23 Février 2020
C'est l'une des randos les plus intimes du massif. On y sent le souffle des bûcherons et des chasseurs qui devaient impérativement relier leurs villages aux lieux de vie qu'étaient les forêts, les alpages, les sources... Rien ne pouvait donc les arrêter dans ce besoin fondamental, quitte à surmonter des barres rocheuses à l'aide d'artifices, comme ces échelles posées il y a plus d'un siècle pour gagner le vaste plateau de Charminelle depuis les sombres gorges de la Roize. Elles étaient un peu tombées dans l'oubli, sauf dans l'esprit des anciens, qui m'en parlèrent il y a une trentaine d'années comme des "passières". Le chemin était alors en mauvais état, ainsi que les traversées entre les échelles, lesquelles étaient déjà tordues et mal fixées, mais finalement toujours praticables. Depuis, après diverses publications (Montagnes Mag, Chartreuse inédite), elles sont redevenues fréquentées et le chemin amélioré. Il y a même des câbles dans l'approche et après la première échelle. Avec le retour par celui des Gourhauts, lui-même entièrement réhabilité, c'est l'un des parcours les plus typiques de la Chartreuse profonde. L'un des plus impressionnants aussi, car on est dominé tout le long par les abîmes tourmentés du Saut de la Roize, peuplé de mouflons et de chamois. Pour couronner le tout, on arrive au couvent de Chalais, une ancienne chartreuse. La crête de l'Embournay que je décris ici, encore très peu connue, est la petite cerise sur le gâteau.
Un petit conseil : ne partez pas avant midi pour ne pas être à l'ombre dans ce milieu déjà encaissé et austère.
Ce 16 juin 2020, nous apprenons qu'un trailer disparu depuis 2 jours a été retrouvé mort après les échelles, probablement à la suite d'une glissade. Ce n'est pas la première fois. Les fortes pluies de ces derniers jours ont rendu le terrain glissant, et il est fortement conseillé d'attendre une période sèche pour se lancer dans ce genre d'itinéraire. Je crois utile de préciser que ce n'est pas un itinéraire adapté au trail étant donné qu'il nécessite de bonnes chaussures et une attention soutenue, surtout entre les divers passages équipés qui ne sont pas les plus exposés.
Topo et carte visible par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :
Depuis la vire de l'aiguille de Chalais, la Grande Roche de Charminelle (au centre) est dominée par les Rochers de Lorzier (à droite). On devine la gorge de la Roize au centre, mais elle est cachée par la crête de l'Embournay. La partie de la Grande Roche que l'on voit ici est celle traversée par la vire de la Savine, bien dessinée sous les surplombs jaunes. Les échelles sont plus à droite, au fond de la gorge.
Le circuit proposé est en rouge. En jaune, le retour possible par le plateau de Charminelle et le pas de l'Aronde si l'on est parti de Préfanton. Attention, en avril 2021, le bruit couraitt qu'un effondrement avait rendu le pas de l'Aronde impraticable. Mais apparemment, ça repasse.
On progresse dans un environnement digne d'un film fantastique, face au Saut de la Roize, l'un des abîmes les plus vastes et les plus tourmentés de Chartreuse.
Délivrance : cette terrasse ensoleillée perchée juste avant la première échelle, et que j'ai appelée la Salle-à-manger. On voit à gauche la vire de la Savine et son énorme genévrier thurifère qui pend entre deux barres rocheuses (sous les surplombs jaunes).
L'endroit est magique et impressionnant. On est dominé par la Grande Roche et les Rochers de Lorzier.
Quelqu'un a récemment mis une corde fixe dans ce dévers après la première échelle. Pas inutile en cas de temps humide.
Les trois échelles suivantes permettent d'entamer une longue traversée horizontale sur une large vire boisée.
Corniche audacieuse sur le sentier des Gourhauts après la traversée de la Roize, annoncée délicate sur un panneau, mais en fait tranquille et câblée.
Le cadre paradisiaque du couvent de Chalais, une ancienne chartreuse aujourd'hui occupée par des dominicaines. Voir aussi sur ce blog le parcours de la vire de l'Aiguille de Chalais en cliquant sur le deuxième lien ci-dessous.
À noter que l'on peut rallonger ce parcours en partant de plus bas dans les gorges de la Roize. C'est logique, cohérent et forcément plus long, mais il y en a qui en veulent... À voir ici :
Les gorges de la Roize - pascal-sombardier.com
Le confinement a eu des effets imprévus, notamment retrouver près de chez soi des itinéraires qu'on avait délaissés, les réhabiliter, ou leur adjoindre des prolongements, des variantes... Ce ...
http://www.pascal-sombardier.com/2020/05/les-gorges-de-la-roize.html
Et cette petite chose, que l'on aperçoit depuis les endroits évoqués :
La vire de l'aiguille de Chalais - pascal-sombardier.com
À ceux qui n'aiment pas la neige, cette petite fantaisie restant au-dessous de 1000 m apportera quelques émotions d'un autre genre. La première est la sérénité qui se dégage du couvent de Ch...
http://www.pascal-sombardier.com/2018/04/la-vire-de-l-aiguille-de-chalais.html
À noter que j'évoquais déjà la crête de l'Embournay sur cette page.