a mauvaise réputation dans le petit monde de l'escalade. Serge Coupé y a tracé une voie qu'il n'a jamais conseillée même à son pire ennemi en raison de la qualité du rocher (1)... Il vaut donc mieux chercher d'autres moyens de profiter de cette grandiose ambiance. En 2013, le couple Raf Rodon - Cath Icard et François Lannes ont traversé la vire centrale après l'avoir étudiée à la jumelle depuis le Serpaton. Malgré cela, ils ont dû avoir des surprises, car le moins qu'on puisse dire est que, même en ayant le nez dessus, on se demande à chaque instant où on va passer... Et pourtant, ça déroule assez bien. Les seuls obstacles sérieux se trouvent au début (ou à la fin si l'on traverse du nord au sud), mais comme on peut s'assurer, on s'y sent finalement plus en sécurité que sur le reste de la vire où le faux pas est interdit. C'est à mon avis une des plus belles et des plus aériennes randos du vertige des Préalpes françaises.

Attention toutefois : il s'agit d'un itinéraire très exposé qui demande un pied très sûr et une accoutumance parfaite à ce genre de terrain qui ne s'adresse pas aux randonneurs classiques, même expérimentés.  En raison de chutes de pierres fréquentes, le casque est obligatoire. Les passages techniques de l'extrémité sud demandent un minimum d'aisance en escalade et le matériel qui va avec (baudrier, corde, dégaines). Un bon sens de l'itinéraire est par ailleurs requis et il ne faut pas s'y engager sans avoir attentivement étudié les tracés et les photos publiées ci-dessous.

Pour ces raisons, je ne donne pas de topo détaillé, laissant l'initiative et le plaisir de la recherche à ceux qui pensent avoir les qualités requises pour vivre sereinement cette aventure, à leurs risques et périls. Je me contenterai de publier des images de cette virée réalisée le 20/08/2021 en compagnie des deux Laurent (Jacquet et Dupuis) dans le sens sud-nord, avec approche par l'arête nord-est (dont les photos datent de novembre 2015). Je fais quelques autres remarques à la suite des photos.

Nous avons refait la vire dans l'autre sens le 17/10/2021 avec Cath Icard, Raf Rodon et Grégoire Roger. Voir le compte-rendu sur cette autre page de mon blog : https://www.pascal-sombardier.com/2021/10/la-vire-du-grand-veymont-2.html

1 - En fait, Serge a ouvert une voie en septembre 1952 avec J. Merle, avant de s'apercevoir qu'il n'était pas le premier sur cette face. En effet, trois grimpeurs inconnus avaient ouvert une voie une semaine avant dans la partie droite de la paroi. Ces voies ne semblent pas très difficiles techniquement. Elles ne dépassent guère le 4e degré, mais Coupé qualifie la sienne de peu intéressante. L'autre reste un mystère... Voir les tracés en fin de page.

Avant toute chose, merci de prendre connaissance de ces informations relatives à la sécurité et au respect de la biodiversité : https://www.pascal-sombardier.com/a-propos-de-pascal-sombardier.com

Au petit matin, départ de la Ville à Gresse-en-Vercors. Le Grand Veymont est à gauche et la vire est bien visible au milieu de la face est. À droite, Pierre Blanche (Photo PS).

Au petit matin, départ de la Ville à Gresse-en-Vercors. Le Grand Veymont est à gauche et la vire est bien visible au milieu de la face est. À droite, Pierre Blanche (Photo PS).

Si l'on prend le chemin normal dans le vallon de la Gresse, on voit la face est ainsi (Photo PS).

Si l'on prend le chemin normal dans le vallon de la Gresse, on voit la face est ainsi (Photo PS).

Et on devine difficilement la vire. Les deux longueurs techniques sont à gauche (Photo PS).

Et on devine difficilement la vire. Les deux longueurs techniques sont à gauche (Photo PS).

Depuis la crête des Alleyrons, la vue sur le Veymont est meilleure, surtout en automne (Photo PS).

Depuis la crête des Alleyrons, la vue sur le Veymont est meilleure, surtout en automne (Photo PS).

Une fois sur la crête au pied de l'arête nord-est, on découvre le mont Aiguille (Photo PS).

Une fois sur la crête au pied de l'arête nord-est, on découvre le mont Aiguille (Photo PS).

Départ dans les gradins de l'arête nord-est. Attention au parpinage ! (Photo PS)

Départ dans les gradins de l'arête nord-est. Attention au parpinage ! (Photo PS)

Après quelques passages rocheux, on trouve des gradins herbeux plus agréables (Photo PS).

Après quelques passages rocheux, on trouve des gradins herbeux plus agréables (Photo PS).

Vers 2060 m, on arrive sur un grand replat herbeux, face au Veymont. La vire se dessine dans la face est à droite (Photo PS).

Vers 2060 m, on arrive sur un grand replat herbeux, face au Veymont. La vire se dessine dans la face est à droite (Photo PS).

Non, Laurent, pas par là. Regarde derrière toi... (photo Laurent Jacquet)

Non, Laurent, pas par là. Regarde derrière toi... (photo Laurent Jacquet)

Le départ de la vire est évident (photo Laurent Jacquet).

Le départ de la vire est évident (photo Laurent Jacquet).

Mais cela devient vite plus étroit (photo Laurent Jacquet).

Mais cela devient vite plus étroit (photo Laurent Jacquet).

Et même carrément... étroit (photo Laurent Jacquet).

Et même carrément... étroit (photo Laurent Jacquet).

La traversée la plus technique survient rapidement. Là, il vaut mieux s'assurer... (photo Laurent Dupuis)

La traversée la plus technique survient rapidement. Là, il vaut mieux s'assurer... (photo Laurent Dupuis)

La même longueur vue dans l'autre sens (Photo PS).

La même longueur vue dans l'autre sens (Photo PS).

Suit une autre longueur un peu moins délicate, mais qui nécessite également la corde (photo Laurent Jacquet).

Suit une autre longueur un peu moins délicate, mais qui nécessite également la corde (photo Laurent Jacquet).

Au relais de cette seconde longueur (photo Laurent Jacquet).

Au relais de cette seconde longueur (photo Laurent Jacquet).

Après, ça roule... Je crie aux Laurent de se décorder (photo Laurent Jacquet).

Après, ça roule... Je crie aux Laurent de se décorder (photo Laurent Jacquet).

De promontoires en nids d'aigle (photo Laurent Jacquet).

De promontoires en nids d'aigle (photo Laurent Jacquet).

Grande ambiance assurée ! (photo Laurent Dupuis)

Grande ambiance assurée ! (photo Laurent Dupuis)

On se demande toujours où on va passer, mais on trouve toujours la margelle qui va bien. (photo Laurent Jacquet)

On se demande toujours où on va passer, mais on trouve toujours la margelle qui va bien. (photo Laurent Jacquet)

En se retournant, on est toujours ébahi de voir qu'on est passé là... (photo Laurent Jacquet)

En se retournant, on est toujours ébahi de voir qu'on est passé là... (photo Laurent Jacquet)

C'est une suite de cirques dans lesquels on ne cesse de monter et de redescendre (photo Laurent Dupuis).

C'est une suite de cirques dans lesquels on ne cesse de monter et de redescendre (photo Laurent Dupuis).

Cherchez le personnage (Photo PS).

Cherchez le personnage (Photo PS).

Bouquetins et chamois ont fait la trace (Photo PS).

Bouquetins et chamois ont fait la trace (Photo PS).

Oh miracle ! Dans ce monde austère et vertical, une confortable plate-forme herbeuse s'offre à nous à l'heure du déjeuner (Photo PS).

Oh miracle ! Dans ce monde austère et vertical, une confortable plate-forme herbeuse s'offre à nous à l'heure du déjeuner (Photo PS).

Derrière chaque pilier, la suite se dévoile chaque fois à son avantage. (photo Laurent Jacquet)

Derrière chaque pilier, la suite se dévoile chaque fois à son avantage. (photo Laurent Jacquet)

Nous arrivons en vue du pas de la Ville. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le plus dur reste à faire... (photo Laurent Jacquet)

Nous arrivons en vue du pas de la Ville. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le plus dur reste à faire... (photo Laurent Jacquet)

La descente est en effet assez raide et demande des précautions. De plus, les gradins herbeux qui traversent vers le pierrier sont peu commodes. Nous visons la langue de pierrailles claire pour la descente (photo Laurent Jacquet).

La descente est en effet assez raide et demande des précautions. De plus, les gradins herbeux qui traversent vers le pierrier sont peu commodes. Nous visons la langue de pierrailles claire pour la descente (photo Laurent Jacquet).

En nous retournant, la vision de la vire que nous venons de descendre a quelque chose d'effrayant. À la montée, ça pose moins de problème (photo Laurent Jacquet).

En nous retournant, la vision de la vire que nous venons de descendre a quelque chose d'effrayant. À la montée, ça pose moins de problème (photo Laurent Jacquet).

Petite désescalade pour descendre sur un pierrier dont la granulométrie n'est pas favorable. Il faut rester sur le côté gauche et traverser dès que possible à gauche vers le sentier du pas de la Ville (Photo PS).

Petite désescalade pour descendre sur un pierrier dont la granulométrie n'est pas favorable. Il faut rester sur le côté gauche et traverser dès que possible à gauche vers le sentier du pas de la Ville (Photo PS).

Comme je l'ai dit, je ne donne pas de topo de la vire, laissant à ceux qui désirent vivre cette aventure l'initiative et le plaisir de la recherche. Une fois sur la vire, on ne peut de toute façon pas se tromper. Compter une grande journée pour l'ensemble (8 h).

Deux remarques

- Les photos montrent notre traversée du sud au nord. Nous l'avons refaite le 17/10/2021 dans l'autre sens depuis le pied du pas de la Ville. L'accès est assez rapide, mais parfois raide et escarpé. L'avantage est que la rampe au début de la vire se négocie beaucoup mieux à la montée.

- Dans tous les cas, prévoir une corde de 30 m et 3 ou 4 dégaines pour les deux longueurs de l'extrémité sud. Ce n'est pas vraiment de l'escalade, mais plutôt une traversée exposée et en rocher incertain. Des points suffisants sont en place. Ceux qui n'ont jamais pratiqué l'escalade en mauvais rocher risquent de se laisser impressionner par ces deux petites longueurs pourtant assez tranquilles. Ne pas emmener de personnes n'ayant jamais pratiqué de vires exposées, car l'ensemble du parcours demande un pied très sûr et une grande accoutumance au vide.

Je joins ci-dessous le topo de l'arête nord-est que j'ai publié dans mon ouvrage "Les randonnées du vertige" en 2003 et qui est devenue classique depuis. Elle est souvent appelée arête de Quinquambaye dans les topos qui l'ont repris, et on peut l'admettre bien que ce nom s'applique en fait à la côte en dessous, là où se trouve le chemin d'approche par la cabane du Veymont. C'est l'accès idéal si l'on fait la vire dans le sens sud-nord. Mais attention, si on la fait dans le sens nord-sud, cette arête ne se descendra pas facilement. Il vaut mieux prévoir des rappels pour la partie rocheuse pourrie du bas (2 x 40 m).

À titre indicatif, voici le tracé des voies d'escalade ouvertes en 1952. À gauche, la voie Coupé-Merle du 15/09, cotée D, ouverte en 4 h avec 7 pitons. À droite, la voie Gevril - Guyot - Nafzger du 7/09, sur laquelle personne n'a vraiment de renseignements.

Voie Coupé en rouge. Voie mystère en blanc.

Voie Coupé en rouge. Voie mystère en blanc.

À voir sur ce blog la virée du 17/10/2021 dans le sens nord-sud :

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F
Bonjour Pascal,<br /> <br /> J’étais allé sur cette vire le 09 août 2013, seul, voulant atteindre la partie « horizontale » dans le sens nord--> sud. Mais le climat brouillasseux de ce jour-là, plus la solitude dans ce coin bien rebutant, m’avaient stoppé au bout de 3 longueurs. J’ai effectivement posé les 5-6 spits inox de 10 dans ce passage du début, qui sont utiles si l’on monte, mais moins utiles si l’on descend comme tu l’écris.<br /> <br /> A la descente, comme vous, j’avais pris le pierrier de l’Agnellerie. Mais comme vous, je n’avais pas aimé ce choix à cause d’un passage exposé sur plateforme d’herbe, et par la longueur du pierrier qui est vraiment casse-pattes.<br /> C’est suite à cet essai avorté que j’avais proposé à Raf et Cathy d’y aller à trois.<br /> <br /> Nous y étions allés le 16 août 2013. Et ce fut une belle grande épopée que ce jour-là. Nous l’avions parcourue dans le sens nord --> sud, et cela m’avait paru très confortable, en particulier pour franchir ce début (côté nord, donc) dont l’équivalent de 4 longueurs de corde est plus facile si l’on monte.<br /> <br /> Ensuite, nous avions posé encore 5-6 autres spits dans les 2 longueurs de la fin (côté sud). Mais à cet endroit, je n’avais pas aimé du tout ce rocher qui s’effrite, d’une part, ni surtout le bloc de rocher sur lequel se fait le relai intermédiaire, bloc qui m’avait donné l’impression de ne tenir que par l’opération du Saint-Esprit…<br /> <br /> Nous avions aussi vu des spits de 8 (au moins deux), posés à la main, œuvre de probables spéléos. Côté nord, il y a un gros trou, au-dessus de la vire, et il est certain que les spéléos sont allés le voir. Côté sud, ils ont aussi dû poser des cordes pour vérifier des reliefs potentiels. Nous n’étions donc pas les premiers sur cette vire. Comme toujours.
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N
Wouhaou, grosse ambiance!
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