28 Septembre 2022
Les grottes ont un côté mystérieux et donc attirant. Celle de la Fétoure est ainsi une des destinations les plus classiques du Trièves. Elle bénéficie d'un accès bien tracé et balisé, raide par endroit, qui varie forêts, alpages et pierriers caractéristiques du massif. La monumentale face nord-ouest du Grand Ferrand qui domine ce cirque sauvage est certes austère et inquiétante, mais contribue grandement à son ambiance hors du commun. La boucle proposée par les Allières apportera une note de verdure bien appréciable au retour.
Les randonneurs équipés de lampes peuvent pénétrer aisément dans la grotte jusqu’à une jolie salle à 200 m de l’entrée. Bien que la plupart des concrétions y aient été cassées, elle présente encore des reliefs et des couleurs qui méritent une visite. Une grosse stalagmite tronquée trône au milieu. Le fait que les morceaux manquants de toutes ces concrétions massacrées ne jonchent pas le sol laisse supposer que des marbriers les auraient descendues pour les utiliser à des fins commerciales. Cette histoire curieuse et peu vraisemblable, qu’on raconte encore à Tréminis, n’est cependant étayée par aucun document, et peut-être s'agit-il du vandalisme ordinaire dont beaucoup de merveilles souterraines ont été victimes… Elle fait partie de la mythologie des Tréminisous, dont le village comptait jadis plus de 1000 habitants (moins de 100 aujourd'hui). La vie dans ces pentes abruptes était alors très active, comme en témoignent les multiples sentiers qui les parcourent, et dont la plupart sont malheureusement effondrés et impraticables.
Située à droite de la Fétoure, la grotte des Choucas a été explorée récemment par des spéléos de la région qui caressaient l'espoir de traverser le Ferrand jusqu'aux grands réseaux du versant d'Agnières. Mais les énormes galeries du début s'avérèrent rapidement bouchées et impraticables. La taille de ces galeries et des salles qu'elles relient en fait néanmoins un objectif de choix pour ceux qui s'intéressent au monde souterrain et qui possèdent les rudiments techniques nécessaires pour s'y aventurer.
Topo détaillé par simple clic sur le doc PDF ci-dessous :
La face nord-ouest des Petit et Grand Ferrand en hiver. Malgré la neige, on devine au centre la trace du chemin en zigzag qui mène à la grotte de la Fétoure.
En rouge, l’accès classique à la grotte de la Fétoure depuis le Serre. En orange, le retour par les Allières. En jaune, la variante par le sentier du 18 juin.
À Tréminis, une tradition veut que l'on se rassemble plusieurs fois par an autour du four à pain communal. Mais le soir, c'est le Grand Ferrand qui prend feu.
Le chaînon Obiou-Ferrand vu depuis l'autre côté du Trièves. De gauche à droite, l'Obiou, le Bonnet de l'Évêque et la Tête des Cavales. À leur droite, le petit Nid, le Rougnou et la Tête de l'Aupet. Les Petit et Grand Ferrand trônent au centre. À leur droite, la Tête de Vallon-Pierra précède les sommets du cirque de la Jarjatte, à moitié dissimulés par les nuages.
Arrivée dans la casse (pierrier) du Ferrand lors d'une froide journée de novembre. La grotte de la Fétoure est bien visible au pied du pilier jaune pâle le plus large sur la droite de la face, sous les bandes de neige.
Depuis les zigzags du chemin qui arpente la casse, la grotte apparaît avec de plus en plus d'évidence.
L'intérieur de la grotte de la Fétoure se caractérise par des coulées multicolores qui créent de véritables œuvres d'art.
La présence de fer et de souffre se manifeste ici, comme dans divers endroits du cirque de Tréminis (à la source sulfureuse près de Boutari, par exemple).
Les grottes sont entourées en rouge, celle des Choucas se situant 300 mètres à droite de celle de la Fétoure.
On imagine les premiers explorateurs spéléos cherchant à atteindre en escalade le gros porche au-dessus de ce surplomb.
Les difficultés ne s'arrêtent pas au premier surplomb. Il faut en plus traverser tout le flanc droit du porche pour pouvoir pénétrer dans la grotte.
On sera forcément surpris par la taille des galeries, qui ne peut s'apprécier qu'avec des lampes très puissantes.
On se demande toutefois ce qui est arrivé ici. Les concrétions sont ravagées, souvent à terre, alors que la fréquentation est faible et la grotte inaccessible aux vandales.
Cette grosse stalagmite a même été descellée et manifestement déplacée, sans doute par un torrent souterrain en crue.
Vu la taille des galeries, l'eau qui a coulé ici ne devait pas être celle d'un long fleuve tranquille...
Variante d'approche : on peut aussi faire l'approche par le sentier du 18 juin (indiqué sur IGN entre "Gonnet" et "Maroure"). Le point de départ est alors situé sur la piste venant du Chenal, entre les deux gués vers 1160 m. Lorsqu'on arrive vers 1420 m sur le chemin reliant Charbonneyre à la source du Loup, il faut partir à gauche pour rejoindre le sentier normal d'accès à la casse du Ferrand. Attention, à droite, il y a un passage effondré très chaud pour aller à la source du Loup, si des fois vous prenait l'idée de passer par là ! L'avantage de cette approche est que, si on descend de la Fétoure par les Allières, on revient au point de départ, sans avoir à revenir au Chenal et au Serre par la piste. La photo ci-dessous montre l'étrave rocheuse caractéristique située à peu près au point de jonction vers 1420 m.
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