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pascal-sombardier.com

Topos et photos sur la montagne hors des sentiers battus, par l'auteur des Randonnées du vertige

Sardaigne : le Selvaggio Blu

"Le trek le plus engagé d’Europe, le plus sauvage, le plus technique… Sept jours avec bivouacs le long d’une des plus belles côtes de Sardaigne"

Le départ à Pedra Longa. Au fond, la punta Giradili, dont on va emprunter, sous la grande baume, la vire médiane. Une rando classique à faire de toute façon.

Le départ à Pedra Longa. Au fond, la punta Giradili, dont on va emprunter, sous la grande baume, la vire médiane. Une rando classique à faire de toute façon.

Un mythe surfait

La première version de ce texte date de 2015, mais je l'ai modifié en fonction de mes expériences suivantes, en 2018, 2019, 2023 et 2024. N'hésitez pas à y apporter vos propres infos ou commentaires)

 

« Le trek le plus engagé d’Europe... » En lisant ces lignes, on est forcément intrigué… et attiré si l’on a tendance à distiller un parfum d’aventure dans ses randos. Alors, en 2015, nous sommes allés faire ce fameux Selvaggio Blu en famille après avoir étudié la possibilité de se faire apporter l'eau, les vivres et le couchage le soir par des bergers locaux reconvertis en agents touristiques, solution qui évite de porter des sacs de plus de 20 kg. Première surprise : les « bergers », qui se revendiquent comme tels, sont en fait de redoutables hommes d'affaire et demandent une fortune (100 € par jour en 2015) pour une logistique pourtant assez simple à mettre en œuvre. Un sac de plus ou de moins dans un 4 x 4 ou un bateau, cela vaut-il 100 € ? Pas sûr, surtout qu’ils guident en même temps des groupes de touristes qui payent trois fois plus. J'ai donc fait toutes les étapes du trek, mais à ma façon.

Il faut savoir qu'une piste ouverte à la circulation passe non loin de l’itinéraire, relativisant son caractère sauvage. Certaines étapes arrivent même sur cette piste ou la croisent. On aimerait parfois l'emprunter plutôt que les lapiaz acérés et désagréables apparemment indispensables au label "Selvaggio".

Quant au "Blu", il se fait souvent désirer. Les vues sur la mer sont en effet assez rares puisqu'on évolue la plupart du temps dans un épais maquis. Les cale (plages) Goloritze, Sisine et di Luna sont peuplées de touristes venus en bateau ou à pied, qui envahissent également la dernière étape avant Cala Gonone, pourtant sans grand intérêt.

Avec la magnifique vire Giradili de la première étape, il n’y a guère que la portion Mudaloru - Su Feilau qui trouve grâce à mes yeux. Je décris le moyen de réaliser celle-ci indépendamment depuis Ololbissi par la Porte d'Urele.

Comme celui-ci, la plupart des sites intéressants sont accessibles facilement et rapidement depuis la piste carrossable précitée ou en bateau, ce qui évite les problèmes de logistique. Certains Tour Operators français ont d'ailleurs intelligemment intégré cette solution à leur programme. Si malgré tout, on tient vraiment à faire l'intégralité du trek "le plus engagé d'Europe" sans faire appel aux guides locaux, il faut le limiter à 3 jours pour ne pas avoir à emporter trop de poids. Les points d'eau sur place sont en effet confidentiels (1) et on ne peut se passer d'une corde de 100 mètres pour les rappels. Mais cela risque d'être stressant, car trouver le bon itinéraire n'est pas toujours évident et il ne faut pas traîner.

Je décris sur ce blog plusieurs parcours techniques qui se déroulent dans les falaises dominant le tracé du trek, comme par exemple le Bacu Padente ou la cengia di Plumare. J'avoue que j'y ai davantage apprécié l'ambiance exceptionnelle du site et ses magnifiques décors côtiers que sur le SBT (Selvaggio Blu Trek) qui, par comparaison, m'a paru fade.

Quelle que soit la manière dont vous découvrirez cet endroit lumineux - et je vous souhaite d'y trouver le plus grand des plaisirs -, n'oubliez pas que la Sardaigne renferme d’autres merveilles, y compris dans d'autres secteurs, parfois plus belles encore.

 

1 - Si l'on connaît un peu la configuration des lieux, il est toujours possible d'aller chercher de l'eau dans certains sites au prix d'une petite remontée depuis la côte. Ce n'est pas possible entre la punta Giradili et la cala Goloritze (étapes sans grand intérêt de toute façon), mais le camping de su Porteddu est à moins d'une heure de la cala Goloritze. Idem pour celui d'Ololbissi depuis la crique de su Feilau. Après, on arrive dans les cale Sisine et di Luna où il y a de l'eau. 

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Voir la carte du secteur avec le tracé du Selvaggio Blu (cliquer sur l'image et attendre quelques secondes pour obtenir la netteté et l'agrandir). C'est une carte où j'actualise périodiquement les axes principaux et les points d'intérêt. Le parcours du Selvaggio Blu y est tracé en violet. Divers parcours présentés sur ce blog y figurent également.

Attention aux cartes locales qui comportent beaucoup d'erreurs et d'imprécisions (on dirait des dessins d'enfant). Quant à la Kompass au 1/50 000, bien qu'il s'agisse d'une marque habituellement sérieuse, il y manque les 3/4 des détails. Le Selvaggio Blu n'y est de toute façon pas tracé. Elle donne des indications sur les accès, mais le 1/50 000 est loin d'être suffisant dans un terrain si complexe.

Si l'on peut en disposer sur son portable, le plus fiable est finalement OpenStreetMap avec l'application OsmAnd pour se géolocaliser. La plupart des itinéraires y figurent et les noms semblent plus exacts qu'ailleurs.

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Infos supplémentaires observées lors d'autres voyages en mai 2019, septembre 2023 et mai 2024 : les ex-bergers essayent de développer le tourisme sur leur plateau. On commence à voir fleurir des panneaux (pas toujours compréhensibles) qui indiquent des randonnées à partir de la piste qui relie le Golgo à la cala Sisine. Cette piste a d'ailleurs été nivelée sur 6 km jusqu'à un bar-camping surréaliste installé en plein maquis... En 2023, surprise, le parking du bar, qui est également le départ de plusieurs randonnées, est devenu payant (5 €). Les randonnées ayant pour but des plages utilisent des sections du Selvaggio Blu qui ont été aplanies et balisées. Ces balisages sont régulièrement grattés par ceux qui voudraient conserver le caractère sauvage des Supramonte, et je ne peux les blâmer. Il y a une limite à ne pas dépasser dans la surenchère du tourisme à tout prix. Déjà que les compagnies maritimes basées à Cala Gonone et à Santa-Maria-Navarrese déversent quotidiennement des foules en saison sur la plupart des plages... Il faut dire que la côte vue de la mer est absolument magnifique, et qu'on ne profite pas pleinement (loin de là !) de tous ses incroyables reliefs depuis les hauteurs.

Mais le comble me paraît être le petit train à pneus qui amène des touristes au Golgo depuis Baunei, comme dans un vulgaire parc d'attraction. Je veux bien comprendre que les locaux essayent d'améliorer leurs conditions de vie grâce au tourisme, mais il y a des limites à ne pas franchir pour respecter l'esprit du "selvaggio" qui fait le sel et la valeur de ce patrimoine unique en son genre.

Pedra Longa : la pierre longue qui marque le départ officiel du périple.

Pedra Longa : la pierre longue qui marque le départ officiel du périple.

Sur la vire Giradili, avec une vue plongeante sur la Pedra Longa.

Sur la vire Giradili, avec une vue plongeante sur la Pedra Longa.

L'ovile d'Us Piggius, situé au bout de la vire Giradili, est encore occupé par un berger et ses chèvres. Les oviles sont des huttes construites en branches de genévrier sur un soubassement en pierre.

L'ovile d'Us Piggius, situé au bout de la vire Giradili, est encore occupé par un berger et ses chèvres. Les oviles sont des huttes construites en branches de genévrier sur un soubassement en pierre.

Une des rares possibilités de voir la Méditerranée.

Une des rares possibilités de voir la Méditerranée.

Les Sardes ont une spécialité : faire des chemins avec des branches de genévrier.

Les Sardes ont une spécialité : faire des chemins avec des branches de genévrier.

La cala Goloritze, plus belle vue de dessus que de la "plage"...

La cala Goloritze, plus belle vue de dessus que de la "plage"...

La célébrissime aiguille Goloritze, où l'on peut grimper (personnage rouge au pied).

La célébrissime aiguille Goloritze, où l'on peut grimper (personnage rouge au pied).

Goloritze, site classé à l'Unesco.

Goloritze, site classé à l'Unesco.

Pour sortir de la cala Goloritze, un passage pas facile malgré les branches (fustes).

Pour sortir de la cala Goloritze, un passage pas facile malgré les branches (fustes).

L'ovile Su Runcu 'e su Pressu. On trouve de nombreuses huttes de berger (ovile ou cuile en sarde) de ce genre dans le maquis, souvent en meilleur état.

L'ovile Su Runcu 'e su Pressu. On trouve de nombreuses huttes de berger (ovile ou cuile en sarde) de ce genre dans le maquis, souvent en meilleur état.

Après Mudaloru, le parcours surplombe enfin la mer jusqu'à Su Feilau.

Après Mudaloru, le parcours surplombe enfin la mer jusqu'à Su Feilau.

Sur la vire entre Mudaloru et Su Feilau, on trouve plusieurs cavités comme celle-ci, des lieux parfaits pour le bivouac, et au fond desquels on peut trouver de l'eau. Mais, du fait qu'ils ne sont pas accessibles en 4x4 ou en bateau, ils ne constituent pas des lieux de bivouac "officiels" pour les tour operators...

Sur la vire entre Mudaloru et Su Feilau, on trouve plusieurs cavités comme celle-ci, des lieux parfaits pour le bivouac, et au fond desquels on peut trouver de l'eau. Mais, du fait qu'ils ne sont pas accessibles en 4x4 ou en bateau, ils ne constituent pas des lieux de bivouac "officiels" pour les tour operators...

Plusieurs petits rappels sont nécessaires pour parvenir à Su Feilau.

Plusieurs petits rappels sont nécessaires pour parvenir à Su Feilau.

L'arche inférieure de Su Feilau, dans laquelle on passe pour remonter à Ololbissi.

L'arche inférieure de Su Feilau, dans laquelle on passe pour remonter à Ololbissi.

Sous l'arche de Su Feilau, cette descente à l'aide de "fustes" laissait des souvenirs. Mais aujourd'hui, ces branches ne sont plus là, et on descend de l'arche en rappel.

Sous l'arche de Su Feilau, cette descente à l'aide de "fustes" laissait des souvenirs. Mais aujourd'hui, ces branches ne sont plus là, et on descend de l'arche en rappel.

Près d'Ololbissi et au-dessus de Su Feilau, vue sur la lame rocheuse que l'on vient de traverser par une belle arche (ce n'est pas celle que l'on voit sur cette photo, qui est plus haute et plus grande, et que l'on approche lors du sublime parcours du Bacu Padente - voir lien ci-dessous).

Près d'Ololbissi et au-dessus de Su Feilau, vue sur la lame rocheuse que l'on vient de traverser par une belle arche (ce n'est pas celle que l'on voit sur cette photo, qui est plus haute et plus grande, et que l'on approche lors du sublime parcours du Bacu Padente - voir lien ci-dessous).

Vue sur le golfe d'Orosei depuis la crique de Su Feilau.

Vue sur le golfe d'Orosei depuis la crique de Su Feilau.

L'étape entre Ololbissi et la cala Sisine comporte quelques grands rappels et des passages d'escalade équipés de cordes fixes.

L'étape entre Ololbissi et la cala Sisine comporte quelques grands rappels et des passages d'escalade équipés de cordes fixes.

Environ une heure avant de descendre à la cala Sisine, on traverse cet énorme éboulis.

Environ une heure avant de descendre à la cala Sisine, on traverse cet énorme éboulis.

La cala Sisine, calme hors saison...

La cala Sisine, calme hors saison...

S'architeddu Lupiru, située au bord de la piste à quad qui descend à la cala di Luna, est un véritable chef d'œuvre de la nature. Sans conteste l'une des plus belles arches d'Europe.

S'architeddu Lupiru, située au bord de la piste à quad qui descend à la cala di Luna, est un véritable chef d'œuvre de la nature. Sans conteste l'une des plus belles arches d'Europe.

À travers l'arche de Lupiru, on aperçoit Cala Gonone et la coulée volcanique qui la domine.

À travers l'arche de Lupiru, on aperçoit Cala Gonone et la coulée volcanique qui la domine.

La cala di Luna et ses célèbres grottes.

La cala di Luna et ses célèbres grottes.

La dernière étape, d'où l'on ne voit quasiment jamais la mer, est pourtant très fréquentée par les touristes qui vont à la cala di Luna en aller-retour depuis Cala Gonone..

La dernière étape, d'où l'on ne voit quasiment jamais la mer, est pourtant très fréquentée par les touristes qui vont à la cala di Luna en aller-retour depuis Cala Gonone..

J'évoque également le Selvaggio Blu sur d'autres pages de mon site :

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L
Je me disais bien que ce magnifique petit train ne te plairait pas beaucoup . Et pourtant pense à nos vieux jours lorsque , un casque sur les oreilles , nous pourrons profiter de toutes ces merveilles ,que certain élitistes voudraient garder pour eux seuls
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P
J’avais bien compris, mais de toute façon, si qui tu sais continue à niveler les chemins, tu pourras y faire passer ton fauteuil roulant ((-;
L
Hello . Ce n'était , bien sur , qu'un trait d'humour , et j'espère bien que , même vieux , je trouverais d'autre façons de contempler les merveilles de la nature , que ces excursions touristiques .
P
Peut-être, mais le train ne va qu'au Golgo, ce qui est moyennement intéressant. Les merveilles sont un peu plus loin, et j'espère qu'elles resteront hors de portée du tourisme de masse, même pour les vieux que nous serons un jour (((-: