2 Septembre 2023
par le sentier des Crevasses et l'Alpe de Villar-d'Arène
Le col de Laurichard depuis le Lautaret est une petite balade classique très fréquentée. Elle permet aux randonneurs de déboucher sans difficulté à plus de 2600 mètres sur une plate-forme au bord du vide. De là, ils peuvent contempler quelques-uns des plus grands sommets du massif des Écrins : la Meije, le pic Gaspard, la Grande Ruine, la Roche Faurio, la Barre des Écrins, les Agneaux... Mais le chemin s'arrêtant là, la liaison avec l'Alpe de Villar-d'Arène semble réservée aux chamois.
Un col cul-de-sac ? Voilà qui avait de quoi m'interpeller. Après quelques recherches, je vis que la cordée Paul Guillemin - André Salvador de Quatrefages (quel joli nom !), alpinistes très actifs de la fin du dix-neuvième siècle, avait traversé le col en septembre 1877. Le commentaire du "Guide du Haut-Dauphiné" de François Labande (1) est laconique : "Passage intéressant et facile entre le col du Lautaret et le refuge de l'Alpe". Rien de plus édifiant ne fut publié depuis, sinon la vague évocation d’un couloir terreux et raide situé plus au nord permettant de rejoindre le sentier des Crevasses, mais présentant peu d'intérêt.
Désireux de marcher sur les traces de nos alpinistes en ce caniculaire mois d'août 2023, je suis allé au bout du chemin, qui monte un peu plus haut que le col au sud. Dans le versant ouest m'apparut alors une rampe évidente que j’ai dévalée en quelques minutes jusqu'à un couloir situé encore plus au sud. Était-ce là le passage emprunté par Guillemin et Quatrefages ? Probablement, car, de là, il est assez évident de rejoindre l'Alpe de Villar, ce qui était leur but. Le mien était de réaliser une boucle passant par quelques-uns des plus beaux sites du massif des Écrins en commençant par le spectaculaire sentier des Crevasses, si bien entretenu par le Parc des Écrins. 25 000 personnes l'empruntent chaque saison, la plupart revenant par le même chemin après avoir atteint les refuges. Certaines poursuivent jusqu'au col d'Arsine et redescendent sur le Casset par le vallon du Petit Tabuc. Mais le circuit proposé ici en traversant le col de Laurichard me semble être plus intéressant pour revenir au point de départ : le Lautaret. Je l'ai refait dans l'autre sens (en commençant par le sentier des Crevasses), ce qui me semble plus facile, certains passages raides se négociant mieux à la montée.
1 - Éditions de l'Envol, 1996.
Cet itinéraire ne s’adresse pas aux randonneurs classiques. Il exige un bon sens de l’itinéraire, une bonne forme physique pour remonter des pentes raides ainsi qu’une certaine aisance en terrain escarpé et exposé, le tout dans un environnement très sauvage.
Topo détaillé par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :
Au départ du col du Lautaret, le sentier des Crevasses traverse d'épaisses aulnaies face au pic Gaspard et à la Meije.
Au pied des glaciers du Lautaret et de l'Homme, les grottes de glace du vallon de l'Homme sont bien visibles (voir lien ci-dessous).
Les grottes de glace de l'Homme - pascal-sombardier.com
Situé sous quelques-uns des sommets et des glaciers les plus prestigieux du massif des Écrins, le sauvage vallon de l'Homme est fréquenté en hiver par quelques skieurs-alpinistes qui descendent...
https://www.pascal-sombardier.com/2023/07/les-grottes-de-glace-de-l-homme.html
Au fond, le pic de Chamoissière (3207 m). En arrière-plan à droite, la Barre des Écrins apparaît par-dessus la Roche Faurio (3750 m).
Ce sentier des Crevasses est une véritable prouesse et demande beaucoup d'entretien. Au fond à gauche, le Goléon (3427 m).
Entre la pointe Nérot à gauche (3538 m) et le Bec de l'Homme (3454 m) à droite, les glaciers du Lautaret et de l'Homme. Le mythique refuge de l'Aigle est visible en haut à droite du glacier de l'Homme.
À droite, le refuge privé de Chamoissière. Plus bas au centre, celui de l'Alpe de Villar-d'Arène (FFCAM).
Au centre, le refuge de Chamoissière devant les sources de Romanche et la Grande Ruine (3765 m, à droite).
On arrive ainsi à plus de 2500 mètres, devant le glacier rocheux du vallon de la Route. Des études montrent qu'il reste de la glace sous ces blocs.
Ensuite commence une longue traversée au pied des contreforts ouest du Roc Noir de Combeynot sur une vague trace de chamois.
L'environnement est on ne peut plus sauvage. Au fond à gauche, les Agneaux. Au centre le pic de Neige Cordier (3614 m). Notez que le Dôme et la Barre des Écrins sortent par-dessus la crête de la Roche Faurio à droite.
Au bout de la traversée, on débouche dans ce couloir bien marqué. Il faut d'abord remonter les raides pentes herbeuses de son bord droit.
Au moment où le bord droit du couloir est bordé par des rochers verticaux, il faut traverser à gauche.
Arrivée à la plate-forme située au bout du chemin de la combe de Laurichard, légèrement au-dessus du col.
Descente face au Galibier. Ce petit lac aurait donné son nom à la combe de Laurichard (le "lau" Richard).