28 Août 2021
Le versant est du Grand Armet est l'un des plus grands et des plus abrupts des Alpes. Le parcours exceptionnel proposé ici, bien que présentant de grandes envolées d'escalade facile, reste dans le domaine de la moyenne montagne et de la randonnée alpine, vu l'absence de réelles difficultés techniques. Mais sa longueur et son côté aventureux font qu’une expérience d'alpiniste peut s’avérer utile. Ce terrain très raide demande en effet un pied sûr et un bon sens de l'itinéraire. Et si la qualité du rocher permet une progression à la fois agréable, relativement facile et sûre, l'isolement, l'éloignement et la complexité du retour induisent un certain engagement.
Ces 1800 m de parois et de couloirs attirent en hiver de rares glaciairistes et des skieurs de pentes raides comme Thierry Clavel. Le regretté Stéphane Brosse en avait fait son terrain de prédilection. Quant aux belles dalles grises qui bordent le vallon du Rochier, elles comportent au moins deux voies (voir lien en fin de page). Mais, malgré un gneiss œillé parfait, la longue approche semble rebuter les grimpeurs. Le site reste donc d’une sauvagerie et d’une tranquillité difficilement égalables.
J'avais présenté cette "randonnée", réalisée en 2014 avec Marianna Jagercikova, dans mon ouvrage « Alpes, randonnées insolites et spectaculaires ». J'y suis retourné depuis et je profite de cette publication pour indiquer qu’au retour, on peut aller directement à Plancol sans redescendre dans le vallon de Vaunoire. On gagnera ainsi un peu de dénivelé et de temps (merci à Énée Laroche pour la confirmation du couloir de montée).
Avant toute chose, merci de prendre connaissance de ces informations relatives à la sécurité et au respect de la biodiversité : https://www.pascal-sombardier.com/a-propos-de-pascal-sombardier.com
Topo détaillé par simple clic sur le doc GRAND ARMET-ROCHIER ci-dessous :
Le circuit décrit est en rouge. En jaune, le retour par la combe de Vaunoire décrit dans mon livre, mais qui n'est plus indispensable, vu qu'on peut aller directement à Plancol.
Au-dessus du hameau de la Chalp, le vallon du Rochier, haut de 1800 m (voir tracé de l'itinéraire sur la photo suivante).
Au printemps 2014, une coulée dévalant le vallon du Rochier a envahi le hameau de la Chalp, le recouvrant en partie de gravier et occasionnant d'énormes dégâts. Afin de remettre le torrent dans son lit originel, les habitants envisagèrent de dynamiter des blocs vers 2000 m. Cette étude, menée conjointement avec des experts, aboutit à la numérotation d'énormes rochers-cibles sur l'itinéraire présenté ici, en gros et à la peinture bleue. Le projet, dont le résultat fut jugé aléatoire, tomba rapidement à l'eau au profit d'une digue plus près du hameau, et les "tags" étaient encore là en 2015, comme les témoins de cette nature sans pitié. Au cas où vous passeriez dans le coin, merci de me signaler s’ils y sont toujours.
Les Dalles Grises qui bordent le vallon ont attiré quelques grimpeurs, mais restent assez confidentielles.
Pour relier les dalles de l'ancien glacier au sommet, il faut partir vers la gauche en suivant des vires, des rampes et des gradins relativement évidents.
Ce couloir finalement peu raide se remonte facilement entre des aiguilles acérées, mais sur plusieurs centaines de mètres.
Marianna au sommet avec, à sa gauche la Meije derrière le glacier de la Girose, et à droite, le Dôme et la Barre des Écrins.
Le Grand glacier (ou ce qu'il en reste) tel qu'on le voit depuis l'arête de la Grisonnière. Du temps de sa splendeur, il était considéré comme le plus occidental des Alpes.
La traversée directe vers Plancol se fait en passant sous ce grand névé permanent (voir les détails sur le topo PDF dont je remets le lien ci-dessous). Merci à Yves Sabot pour sa participation lors de cette sortie complémentaire en 2020.
Ci-dessous, deux photos de ce versant prises en 2021 par Bruno Arnaud depuis les Clottous en face. La première avec le tracé de Bruno. La deuxième montre l'écroulement partiel de ce qu'il reste du glacier du Rochier.
À propos des voies d'escalade des dalles grises situées en rive droite du vallon du Rochier, on sait peu de choses. Jean-Pierre Nicollet, chef de secteur du Parc national des Écrins, alpiniste originaire du Périer et auteur prolixe, a sans doute été le premier à y planter des pitons, mais peut-être existe-t-il d'autres voies. Comme on le voit sur le fichier lié (ci-dessous), il reste des zones d'ombre dans ces endroits sauvages, et c'est bien ainsi. Un vrai terrain d'aventure...
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Un circuit parmi les plus variés et intéressant de l'Oisans, dans un de ses recoins les plus tranquilles. On y trouve un sentier câblé vertigineux, d'immenses alpages, une petite arche, un parc...
https://www.pascal-sombardier.com/2018/10/plancol-fenetre-de-la-baisse.html