17 Septembre 2024
17/09/2024 : les grimpeurs fréquentent maintenant un secteur situé à l'entrée du vallon : les dalles de l'Homme. Pour s'y rendre, ils longent la Romanche depuis le pont des Brebis en passant sous la via ferrata. Cela semble être une bonne solution tant que l'échelle est dans cet état.
23/09 : Nicolas Guérin a testé cette solution et fait un compte-rendu dans un message visible au bas de cette page. Merci à lui.
Suite à des demandes sur l'état des grottes à l'automne 2024, Nicolas Guérin a créé un album de photos récentes. Je l'en remercie et vous invite à visionner cet album : https://photos.app.goo.gl/69yAx9iJAZndYq559
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20 août 2024, Benoît Alleaume me communique les informations suivantes :
- La route qui longe la Romanche a été endommagée par les pluies diluviennes de juin. Le second parking est inaccessible en voiture et il faut rester garé au pont d'Arsine.
- L'échelle qui permet de traverser la Romanche sous le vallon de l'Homme a également été endommagée. La photo ci-dessous que Benoît m'a envoyée est assez dissuasive. C'est à vos risques et périls...
Ceci dit, Élisabeth Ferreira et Sébastien Lacombe (avec lequel j'étais en Sardaigne en mai), ont traversé l'échelle en cette fin de septembre 2024. Commentaire : " Ça passe, l’échelle ne tient pas, juste les rebords métalliques sur les côtés … C’est à traverser avec prudence".
Situé sous quelques-uns des sommets et des glaciers les plus prestigieux du massif des Écrins, le sauvage vallon de l'Homme est fréquenté en hiver par quelques skieurs-alpinistes qui descendent par là du refuge de l'Aigle, une aventure risquée en raison des redoutables crevasses du glacier de l'Homme et des avalanches qui peuvent dévaler jusqu'à la Romanche. Cette descente, que j'avais effectuée il y a plus de quarante ans, m'a laissé des impressions de sublime et d'inquiétude. À l'époque, j'étais moins intéressé par les merveilles naturelles qu'on peut croiser en montagne, mais de toute façon, je ne pense pas que les grottes de glace, révélées par un compte-rendu succinct de C2C daté de février 2023, existaient. Sans cette publication, je n'aurais jamais imaginé retourner dans ce vallon un peu casse-pattes depuis le bas. Et pourtant, ce fut fait avec Éric Babbini en ce chaud mois de juillet 2023.
La formation de ces grottes est probablement due au réchauffement climatique, le torrent de l'Homme étant devenu assez violent pour se frayer un chemin dans la faible épaisseur de glace qui subsiste et dont on peut expliquer la présence à une altitude si modeste (2300 m) par l'exceptionnelle ampleur des quatre grands glaciers situés au-dessus (Armande, Lautaret supérieur et inférieur + l'Homme).
Alors, monter là-haut en été, est-ce raisonnable ? C'est raide, chaotique, fatigant, improbable... Mais finalement assez court, et la récompense est telle qu'on oublie rapidement tous ces désagréments. Sous les yeux de la Meije et du Gaspard, l'ambiance est grandiose. Au centre de ce décor sauvage à l'excès, le spectacle de ces grottes aux multiples ouvertures restera pour moi l'un des plus étonnants, d'autant plus que, de loin ou de dessus, il ne se laisse pas deviner. Alors, quand l'inattendu s'ajoute à la féerie...
Les photos publiées ci-dessous ont été prises le 20 juillet 2023. Attention, depuis, une canicule tardive a accéléré la fonte du glacier et augmenté le risque d'effondrements dans ces grottes. Il est fortement conseillé de ne pas venir ici trop nombreux, de ne pas traîner longtemps au même endroit et de porter le casque.
Topo détaillé par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :
Depuis l'illustrissime sentier des Crevasses, on voit parfaitement le vallon de l'Homme dominé par le pic Gaspard et la Meije. Les grottes de glace sont également bien visibles (tout en bas du V).
Pour comparaison, j'avais fait cette photo en 1993 en été. La remontée des glaciers laisse rêveur. Il y a 30 ans, tous se rejoignaient à l'endroit où l'on peut voir aujourd'hui les grottes.
Peu après la confluence du torrent de l'Homme avec la Romanche, il va falloir traverser celle-ci sur cette échelle, dont la fixation laisse à désirer...
Ensuite, il faut monter le long du torrent de l'Homme, sous la Cathédrale, qui en impose vue sous cet angle (en fait, remis dans le contexte du cirque qui le domine, c'est un tout petit sommet).
Plusieurs berceaux de dalles granitiques adhérentes se remontent plus facilement qu'on ne pourrait le croire.
On arrive en vue du cirque où se blotissent les glaciers d'Armande, du Lautaret et de l'Homme. Le pic Gaspard (3881 m, au fond à gauche) est le maître des lieux.
Le glacier le plus à droite est celui de l'Homme, dominé par le refuge de l'Aigle bien visible ici. En hiver, c'est l'occasion d'une des plus magistrales descentes à skis du massif (photo Éric Babbini).
Vers 2300 m, on débouche sur le grand replat où se trouvent les grottes. L'énorme entrée inférieure est bien visible, mais on voit aussi une des entrées supérieures plus haut à droite.
Il faut d'abord tirer à gauche et traverser un névé sous le glacier du Fauteuil, dont les séracs semblent inquiétants, mais restent en fait assez stables (invisible sur cette photo, car suspendus dans la face nord de la pointe Nérot).
Il faut ensuite traverser le torrent issu de la grotte. Là, on peut envisager d'y entrer par la droite, ou continuer à droite pour aller directement aux ouvertures supérieures.
L'entrée principale de la grotte est assez grande, et il ne faut pas traîner pour y entrer. Les chutes de pierres qui viennent du glacier en mouvement au-dessus sont en effet assez fréquentes.
Le tunnel doit faire près de 200 mètres, et il ne faut pas se laisser impressionner par le fond sombre et malcommode, d'où l'on ne voit pas la sortie cachée par ce coude à droite.
Et cette sortie débouche à l'air libre sur le glacier, devant une autre entrée. Les yeux exercés des arch-hunters auront repéré une petite arche à l'intérieur de ce gros tunnel.
L'ambiance est ici nettement plus accueillante, et les reliefs glaciaires nombreux (photo Éric Babbini).
Dans un des tunnels, la paroi de droite ne mesure que quelques centimètres d'épaisseur. Les rayons du soleil la traversent et font ressortir la couleur de la glace.
Malheureusement, avec le réchauffement, ce glacier, qui ne fait que quelques dizaines de mètres d'épaisseur, risque, à cette altitude modeste, de totalement disparaître d'ici une petite décennie.
En redescendant péniblement par le glacier couvert de caillasses, on croise encore d'autres ouvertures et d'autres arches de glace.
Vu de dessus, ce décor chaotique et minéral ne laisse pas vraiment présager les trésors qu'il dissimule (photo Éric Babbini).
La redescente du vallon de l'Homme risque de prendre autant de temps qu'à la montée, le terrain ne permettant pas de courir, loin de là... (photo Éric Babbini)
Nous avions prié pour que la chaleur n'augmente pas le débit de la Romanche au point de recouvrir l'échelle. Dieu nous a exaucés (-: (photo Éric Babbini)
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