11 Juin 2019
"Le sentier le plus spectaculaire des Alpes". Ainsi avais-je défini dans plusieurs de mes ouvrages ce que l'on appelle aussi le balcon supérieur des Petites Charances au-dessus de Tréminis, la perle du Trièves. Je l'ai refait plusieurs fois, la dernière en septembre 2018 (photos ci-dessous), et je maintiens. C'est vraiment saisissant et, d'une certaine manière émouvant (comment a-t-on pu passer là et pourquoi, par qui, comment s'est fait un sentier aussi fou ?), quoique jamais difficile, juste un peu expo par endroit. Je ne vais pas ici redonner un topo que j'ai déjà détaillé dans 2 de mes ouvrages encore trouvables en librairie, soit celui-ci ou celui-là, et dans un autre aujourd'hui épuisé (où était décrite la prolongation possible jusqu'à l'Obiou par la Cavale et le Malpasset). Attention à ne pas faire l'itinéraire dans l'autre sens : c'est loin d'être aussi agréable, comme souvent en descente dans les terrains escarpés.
J'ai eu l'occasion et la chance de discuter avec de grands connaisseurs du site, qui m'ont expliqué que la baronne de Tréminis, propriétaire des lieux, avait simplement fait tailler ce sentier à la fin du XIXe siècle pour faciliter le travail de ses bergers qui menaient leur brebis là-haut et y passaient une partie de l'été. Je cite Jean-Pierre Agresti, responsable de l'ONF en Trièves : "Il faut bien réaliser que, dans l'économie exclusivement rurale de l'époque, il y avait des gens partout dans la montagne, et qu'ils vivaient une partie de l'année dans des cahutes dès qu'ils y trouvaient un replat." Tréminis, aujourd'hui une soixantaine d'habitants, en comptait près de 1500 à l'époque concernée. Alors, si vous y allez, ne concevez pas cette randonnée seulement comme un moteur d'émotions, mais aussi comme un pèlerinage en hommage à nos ancêtres si durs et audacieux.
Les Petites Charances en hiver vues des abords du col de Georges à Tréminis. Le sentier de la Baronne traverse la partie la plus haute, au-dessus de la falaise qui s'étend sur toute la largeur de ce versant haut de plus de 1000 m.
Au pied de la Grande casse, la plaque commémorative de l'accident d'avion de l'US Air Force en 1963.
On voit ici le chemin de ronde dans le pierrier en bas, et, au centre, le début de celui de la Baronne qui monte en lacet.
Les plus confortables aires de repos sont constituées par les escaliers dévoluards des torrents à sec qui traversent le sentier.
De la première partie, assez débonnaire dans des prairies peu pentues, vue sur la seconde. Eh oui ! Niko, le chemin passe bien dans ces pentes herbeuses visibles au centre.
Un petit passage rocheux étroit permet d'accéder à cette seconde partie sous les escarpements spectaculaires du Rougnou.
Sous le col du Portail, qui donne accès à la combe de la Prison pour rejoindre la tête de la Cavale et l'Obiou par le Malpasset, une option très alpine.
Après le point le plus haut, vers 2400 m, il reste à traverser ces strates, plus faciles qu'il n'y paraît, avant la descente.
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