27 Mai 2022
Lors de notre défrichage du Dévoluy, l'une de nos plus belles surprises fut la vire supérieure de la Condamine. On a du mal à imaginer que ce trait qui raye la falaise perchée tout en haut de ce versant tourmenté puisse être une large vire herbeuse. L'explication est simple : elle est inclinée vers l'intérieur. On ne s'en rend compte que lorsqu'on est dessus ou depuis la crête. C’est d’ailleurs ainsi que François Lannes la repéra. J'avais évoqué cette vire dans Vertiges d'en haut en préconisant juste une visite AR depuis le haut, et j'émettais la possibilité d'un accès par le bas, chose que je vérifiai peu après. Je n'ai pas eu l'occasion d'en parler avant de créer ce blog, mais ma suggestion avait inspiré quelques visiteurs (dont O. Salésiani) qui semblent n'avoir parcouru que la vire inférieure, laquelle peut décevoir ceux qui s'attendent à plus de gaz.
Les deux vires sont donc évoquées ici avec accès par le bas, et même avec une variante technique utilisant des rappels plus à gauche, l'occasion de contempler une série d'autres curiosités naturelles. Il s'agit d'une virée dévoluarde assez longue, physique, sauvage et complexe, et le topo consultable ci-dessous doit être bien étudié préalablement, et je ne crois pas souhaitable qu'il soit diffusé sans les mises en garde nécessaires, ni livré au grand public à l'aide d'un tracé GPX par exemple.
Topo par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :
Cette photo montrant François Lannes sur la vire supérieure de la Condamine figurait à la page 103 de mon ouvrage "Vertiges d'en haut" paru en 2010. Peu après, je trouvais un accès depuis la caverne du Four de la Baume permettant de réaliser le circuit évoqué ci-dessous.
En rouge, la boucle par la vire supérieure. En jaune, la vire inférieure avec retour par la grotte au mur et la cabane de l’Aiguillette. En violet, la variante de retour par le ruisseau de l’Aup (plusieurs rappels, dont un de 50 mètres).
Le sauvage versant nord-ouest du Faraut et du Pierroux vu de Pellafol. Cherchez la vire supérieure (ou regardez plus bas).
Dans la caverne, on peut monter dans une faille derrière une écaille jusque sur la terrasse en haut du porche.
La vire inférieure
Assez évidente, cette vire boisée bien connue des chasseurs de chamois mène dans les pentes herbeuses sous le Faraut. Elle permet un circuit dans des alpages encore actifs, et ce jusqu'à près de 2000 mètres.
En tirant à gauche après le pierrier, on arrive sur cette pelouse, presque incongrue au milieu d'un univers où règnent la verticalité et les reliefs abrupts.
Une bonne trace de chamois fait suite sur le rebord de la falaise, juste au-dessus de la caverne du Four de la Baume. Au fond, l'Aiguillette à droite de laquelle on va passer.
Et c'est en remontant le long des barres rocheuses que l'on trouvera cette grotte aménagée par les bergers. Le mur soutient une terrasse qui sert d'abri aux brebis.
Depuis la sortie de la vire supérieure, on voit bien le parcours effectué à la suite de la vire inférieure. Au centre et à droite de l'Aiguillette, le collu qui précède la petite descente avant la remontée vers la grotte au mur.
Retour par l'alpage jusqu'au-dessus de la vire supérieure. Au fond, la montagne de Faraut et ses multiples pointes.
La vire supérieure
Je l'ai dit : d'en bas, il semble improbable qu'on puisse évoluer si facilement sur cette rayure qui divise une grande falaise en deux. Mais il s'agit bien d'une vire, parfois large de plus de 30 mètres.
La vire supérieure de la Condamine. Il faut y aller pour le croire. Je l'appelle "la baleine", vous comprendrez pourquoi...
Après une traversée qui demande de l'intuition, quelques gradins mènent dans le ravin au pied de la vire.
On débouche subitement au pied de la vire, qui s'avère nettement plus large qu'on ne peut le penser en la regardant de la vallée..
C'est la partie centrale qui, en se rétrécissant, fait prendre conscience qu'il s'agit d'une vire en pleine falaise.
Une autre fois, à la descente, lors d'un enchaînement des vires inférieures et supérieures en boucle.
Non loin de la sortie, depuis l'Aup, vue sur le pic Grillon ou "Doigt de Dieu" (au centre), le Gicon (à gauche) et, tout au fond (de gauche à droite), le Grand Ferrand, les Têtes de l'Aupet et de Lapras, et l'Obiou.
Le retour par le col de l'Aup et le sentier d'Entre-les-Pas
Si le retour par les alpages est assez simple et parfaitement bucolique, attention au sentier d'Entre-les-Pas qui présente plusieurs passages raides et câblés, et qui se perd parfois. Pour ceux qui souhaiteraient rester les pieds à plat, possibilité de continuer le sentier des Gillardes et de retrouver la piste forestière plus à l'ouest, ce qui est évidemment plus long.
Au col de l'Aup, début de la descente sur le sentier des Gillardes, qu'il faudra rapidement quitter pour celui d'Entre-les-Pas.
Option technique : les rappels du ruisseau de l'Aup
Nous avions équipé ces rappels au milieu des années 2000 en cherchant ce que les chasseurs appellent le « Petit Passage » (le Grand Passage étant le pas de l’Arche). En fait, ça ne passe pas à la montée, et il est probable que le Petit Passage soit plutôt la vire inférieure de la Condamine, puisqu’il n’y a pas d’autres possibilités dans ce versant. Quoi qu’il en soit, ce parcours que nous avons effectué plus d'une fois en descente à l'aplomb de la grande baume (laquelle est visitable au passage en aller-retour) est magnifique et utilise notamment une belle vire entre les rappels.
Le premier rappel se fait dans la faille en haut à gauche et permet de prendre pied sur une étroite vire qu'il faut suivre jusqu'au goulet de la cascade.
Les monolithes des Blanchards, une curiosité à voir absolument entre le ruisseau de l'Aup et la caverne du Four de la Baume.
Et pour finir, à nouveau la caverne du Four de la Baume, éclairée cette fois par la lumière du soir. Cette cavité reste un mystère, car les explorations menées en 1997 et 1998 par des équipes de spéléos n'ont pas expliqué d'où venait l'eau qui en jaillit avec force après une pluie. Il a fallu des escalades délicates pour remonter un réseau vertical de 115 m qui s'arrête malheureusement sur une étroiture infranchissable.
À voir sur ce blog dans le même secteur :
Le pas de l'Arche au Faraut - pascal-sombardier.com
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