Le Val Maira

Cuneo (Coni en piémontais) commande l'entrée des vallées alpines Stura, Maira, Grana et Varaita. Il ne faut pas manquer de rendre visite à cet ancien chef-lieu d'un département français (sous Napoléon) pour son harmonie architecturale et ses rues animées.

Le val Maira est au centre, entre le val Stura (route du col de Larche en bas en rouge), et le val Varaita (en haut).

À l'entrée du val Maira, il ne faut pas manquer la visite des Cicciu, curieuses formations géologiques réparties dans la forêt au-dessus de Dronero, près de Cuneo.

On compte 500 de ces champignons de pierre formés par l'érosion sur une dizaine d'hectares seulement.

Le site est protégé par une réserve naturelle et l'entrée du circuit de randonnée est payante (3 €), mais on ne le regrette pas.

J'ai demandé le sens du mot cicciu, et on me l'a traduit par "marionnettes", mais il évoque aussi quelqu'un de gros, de "pansu".

Le fond du val Maira est occupé par le charmant village de Chiappera, jadis très isolé. Derrière les maisons, le sommet de la Rocca Castello (2452 m), bien connu des grimpeurs, car composé d'un solide quartzite.

En 1966, avec une centaine de lycéens grenoblois des fameux camps du père de Vallée, j'avais découvert Chiappera, encore préservé. Ce jour-là, le boulanger du hameau avait vendu autant de panini qu'en un an ! Aujourd'hui, le village a été entièrement retapé et est devenu un haut lieu du tourisme piémontais, mais il n'y a plus de boulanger...

C'est de Chiappera que l'on part pour la plus célèbre balade du val Maira : la cascade de Stroppia.

L'originalité de cette randonnée vient d'un couloir escarpé qui permet de grimper sur la droite de la cascade avant de la traverser grâce une large vire.

La vire qui revient à gauche vers la cascade.

La traversée de la cascade se fait tranquillement grâce à cette large vire.

On arrive ensuite au joli petit lac Niera, à l'orée du vallon de Stroppia par lequel on peut aller jusqu'en France.

Du lac Niera, vue sur le chapelet des sommets de l'est, dont beaucoup frisent les 3000 mètres.

Au bout du vallon de Stroppia se dresse le mythique Brec de Chambeyron (3389 m), que l'on atteint plus facilement depuis la haute Ubaye française. Ce fut l'une de mes premières vraies courses en altitude, et cette vieille diapo du début des années 1970 me montre au sommet, heu-reux !

Avant Chiappera, on croise de nombreux hameaux également bien restaurés et touristiques, comme celui de Saretto, dominé par les sources de la rivière Maira.

Depuis Saretto, un joli petit circuit pittoresque passe au pied d'une longue barre rocheuse truffée de grottes.

On y trouve quelques traces d'habitations anciennes.

L'endroit est propice à la méditation transcendantale...

D'Acceglio, une route sineuse monte jusqu'à 2000 mètres, où a été construite la Madona delle Grazie. La piste continue ensuite jusqu'à plus de 2800 mètres, tout près de la frontière française.

Au nord du val Maira, de nombreuses routes audacieuses serpentent vers des villages perchés pleins de charme comme Colombata, Vallone, Campiglione, San Martino, Morinesio, ou ici Ussolo.

Au sud de Saretto, depuis les sources de la Maira, un bon sentier monte vers la frontière et le mont Oronaye à travers de somptueux alpages.

C'est ainsi que l'on découvre le mont Oronaye, un des seigneurs locaux (au fond). Le lac d'Apsoi se niche dans le creux sous les sommets.

Le lac d'Apsoi (ou Apzoi) au couchant. À gauche, l'Auto Vallonasso (2885 m ), et à droite au fond, le mont Oronaye (ou Tête de Moïse, 3100 m).

L'accès traditionnel à l'extraordinaire Rocca la Meja (2831 m) se fait plutôt depuis la route très alpine qui relie le val Stura au val Maira par le col dei Morti. Mais comme le sommet est à cheval sur les deux vallées, il peut aussi s'atteindre depuis le versant Maira par le col de Preit (voir topo de la voie normale depuis le col de Valcavera à la fin de l'article).

L'un des plus beaux vallons du val Maira est, à mon sens, celui d'Enchiausa, que l'on atteint depuis Acceglio par celui d'Unerzio. Au fond, le Bric Content (2722 m) et le mont Feuillas (2867 m), sous lequel traverse un ancien sentier militaire, notre but du jour.

La montée au col Feuillas (ou de l'Échelette, puisqu'on est ici sur la frontière, non visible sur la photo car plus à gauche)) se fait sous l'œil du mont Oronaye (le plus à gauche sur la photo. Aussi appelé Tête de Moïse). À droite, l'Auto Vallonasso.

Délaissant la montée au col Feuillas et le refuge-bivouac Enrico e Mario (une ancienne caserne bien visible sous le col), nous partons à gauche sur le sentier Roberto Cavallero. Dans la face nord-est du mont Oronaye (ou Tête de Moïse), bien visible sur la droite, a été inaugurée une grande via ferrata utilisant également un ancien parcours militaire.

Comme la plupart de ses homologues, le sentier militaire Roberto Cavallero avait pour but de longer la frontière. Il ne s'embarrasse donc pas de circonvolutions inutiles.

Il arrive près du sommet du Bric Content. Là se trouve une de ces anciennes casernes que l'on rencontre tout le long de la frontière franco-italienne. De là, on peut prolonger ce sentier militaire par les arêtes du mont Scaletta en val Stura.

Se plonger dans ce passé récent et imaginer ce que pouvait être la vie des pauvres soldats à cette altitude, y compris en hiver, laisse rêveur...

Le val Grana est une petite vallée adjacente au val Maira. On y trouve le grand sanctuaire de San Magno, haut lieu du tourisme piémontais bien que perdu à près de 1800 mètres.

Le val Grana est profondément creusé dans les montagnes au sud du val Maira et, comme dans celui-ci, on y trouve de nombreux hameaux perchés qui méritent un arrêt (la photo est prise à Colletto).