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pascal-sombardier.com

Topos et photos sur la montagne hors des sentiers battus, par l'auteur des Randonnées du vertige

La grotte glacée de la Pare

Le pic de Bure (2709 m) par la crête et la grotte de la Pare et la combe de Pré la Pare

La grotte glacée de la Pare

Toujours fidèle à mon principe de sortir des sentiers battus, j'avais été attiré par le sauvage versant sud du plateau de Bure, où aucun itinéraire n'était tracé ni connu sous le pic de la Pare. Avec Nicolas Galy et Patrick Adam, j'avais donc gravi quelques escaliers dévoluards dans ce secteur. Nous sortions alors à gauche du pic au prix de quelques émotions, avant d'utiliser les vires à sa droite, beaucoup plus commodes, solution qui fut reprise dans les topos que l'on a commencé à voir sur le Net après la parution de Alpes, randonnées insolites et spectaculaires en 2016. Notez que, outre de nombreuses photos, quelques variantes agrémentent la présente publication, notamment l'accès au pied de la crête de la Pare et la descente dans la rivière gelée par le chourum Napoléon.

J'eus envie de publier sur ce secteur après quelques incursions dans ce qu'on peut appeler une grosse cerise sur le gâteau : la grotte de la Pare. C'est une entrée du complexe de l'Empire, bien connu des spéléos comme l'un des plus grands des Hautes-Alpes avec ses 5 km de développement. Mais ce qui m'intéressait était la présence de ce qu'ils appelaient un glacier souterrain long de 400 mètres, de quoi faire rêver n'importe quel esprit un peu curieux. En fait, il s'agit plutôt d'une rivière gelée dans un canyon parfois étroit, mais cela n'enlève rien à ce que l'on peut considérer comme l'une des plus belles grottes glacées des Alpes françaises, un véritable joyau : des draperies, des colonnes, des pénitents, des méduses, des choux-fleurs, des vagues... Le plus extraordinaire étant peut-être le fond du canyon que l'on peut voir plusieurs mètres en dessous tellement la glace est translucide. On y trouve en principe de la glace toute l'année, mais les sculptures sont beaucoup plus belles et nombreuses à la fin de l'hiver. J'y fus si sensible que j'y suis retourné une dizaine de fois en toutes saisons, parfois seul, réalisant au passage des photos avec des flashs déportés et télécommandés à distance. Certaines sont parues dans des magazines, mais je n'ai jamais pu toutes les proposer, lacune que je comble à la fin de cette page. J'en ai aussi publiées sur ce blog dans une page consacrée aux grottes glacées en Chartreuse, Vercors et Dévoluy, suite à une série de sorties mémorables qui nous ont amusés quelques années. L'un de nous a dit de cette expérience : "Nous restions des heures dans ces palais de glace, émerveillés comme des enfants".

Indépendamment de la grotte, la sauvagerie de ce secteur peut à elle seule satisfaire les randonneurs les plus exigeants. L'arrivée sur le plateau lunaire de Bure, un des décors les plus insolites du Dévoluy, renforcera ce sentiment d'être sur une autre planète, d'autant plus qu'un observatoire astronomique y déploie ses grandes oreilles à l'écoute des étoiles.

Topo détaillé par simple clic sur le doc PDF : GROTTE GLACÉE DE LA PARE ET PIC DE BURE ci-dessous :

Depuis les pentes de Côte Belle, vision parfaite du pic de la Pare (à gauche) et de la Dent d'Aurouze (à droite). Entre les deux, la combe de Pré la Pare, sous laquelle monte la crête de la Pare (voir tracés sur la photo suivante).

Depuis les pentes de Côte Belle, vision parfaite du pic de la Pare (à gauche) et de la Dent d'Aurouze (à droite). Entre les deux, la combe de Pré la Pare, sous laquelle monte la crête de la Pare (voir tracés sur la photo suivante).

En rouge, l’accès au pic de Bure par la Pare depuis la fontaine du Vallon. En jaune, la délicate variante d’accès direct à la crête de la Pare depuis le Chevalet. Le GR (ou voie normale du pic de Bure) est en bleu.

En rouge, l’accès au pic de Bure par la Pare depuis la fontaine du Vallon. En jaune, la délicate variante d’accès direct à la crête de la Pare depuis le Chevalet. Le GR (ou voie normale du pic de Bure) est en bleu.

En rouge, l’accès au pic de Bure par la Pare depuis la fontaine du Vallon. En jaune, la variante d’accès direct à la crête de la Pare depuis le Chevalet. L’approche depuis le col de Gaspardon a été matérialisée en pointillés violets.

En rouge, l’accès au pic de Bure par la Pare depuis la fontaine du Vallon. En jaune, la variante d’accès direct à la crête de la Pare depuis le Chevalet. L’approche depuis le col de Gaspardon a été matérialisée en pointillés violets.

De la fontaine du Vallon (1806 m), où coule une source d'eau claire en permanence, on voit bien le pic et le pré la Pare.

De la fontaine du Vallon (1806 m), où coule une source d'eau claire en permanence, on voit bien le pic et le pré la Pare.

Dans la traversée vers la bosse 1980 m depuis le GR, un peu au-dessus de la fontaine du Vallon (le sommet pointu au centre est le point 2248 m d'IGN).

Dans la traversée vers la bosse 1980 m depuis le GR, un peu au-dessus de la fontaine du Vallon (le sommet pointu au centre est le point 2248 m d'IGN).

Option à ne pas mettre entre toutes les mains : une anthologique variante d'accès direct au pied de la crête de la Pare depuis le Chevalet.

Option à ne pas mettre entre toutes les mains : une anthologique variante d'accès direct au pied de la crête de la Pare depuis le Chevalet.

Quelle que soit l'option choisie, on se retrouve donc sur la crête de la Pare. Ici, on est sous le petit sommet 2248 m. Pour arriver au pré la Pare, il faudra passer d'un côté ou de l'autre de la petite bosse visible à droite (à gauche de laquelle dépasse le pic de la Pare, à peine perceptible).

Quelle que soit l'option choisie, on se retrouve donc sur la crête de la Pare. Ici, on est sous le petit sommet 2248 m. Pour arriver au pré la Pare, il faudra passer d'un côté ou de l'autre de la petite bosse visible à droite (à gauche de laquelle dépasse le pic de la Pare, à peine perceptible).

Arrivée au pré la Pare. Au fond, la Tête des Pras Arnaud.

Arrivée au pré la Pare. Au fond, la Tête des Pras Arnaud.

La pré la Pare est dominé à gauche par le pic homonyme (la grotte est au pied de la falaise sur sa droite), et à droite par le pic de Bure et la Dent d'Aurouze.

La pré la Pare est dominé à gauche par le pic homonyme (la grotte est au pied de la falaise sur sa droite), et à droite par le pic de Bure et la Dent d'Aurouze.

Dans la montée entre pré et pic de la Pare. On peut bien sûr venir ici à skis en hiver, mais l'exposition sud de ce versant permet généralement de s'en passer dès le mois de mars, période durant laquelle les sculptures de glace de la grotte de la Pare sont justement les plus belles.

Dans la montée entre pré et pic de la Pare. On peut bien sûr venir ici à skis en hiver, mais l'exposition sud de ce versant permet généralement de s'en passer dès le mois de mars, période durant laquelle les sculptures de glace de la grotte de la Pare sont justement les plus belles.

L'entrée de la grotte de la Pare. L'éclairage à droite est celui du jour.

L'entrée de la grotte de la Pare. L'éclairage à droite est celui du jour.

Après le porche surbaissé de l'entrée, on se trouve sur cette patinoire au bout de laquelle se dresse en général une belle colonne. Rien que cela vaut le déplacement.

Après le porche surbaissé de l'entrée, on se trouve sur cette patinoire au bout de laquelle se dresse en général une belle colonne. Rien que cela vaut le déplacement.

Pour venir jusque là sans crampons, ce n'est déjà pas évident ; et il faut revenir...

Pour venir jusque là sans crampons, ce n'est déjà pas évident ; et il faut revenir...

Le reste des photos prises à l'intérieur de la grotte se trouve en fin de page. Celles qui sont immédiatement dessous illustrent la suite de la randonnée après être ressorti de la grotte, soit la jonction avec le plateau et le pic de Bure, ainsi que les retours possibles.

La traversée entre la grotte et le plateau de Bure. Rien de bien difficile, mais mieux vaut éviter les faux pas.

La traversée entre la grotte et le plateau de Bure. Rien de bien difficile, mais mieux vaut éviter les faux pas.

Du sommet de Bure, début de la descente. On voit bien l'observatoire astronomique au fond et on peut y aller pour descendre la combe de Mai. On peut aussi plus simplement prendre le GR dans la combe d'Aurouze visible ici à gauche.

Du sommet de Bure, début de la descente. On voit bien l'observatoire astronomique au fond et on peut y aller pour descendre la combe de Mai. On peut aussi plus simplement prendre le GR dans la combe d'Aurouze visible ici à gauche.

Cet observatoire était inutile. Sur la Lune, on y est déjà...

Cet observatoire était inutile. Sur la Lune, on y est déjà...

Si l'on choisit le retour par la combe de Mai, on attaquera la descente juste sous les paraboles, qu'il n'est pas inintéressant de voir de près.

Si l'on choisit le retour par la combe de Mai, on attaquera la descente juste sous les paraboles, qu'il n'est pas inintéressant de voir de près.

Début de la descente par la combe de Mai, une façon expéditive (pour qui maîtrise la ramasse en pierrier) de revenir à la fontaine du Vallon.

Début de la descente par la combe de Mai, une façon expéditive (pour qui maîtrise la ramasse en pierrier) de revenir à la fontaine du Vallon.

La grotte glacée de la Pare

La visite de la grotte au-delà de la salle d'entrée, qui vaut déjà un coup d'œil, demande des compétences de spéléologue et d'alpiniste, et je ne saurais trop conseiller à ceux qui veulent en profiter pleinement de faire appel aux services d'un moniteur (contact aux OT de Saint-Étienne-en-Dévoluy ou de Veynes) ou au moins d'un connaisseur. Il vaut mieux ne pas se perdre dans le dédale des galeries, et une description trop détaillée ne ferait qu'amplifier le risque de confusion.

Nous revoici donc à l'entrée de la grotte de la Pare, au début de cette belle rivière gelée et devant sa première belle colonne. Cette photo de la salle d’entrée a été réalisée comme la plupart des autres avec un flash télécommandé. Il est tenu par Éric, qui se cache derrière la colonne, et déclenché à distance par une commande infra-rouge fixée sur le boîtier. On peut déclencher plusieurs flashs simultanément. Ces éclairages déportés constituent un moyen d’optimiser les effets de transparence, de lumière et de couleur tout en gardant la netteté et les contrastes, et en évitant d'aplatir le relief comme cela est le cas lors d'un éclairage direct..

Nous revoici donc à l'entrée de la grotte de la Pare, au début de cette belle rivière gelée et devant sa première belle colonne. Cette photo de la salle d’entrée a été réalisée comme la plupart des autres avec un flash télécommandé. Il est tenu par Éric, qui se cache derrière la colonne, et déclenché à distance par une commande infra-rouge fixée sur le boîtier. On peut déclencher plusieurs flashs simultanément. Ces éclairages déportés constituent un moyen d’optimiser les effets de transparence, de lumière et de couleur tout en gardant la netteté et les contrastes, et en évitant d'aplatir le relief comme cela est le cas lors d'un éclairage direct..

De l'autre côté de la colonne.

De l'autre côté de la colonne.

Cette photo prise au même endroit en été montre que la colonne a disparu. Il n'en reste que ce petit ergot au centre. C'est à partir de là qu'on ne peut plus progresser sans crampons et que l'exploration devient plus engagée.

Cette photo prise au même endroit en été montre que la colonne a disparu. Il n'en reste que ce petit ergot au centre. C'est à partir de là qu'on ne peut plus progresser sans crampons et que l'exploration devient plus engagée.

S'ensuit une sorte de cayon relativement étroit. Le fond est occupé par plusieurs mètres d'une glace si translucide qu'on voit le rocher à travers.

S'ensuit une sorte de cayon relativement étroit. Le fond est occupé par plusieurs mètres d'une glace si translucide qu'on voit le rocher à travers.

Le plafond est tapissé de ces étranges choux-fleurs de glace.

Le plafond est tapissé de ces étranges choux-fleurs de glace.

Tout le long de la rivière gelée, on trouve de véritables œuvres d'art, comme cette draperie pendue au plafond.

Tout le long de la rivière gelée, on trouve de véritables œuvres d'art, comme cette draperie pendue au plafond.

Étonnante vague figée.

Étonnante vague figée.

Pour profiter de toutes les galeries adjacentes, il faut parfois chercher...

Pour profiter de toutes les galeries adjacentes, il faut parfois chercher...

...et même se faufiler. Mais si l'on trouve une galerie, il est prudent de laisser des repères pour le retour.

...et même se faufiler. Mais si l'on trouve une galerie, il est prudent de laisser des repères pour le retour.

Raf dans la gueule du requin.

Raf dans la gueule du requin.

La salle où l'on arrive si l'on descend en rappel depuis le chourum Napoléon.

La salle où l'on arrive si l'on descend en rappel depuis le chourum Napoléon.

Les traditionnels pénitents...

Les traditionnels pénitents...

Éric sous le Poulpe.

Éric sous le Poulpe.

Portail en formation ?

Portail en formation ?

La fine équipe. De gauche à droite : Éric Babbini, Patrick Adam, Catherine Icard et Raf Rodon.

La fine équipe. De gauche à droite : Éric Babbini, Patrick Adam, Catherine Icard et Raf Rodon.

Cette photo prise en novembre dans la première salle (où l'on est obligé de revenir au retour) suscite généralement une incompréhension. On croit que Pat nage dans une rigole, ce qui serait inconscient de sa part vu la température. Mais en fait, si l’eau a effectivement creusé des rigoles, elle n’y circule plus à cette époque et on y reste au sec, sinon au chaud.

Cette photo prise en novembre dans la première salle (où l'on est obligé de revenir au retour) suscite généralement une incompréhension. On croit que Pat nage dans une rigole, ce qui serait inconscient de sa part vu la température. Mais en fait, si l’eau a effectivement creusé des rigoles, elle n’y circule plus à cette époque et on y reste au sec, sinon au chaud.

Sur cette photo prise en plein été au même endroit, on voit que l'eau circule sur la glace et va creuser ces fameuses rigoles.

Sur cette photo prise en plein été au même endroit, on voit que l'eau circule sur la glace et va creuser ces fameuses rigoles.

Variante d'accès par le chourum Napoléon sur le rebord du plateau de Bure

Le chourum Napoléon, indiqué sur IGN, se trouve sur le rebord du plateau de Bure une cinquantaine de mètres au-dessus de la grotte de la Pare. C'est une autre entrée du complexe de l'Empire et un accès à la rivière gelée exigeant un rappel de 16 mètres (prévoir 2 plaquettes de spit 8 mm avec boulons). Celui-ci vous dépose directement dans une des grandes salles du fond.

Le chourum Napoléon, indiqué sur IGN, se trouve sur le rebord du plateau de Bure une cinquantaine de mètres au-dessus de la grotte de la Pare. C'est une autre entrée du complexe de l'Empire et un accès à la rivière gelée exigeant un rappel de 16 mètres (prévoir 2 plaquettes de spit 8 mm avec boulons). Celui-ci vous dépose directement dans une des grandes salles du fond.

C'est dans cette salle que l'on arrive en rappel si l'on est passé par le chourum Napoléon. On reconnaît le pénitent de l'une des photos postées plus haut.

C'est dans cette salle que l'on arrive en rappel si l'on est passé par le chourum Napoléon. On reconnaît le pénitent de l'une des photos postées plus haut.

Si l'on ressort par la grotte de la Pare, il est possible d'escalader le ressaut de 50 mètres pour revenir sur le plateau, mais c'est assez exposé.

Si l'on ressort par la grotte de la Pare, il est possible d'escalader le ressaut de 50 mètres pour revenir sur le plateau, mais c'est assez exposé.

Et pour conclure, je conseillerai de se procurer une lampe digne de ce nom. Il ne faut pas espérer profiter pleinement des merveilles évoquées avec un simple portable. Je ne dis pas qu'il faille dépenser des fortunes dans un matériel très technique (surtout que les frontales spéléos affichent des prix exorbitants). Personnellement, outre une frontale d'alpinisme classique, mais à mon avis insuffisamment puissante, j'emporte toujours une torche peu encombrante et relativement légère comme celle en photo ci-dessous. Je l'ai payée 25 euros (mais elle en vaut aujourd'hui plus de 50). On la trouve sur le Net avec des valeurs fantaisistes comme la plupart des produits venant d'Asie. Elle est en effet vendue pour 10 000 lumens, alors qu'elle en fait sans doute moins de 2000, mais cela est déjà considérable. C'est presque un phare de voiture. Elle est alimentée par 4 piles rechargeables 18650 (c'est le diamètre : 1,865 cm) fournies avec. Attention, les piles chinoises sont de mauvaise qualité. Elles ont peu d'autonomie (même si elles affichent souvent des valeurs de 3000 à 5000 mAh, ce qui est faux, mon testeur annonçant rarement plus de 800 mAh). De plus, elles ont une durée de vie assez courte (de un à deux ans). Après avoir fait ces constatations et différents tests, j'ai acquis des piles Samsung (en rose sur la photo) et je peux dire que ce sont les seules qui tiennent la route et elles ne nécessitent qu'une dizaine d'euros supplémentaires par rapport à l'achat de la torche.

Dernière remarque : si puissante soit votre lampe, on obtient rarement des photos de qualité avec son simple éclairage, d'autant plus que le spectre lumineux des leds est différent de celui de notre œil et engendre des couleurs violacées bizarres. Rien ne remplace le flash.

Dernière remarque : si puissante soit votre lampe, on obtient rarement des photos de qualité avec son simple éclairage, d'autant plus que le spectre lumineux des leds est différent de celui de notre œil et engendre des couleurs violacées bizarres. Rien ne remplace le flash.

À voir aussi sur ce blog :

Le texte de mon article publié en 2014 sur Montagnes-Magazine :

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S
Merci pour ce partage.<br /> A propos des lampes, je conseille souvent le modèle Wizard, d'Armytek. Puissante et compacte, elle m'accompagne toujours dans mes modestes escapades souterraines de la région et de nuit. Ces lampes sont également régulièrement utilisées en appoint par les spéléologues. Bon, c'est un peu plus cher que les lampes chinoises (~90eur).
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