Les grottes de Sardaigne

Mon intérêt pour la Sardaigne vient de ses multiples facettes. J'ai été séduit par le côté aventureux de ses randonnées, mais aussi par le foisonnement des merveilles naturelles qu'on y rencontre. Il a déjà été question de certaines d'entre elles sur ce blog (les arches notamment), et les grottes en font partie. Il se trouve que les Sardes sont spéléologues par nature. Les grottes ont été des sites initiatiques et des abris que certains bergers utilisent encore. D'immenses réseaux ont été découverts, le plus long atteignant 70 kilomètres dans les Supramonte, sous le fameux trek du Selvaggio Blu.

Ces grottes sont souvent d'une taille importante, mais elles sont aussi particulièrement belles. Certaines ont été aménagées et constituent une part conséquente du tourisme local. Les sections visitables ne sont souvent que la partie immergée de l'iceberg, les prolongements - dont certains sont toujours en cours d'exploration - restant bien sûr réservés aux spéléos chevronnés. Certains guides en font partie et racontent avec passion les explorations auxquelles ils ont participé, parfois plusieurs décennies avant. Il est possible de visiter certaines grottes confidentielles (dont certaines sont fermées par une grille) en s'adressant aux mairies. On vous dirigera alors vers un guide local, ou on vous donnera une autorisation contre quelques garanties.

Je présente ici les cinq grottes principales de l'île, avec des photos que j'ai essayé de soigner du mieux possible, l'utilisation du flash étant interdite. Il en reste quelques autres, mais celles qui sont illustrées ci-dessous sont incontournables. Vous pourrez évidemment trouver plus d'infos en tapant le nom de chaque grotte sur le Net.

Chaque grotte est située sur une carte publiée à la fin de cette page

1 - La grotte de Neptune (di Nettuno)

Elle me semble au-dessus du lot, non seulement en raison de ses magnifiques concrétions, mais aussi parce que c'est la mer qui pénètre à l'intérieur, créant un vrai décor de conte de fées. On y accède depuis le pied des grandes falaises du Capo Caccia (à l'ouest d'Alghero), que l'on atteint soit en bateau depuis Alghero, soit par un escalier de 800 marches spectaculairement taillé au-dessus de la mer. Je conseille cette option qui donne une dimension supplémentaire au site. C'est souvent la première visite des touristes français qui débarquent majoritairement à Porto Torres, situé pas très loin au nord.

2 - la grotte d'Ispinigoli (Dorgali)

Au nord des fameux Supramonte, dans le golfe d'Orosei, la petite grotte d'Ispinigoli est vite visitée. Son intérêt principal réside dans ce que les Sardes désignent comme la plus grande colonne stalagmitique d'Europe (38 mètres de hauteur). Un escalier de 280 marches permet de monter le long de cette merveille. Il existe sans doute des formations souterraines plus hautes, mais quoi qu'il en soit, celle-ci vaut le déplacement.

3 - La grotte del Bue Marino (Cala Gonone)

La petite station balnéaire de Cala Gonone est connue pour son décor entouré de falaises (c'est devenu un spot d'escalade important), et aussi parce que c'est l'arrivée du Selvaggio Blu. Mais c'est surtout le point de départ de nombreuses excursions en bateau le long de la côte des Supramonte jusqu'au site de Goloritze classé par l'UNESCO. Parmi ces excursions figure la visite du "Bœuf marin", il Bue Marino, une grotte dans laquelle la mer pénètre profondément. 900 mètres à l’intérieur, là où se mêlent eaux douces et eaux salées, des phoques moines auraient élevé leurs petits pendant plusieurs millénaires, d'où sans doute le nom de la grotte. Des ossements vieux de 5000 à 6500 ans y ont été trouvés.

Le tunnel d'un kilomètre ouvert à la visite - dont la moitié est baignée par la mer - est orné de nombreuses concrétions, souvent originales et d'une taille qui impose le respect. Tout au fond se trouve une grande arche, après laquelle c'est le domaine des spéléos puisque cette énorme cavité n'est que l'arrivée d'un réseau de 70 kilomètres creusé sous les Supramonte, le plus grand d'Italie.

Il est possible de visiter une partie de la grotte en partant à pied depuis la cala Fuili

Il existe une autre grotte visitable plus au sud : la grotta del Fico (du Figuier). Elle est, paraît-il, exceptionnelle, mais visitable seulement lors d'une excursion nautique assez onéreuse qui englobe d'autres points d'intérêt de la côte. Certains guides la proposent avec clients lors de la cinquième étape du Selvaggio Blu, un accès équipé de cordes fixes y descendant depuis Su Feilau.

4 - La grotte de Su Marmori (Ulassai)

Situé au sud du Gennargentu, Ulassai est un de ces gros villages sardes comme il y en a tant, mais il est entaillé par un profond canyon où évoluent des grimpeurs sur un calcaire de qualité, et qui dit calcaire... On n'imagine pas qu'il puisse exister dans ces reliefs peu élevés une si grosse et si belle grotte. La taille, les couleurs, les concrétions spectaculaires et nombreuses, la qualité de l'éclairage.. tout cela en fait une de mes préférées, d'autant plus que les guides sont des spéléos motivés et intéressants (ce qui n'est pas toujours le cas).

5 - La grotte de Su Mannau (Fluminimaggiore)

Le sud-ouest de la Sardaigne a été marquée par une très importante exploitation minière. Il reste de ce passé des ruines, des musées, des fresques, des grandes villes fantômes... Parmi celles-ci, Fluminimaggiore, blottie dans une vallée encaissée, ne peut prétendre attirer les touristes, sinon par la grotte de Su Mannau, une des merveilles de l'île. Les concrétions y sont nombreuses et d'une taille plus que respectable, mais le cheminement qu'on y effectue à différents étages d'immenses salles est un autre de ses atouts. Il faut rendre hommage à ceux qui ont installé des passerelles et des escaliers suspendus dans ce dédale. On passe au plafond d'une "cattedrale" avant de descendre au fond, 35 mètres plus bas ! Le guide, âgé d'une soixantaine d'années, a participé dans sa jeunesse à l'exploration de ce réseau qui se développe bien au-delà, et il est toujours aussi passionné par "sa" grotte. Il nous a expliqué que Su Mannau signifiait "la mauvaise", car dans le passé, ces lieux étaient considérés comme inquiétants et maléfiques. Ils faisaient l'objet de rites sacrés dont on a retrouvé de nombreuses traces entreposées dans les salles d'entrée.

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Il existe une autre grotte visitable fameuse dans le sud-ouest, près de Santadi et pas très loin de l'île de San Antioco : la grotte d'Is Zudas. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'y aller, mais ça ne saurait tarder... En attendant, vous pouvez  regarder ces quelques infos sur le lien ci-dessous :