12 Février 2022
Pas d'itinéraires balisés ni même de sentiers dans ce vallon sauvage et loin de tout. L'élan des deux sommets de Garnesier a déjà de quoi surprendre, et si l'on est attiré par leurs formes acérées et leurs arêtes déchiquetées, on peut monter au col de Corps par des bandes herbeuses plus commodes qu'on ne pourrait le croire. On progresse alors le long d'étranges fresques naturelles où l'on croit discerner des silhouettes humaines dignes d'une œuvre de Munch. Mais on peut se contenter de flâner dans le bucolique alpage de Chazal dominé par une dalle à ammonites qui constitue un magnifique belvédère. On peut rendre cette balade plus sportive en approchant par le singulier ruisseau des Plates, ou même carrément technique en revenant par le canyon de Leyvay, torrent à faible débit en été, mais dont les stigmates attestent la violence en cas d'orage. Quelques lits de pierrailles sont vite oubliés au regard de la beauté des quelques sections encaissées, le point d'orgue étant une grande cascade bien cachée dans un repli du rocher.
Le site étant fragile et des dégradations y ayant été constatées, j'enverrai le topo aux personnes qui me le demanderont par mail (onglet contact de la page d'accueil).
Le vallon de l'Abéou vu de Voran. À gauche, la Tête et le Roc de Garnesier. Au centre, le petit sommet où se trouvent les ammonites.
La variante du torrent des Plates permet d'admirer une rigole parfaite creusée dans une dalle sous un énorme bloc.
La dalle aux ammonites devant le Roc de Garnesier (à gauche), le Haut Bouffet et la Tête de Vachères (à droite).
De la dalle aux ammonites, le col de Corps apparaît parfaitement entre la Tête et le Roc de Garnesier.
En option : prolongation vers le col de Corps :
Montée au col de Corps plus facile qu'on ne pourrait le croire grâce à cette grande diagonale herbeuse.
La géologie tourmentée du vallon de l'Abéou a tracé de curieuses arabesques sous le col de Corps au lieu-dit Leyvay (photo P. Adam). Le nom savant serait "slumps" (glissements synsédimentaires).
Option technique : retour par le petit canyon de Leyvay (corde de 2 x 40 mètres obligatoire) :
Afin de ne pas se mouiller, j'avais planté ici un vieux piton sur le côté pour faire un petit rappel.
La cascade dite "de la Tenaille chinoise", parce que l'amarrage se faisait au début sur cet outil coincé dans une fissure.
Jean-Marc au départ de la grande cascade finale. Ça devient difficile de ne pas se mouiller les pieds...
37 mètres à négocier en restant à l'écart de l'eau, ce qui est possible, surtout si on ne met pas d'autobloquant (à éviter sur corde mouillé !).
Rien n'était paru sur ce secteur avant que nous y venions plusieurs fois au début des années 2010, découvrant avec plaisir les curiosités du torrent des Plates, la dalle aux ammonites, les arabesques du Leyvay et surtout le petit canyon homonyme où il n'y avait aucune trace de passage. La première fois, ne nous attendant pas à ces quelques rappels, j'avais équipé sommairement avec une poignée de vieux pitons et une moitié de tenaille "made in China" récupérée au passage (-: Ce canyon n'est toujours pas répertorié dans les bases de données spécialisées, car peu intéressant pour les pratiquants assidus. Il n'en est que plus attirant pour les amateurs de lieux paisibles à l'écart du monde. Merci à Patrick Adam, Raf Rodon et Éric Babbini ainsi qu'à Lou et Jean-Marc Jacquet pour leur participation.
J'avais décrit ces sombarderies dans mon ouvrage paru en 2014 et toujours disponible :
Dévoluy - les plus belles randos - pascal-sombardier.com
Ce "Trièves Dévoluy" succède à un livre que j'avais commis en 2005 : "Du mont Aiguille à l'Obiou". J'ai reçu beaucoup de demandes à propos de ce dernier qui a cessé son existence au début ...
À voir sur ce blog dans le même secteur :
Le Haut Bouffet par la crête du Vallon - pascal-sombardier.com
Un petit ruisseau sympathique serpente dans la grande pelouse du vallon des Aiguilles, le secteur le plus vert du Dévoluy. Mais comme toujours dans ce massif, on reste entouré de reliefs déchiqu...
https://www.pascal-sombardier.com/2020/04/le-haut-bouffet-par-la-crete-du-vallon.html