10 Février 2023
La sauvage montagne de Faraut est un univers hors du commun. L'absence de chemins et la confidentialité de ses passages l'ont longtemps réservée aux chamois et à quelques grimpeurs et chasseurs audacieux. Peu de randonneurs s’y aventuraient avant la fin des années 2000. Notre équipe (1) a tracé ici quelques-unes des plus belles randonnées du vertige de nos Alpes : le pas de l’Arche, le Faraut 2383 m, la vire du Pierroux, les rampes du pic Ponsin... Mais la rampe des Ailes me paraît posséder une dimension à part. On ne peut manquer de la repérer depuis le Champsaur, surtout en hiver lorsqu’elle est soulignée par la neige, ainsi qu'elle m'apparut tout d'abord. Avant de traîner nos guêtres dans ce domaine encore inconnu (avec Patrick Adam et Laurent Zambon, puis Bernard Mazas), nous nous posions bien des questions : comment l’approcher ? N’était-elle pas barrée par les rebords surplombants d’inquiétantes et énormes cavités ? Le couloir terminal, invisible du bas, n’était-il pas trop raide ? Comme souvent, ce fut une série de bonnes surprises. L’approche d’abord, desservie par un réseau de sentes relativement commodes jusqu’à 1700 m. La rampe ensuite, les grandes baumes se révélant faciles à contourner pour accéder à un cirque large et herbeux, poste d'observation connu des chasseurs de Pouillardencq et du Glaizil. Le couloir terminal enfin, loin d’être aussi raide qu’il en avait l’air, et s’avérant pourvu de sentes de chamois tracées en zigzag et entrecoupées par un seul petit passage d'escalade. En bref, un trip relevant d'une belle logique, qui peut s'enrichir de la traversée des Jumeaux de Faraut, sommets emblématiques et spectaculaires du Dévoluy. Comme beaucoup d'itinéraires dévoluards de ce type, j'ai fait connaître la rampe des Ailes dans Vertiges d'en haut en 2010, et elle est devenue relativement classique depuis (du moins pour les amateurs de ce genre de terrain un peu particulier).
1 - Ceux qu'on appelait "les Dévoluards" sur le site Bivouak.net dont les plus actifs étaient Patrick Adam, François Lannes, Raf Rodon, Catherine Icard, Nicolas Galy, Denis Hory, Bernard Mazas, Jean-Michel Genève, Guilain Debossens, Jean-Marc Jacquet et moi-même. La plupart des itinéraires défrichés ont été repérés par observation sur le terrain ou sur photos, parfois en discutant avec des chasseurs qui connaissent évidemment beaucoup de choses, mais avec qui nous avons aussi partagé des nouveautés. Merci à tous.
Topo par simple clic sur le doc PDF.RAMPES DES AILES-FARAUT ci-dessous :
La Montagne de Faraut vue du Champsaur (plan rapproché photo suivante). Le nom de Féraut, archevêque de Gap vers l’an 1300, fut déformé en Faraut à la suite des guerres de Religion qui ravagèrent la région.
En rouge, la montée à la brèche de la Chabournasse par la rampe des Ailes. En jaune, le retour par la brèche de Faraut. En violet, le retour vers le virage 1715 m de la piste qui vient de la route du col du Noyer. En blanc, la traversée des arêtes vers le col du Noyer.
C'est en faisant ces photos hivernales que la rampe, jusqu'alors inconnue hors de la sphère locale, me sauta aux yeux.
Durant l'approche dans le cirque des Ailes, la rampe est bien visible au centre, à gauche des Jumeaux. C'est là que s'arrête le réseau des sentes de chasseurs, déjà difficile à trouver (merci Bernard). Après, il faut tirer "dré dans l'pentu".
Premiers gradins dans la rampe des Ailes. D’anciennes clôtures témoignent de l’attrait qu’elle exerça sur les brebis, preuve, s'il en était encore besoin, de l'activité qui régnait jadis dans ces montagnes.
Pour ne rien vous cacher, avec Laurent Zambon et Patrick Adam (sur la photo), nous avions d'abord effectué le parcours en descente (avec quelques rappels) depuis la brèche de la Chabournasse, histoire d'être sûrs de la viabilité du couloir terminal (bien visible ici) .
Digression audacieuse de PatdeGap sur des vires à chamois vers le sud. Des chasseurs nous ont ensuite raconté avoir mis une journée pour ramener un chamois mort depuis cette vire. On veut bien les croire.
Le haut de la rampe lors de notre première exploration en descente, qui nous surprit par sa relative facilité.
La partie médiane du couloir est un peu plus redressée et comporte même quelques pas d'escalade facile.
Sur la crête, vue un peu effrayante du couloir sous la brèche de la Chabournasse. Il fallait y croire...
Décor permanent durant la montée : le versant sud de la Croix de Queyrière, où se trouve l'arche homonyme que l'on devine au centre gauche.
Sur l'autre versant de la brèche de la Chabournasse, vision préalable du parcours qui permet de gravir les Jumeaux (tracés photo suivante).
Pour cette ascension de l'un ou des deux Jumeaux, voir sur ce blog la page qui leur est dédiée : "Les Jumeaux de Faraut".
Qu'on ait gravi ou non les Jumeaux, l'option la plus simple et la plus rapide pour le retour est de redescendre par le même chemin. Ici, petit rappel dans le passage-clé du couloir terminal.
La brèche de Faraut avec les Jumeaux à sa droite. Si l'on est descendu par le versant ouest, on peut revenir sur le versant est en la franchissant. Mais, après la descente de la Chabournasse sur 600 m, il faut remonter de 500 mètres pour l'atteindre ... Et de l'autre côté, il reste plus de 1000 mètres à descendre !
Pour d'autres aventures sur la Montagne de Faraut, cliquez sur les liens ci-dessous :
Les Jumeaux de Faraut - pascal-sombardier.com
L'étrave spectaculaire du Faraut 2493 m se voit de très loin, même au-delà de Gap. Ce coup de sabre dans la longue échine de la Montagne de Faraut donne à ce sommet peu connu un élan qui att...
https://www.pascal-sombardier.com/2023/02/les-jumeaux-de-faraut.html
Faraut 2383 m - traversée des arêtes depuis la brèche de Faraut - pascal-sombardier.com
La brèche de Faraut tient une place à part parmi les reliefs lunaires du Dévoluy. Au sud, elle est dominée par une abrupte étrave qui se voit de très loin et étonne par sa verticalité. C'es...
http://www.pascal-sombardier.com/2020/04/faraut-2383-m-traversee-des-aretes.html
La vire du Pierroux par la source de Chauchas - pascal-sombardier.com
Nous avons finalement peu parlé de nos virées dévoluardes les plus folles, peut-être parce que leur intensité reste difficilement transmissible, ou alors étaient-elles trop en dehors des norm...
http://www.pascal-sombardier.com/2020/02/la-vire-du-pierroux-par-la-source-de-chauchas.html
Les arches du Dévoluy - pascal-sombardier.com
Bilan de bientôt 20 années d'exploration en images, réactualisé en janvier 2022 avec quelques histoires, des précisions, des photos nouvelles, des oublis réparés... Pour obtenir directement ...
https://www.pascal-sombardier.com/2018/01/les-arches-du-devoluy.html
Et ci-dessous la version de Michel Dagorn sur le site Altituderando, qui a l'élégante habitude de citer ses sources. Merci encore à tous ses collaborateurs.