24 Juin 2022
Le Gicon est un petit 2000 bien positionné au centre du Dévoluy. Il permet donc d'admirer tous les grands sommets du massif, de l'Obiou au Faraut en passant par le Grand Ferrand et le pic de Bure. Les grimpeurs le fréquentent depuis les années 1970, et la voie classique du Piéroux 1 (Charbonnier-Lainez, 1972) me donna l'occasion de le découvrir à cette époque. Plus tard, j'ai proposé son ascension en rando dans mon ouvrage "Du mont Aiguille à l'Obiou" (2005), puis dans "Dévoluy, les plus belles randos" en 2014. Je ne parlais alors que du paisible parcours de crête pour aller au sommet, avec quelques variantes pour en redescendre. Mais comme il ne s'agissait pas encore d'une balade classique, on n'y trouvait pas vraiment de sentiers bien marqués comme maintenant. L'officialisation du site d'escalade et sa grande fréquentation ont notablement aidé à se retrouver dans les sentes du bas.
Parallèlement, je m'étais amusé à explorer le versant ouest très tourmenté, sillonné de vires et hérissé de gros gendarmes. Avec Denis Hory, nous y avions même trouvé une belle arche, que je m'étais contenté jusque là d'évoquer dans mon catalogue des arches du Dévoluy. Lors de l'hiver sans neige de 2022, la vision de ce versant ouest depuis le Bréchon me donna envie d'y retourner, ce que j'ai fait ce printemps, agrémentant le parcours d'un rappel sous l'arche. C'est l'occasion d'accéder aux vires d'une manière originale et de réaliser un petit circuit pour jouir au mieux de ces reliefs spectaculaires. Les amateurs de circuits moins techniques trouveront aussi des infos dans le topo ci-dessous pour aller à l'arche et au sommet sans trop de difficultés.
Topo et carte par simple clic sur le doc ARCHE DU GICON.PDF ci-dessous
Note 1 : d'après les locaux, plusieurs noms donnés sur IGN ou par les grimpeurs dans ce secteur sont fantaisistes. J'avais déjà fait remarquer qu'il y avait une erreur sur IGN à propos du nom du sommet lui-même (Gigon au lieu de Gicon), mais il y a plus grave. Le nom de pic Crillon est souvent utilisé par les grimpeurs pour désigner le Gicon, suite à une confusion faite par Patrick Cordier dans son livre (Les 100 plus belles - Préalpes du Sud, 1981). Le pic Crillon, ça n'existe pas, ni d'ailleurs le pic de Crillon, du Crillon ou de Crillion (on trouve ces écritures différentes sur la même page du livre cité...). Le pic Grillon (et non Crillon) existe bien, mais il est situé beaucoup plus au nord. Les locaux ne comprennent d'ailleurs pas d'où vient le nom de Grillon donné à ce sommet qu'eux ont toujours appelé "Doigt de Dieu". De même pour le Piéroux, nom donné par les grimpeurs au gendarme accolé au Gicon, et qui en fait n'avait pas de nom. Là, on peut supposer que l'erreur vient d'une assimilation hâtive avec le Pierroux, grand sommet situé plus haut (2377 m), qu'on voit donc par dessus et plus à l'est.
Vu du hameau des Hauts-Gicons, le versant sud-ouest du Gicon apparaît ainsi. On ne voit que la rampe et le dit gendarme du Piéroux, là où officient les grimpeurs. Le secteur de l'arche et des vires est encore loin derrière.
En rouge, le circuit technique passant par la rampe, l’arche et les vires. En jaune, le retour par la crête de la combe des Chèvres. En bleu clair, la fin du parcours classique pour aller au sommet du Gicon et en descendre par le tracé jaune ou le tracé vert clair (cabane de l’Aup).
La remontée de la rampe, "jardin suspendu" des grimpeurs qui l'utilisent à la descente de leurs voies, est très facile au début (photo Laurent Jacquet).
Ensuite, ça devient un peu plus raide jusqu'au départ de cette vire déversante, qui est déconseillée par temps humide (photo Laurent Jacquet).
Qu'on aille sur la crête par le sentier classique ou par la rampe des grimpeurs, on arrivera ici, vers 1650 m, face à l'Obiou.
Ensuite, il suffit de suivre le sentier de crête, bien tracé. On passe ainsi derrière le gendarme du Piéroux, très fréquenté par les grimpeurs dont on verra la trace de sortie.
Cette descente vers l'arche est facilement repérable grâce à ce passage évident entre les rochers, au point 2021 m de la crête.
En 2007, avec Denis Hory, nous l'avions repérée lors de nos reconnaissances dans les vires en dessous. Mais c'est depuis la crête que nous lui avions rendu une première visite. La neige encore présente nous avait contraints à utiliser la corde.
En 2022, j'eus l'idée de poser un rappel pour rejoindre les vires en dessous et réaliser un petit circuit destiné aux amateurs de curiosités naturelles (photo Laurent Jacquet).
Toutefois, comme la vire s'interrompt, il faut effectuer un petit rappel de 20 mètres pour prendre pied dans ce couloir assez raide et le descendre. Mais il est beaucoup plus facilement praticable qu'on ne pourrait le croire vu d'en haut... (photo Laurent Jacquet)
...ou vu d'en bas. Quand on se retourne, on a d'ailleurs du mal à croire qu'il se descend aussi facilement.
Avec Denis, j'avais exploré d'autres vires plus haut et plus bas, parfois en plantant quelques pitons et en s'assurant. Mais c'était souvent un peu chaud...
En fait, Denis avait laissé tomber son appareil photo, et nous l'avons cherché dans les moindres recoins de ce versant, sans succès. Peut-être y est-il toujours...
Variante de retour : traversée vers la crête de la Combe des Chèvres et descente par le vallon de Peyre-Chaves
Cette option de retour par le nord comporte un petit passage exposé au début, juste après le rappel de 40 mètres. Mais ensuite, il n'y a plus de difficultés jusqu'au hameau des Hauts-Gicons. On trouve même une piste dans le vallon de Peyre-Chaves à partir de 1611 m.
La traversée vers la crête de la Combe des Chèvres est l'occasion de côtoyer quelques reliefs spectaculaires de plus.
À voir sur ce blog dans le même secteur :
Les vires de la Condamine - pascal-sombardier.com
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