5 Septembre 2020
Cette "rando" engagée et aventureuse est à ne pas mettre entre toutes les mains. On est ici éloigné de tout dans un environnement particulièrement sauvage où le moindre incident prendrait vite des proportions dramatiques. Sur 700 m de haut, on évolue constamment dans des gradins et des rochers raides souvent exposés. Cette immense entaille dans les plus grandes falaises du Vercors fut peut-être utilisée par des chasseurs, mais sa relative praticabilité m'avait été signalée par des grimpeurs qui l'empruntaient pour redescendre des voies du secteur. C'est Yannick Seigneur lui-même qui m'en avait parlé avec émotion, me conseillant d'y aller "pour l'ambiance", ce que j'avais fait en suivant les indications laconiques du guide Coupé de 1972 : "Descente possible dans un grand couloir dont on évite les barres par des bandes herbeuses"... Avec ça, il fallait se débrouiller, et je doute que deux personnes aient pris exactement le même itinéraire dans ce dédale de vires et de couloirs très complexe, surtout à la descente où l'on n'a aucune visibilité. Il y avait jadis une trace dans la forêt de la partie basse, mais elle a disparu avec le temps. C'est pourquoi je préconise d'emprunter jusque vers 1400 m le fond bien dégagé du canyon, ce qui ne prend que quelques dizaines de minutes. Avec mes amis, j'y suis retourné plusieurs fois avant de mettre au point l'itinéraire décrit, une approche agréable et logique (après en avoir essayé plusieurs...), ainsi que l'enchaînement le mieux adapté aux nombreux passages qui ne dévoilent que difficilement leurs secrets.
Aujourd'hui, les grimpeurs et les chasseurs aventureux se font rares, et la descente de ce grand couloir n'est plus d'actualité, sinon à ski, ce qui a été fait en 2009, la neige gommant une grande partie des difficultés. Je propose plutôt de le remonter, ce qui relève de la procession initiatique, tant les points de repos sont rares et l'évidence inexistante. Merci de ne pas baliser ni équiper davantage cet itinéraire hors-normes afin de préserver son caractère sauvage. Vous êtes dans la Réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors dont la réglementation est destinée à préserver un environnement exceptionnel.
Topo par simple clic sur le doc PDF.GRANDE CHENEAU ci-dessous :
Vus de Romeyer, le Rocher des Heures et sa vire à gauche. À droite, le Roc de Peyrole. La Grande Cheneau se faufile entre les deux (photo L. Jacquet).
À la fin de l'approche dans le ravin de la Petite Cheneau, on trouve de sympathiques ressauts qui sont de vrais escaliers très agréables à grimper.
Après la Petite Cheneau, on rejoint le Balcon du Glandasse sur un replat herbeux bienvenu. De là, on a une vision parfaite de la Grande Cheneau et de la falaise jaune sous laquelle on va traverser.
L'ascension de la Grande Cheneau débute par plus de 200 mètres bien raides dans un canyon entrecoupé de blocs et de murs, où il faut souvent mettre les mains.
Il faut surmonter plusieurs barres rocheuses de ce type. Ce n'est jamais très difficile et bien nettoyé par le passage des chamois et des bouquetins.
Après un promontoire où l'on sort de la forêt, il faut franchir une dernière barre pour atteindre la vire sous la falaise jaune. Au fond, l'élan majestueux du Rocher des Heures.
La vire devient facile avant la partie supérieure du lit de la Grande Cheneau. On a ici le choix entre deux options. Une dalle à droite, ou bien la croupe boisée puis herbeuse visible de l'autre côté du couloir.
L'option de sortie 1 : une dalle lisse à remonter à la corde. S'ensuit une traversée délicate sur des vires vers la gauche avant de rejoindre le couloir terminal. C'était le passage utilisé à la descente par les grimpeurs, et l'on y voit encore de vieilles flèches bleues.
Après la dalle et une petite vire exposée, il faut remonter ce couloir rocheux. Un exercice rendu plaisant par un rocher sain et prisu, du moins au début.
Dans l'option 2 de sortie, on remonte cette croupe herbeuse avant les derniers gradins sur la droite.
Le couloir terminal est bien visible depuis la vire des Heures, sur laquelle se trouvent les personnages sur cette photo.
Le but est de rejoindre le col des Bachassons, situé entre le Rocher de Plautret (en haut à gauche), et le Rocher Carré. Pour cela, on pourra couper à travers les pentes herbeuses bien visibles sur le Rocher Carré.
Vue aérienne du Rocher des Heures et de la Grande Cheneau. Au fond, le Grand Veymont et le mont Aiguille (© Christophe Michel photographie).
La même photo avec le tracé des deux possibilités de sortie de l'itinéraire (© Christophe Michel photographie).
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