Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
pascal-sombardier.com

Topos et photos sur la montagne hors des sentiers battus, par l'auteur des Randonnées du vertige

Sardaigne, reliefs étranges

La Sardaigne a été pour moi une révélation tardive et en plus, il m'a fallu une période d'adaptation, car ce pays lumineux et coloré ne se laisse pas apprivoiser facilement. Petit à petit, je m'y suis laissé prendre comme à une drogue, et mon dernier voyage a sans doute été le plus beau et le plus intéressant de tous ceux que j'ai faits en Europe. Chaque jour, avec Laurent Jacquet et Guilain Debossens, nous découvrions avec ravissement des merveilles toutes aussi étonnantes les unes que les autres. Certaines sont connues - touristiques même - mais d'autres se méritent dans un environnement particulièrement sauvage. Il ne faut pas aller là-bas en simple touriste, mais garder un esprit curieux et ne pas hésiter à partir en exploration pour en profiter pleinement. C'est facile, car on n'y trouve que peu de sentiers et encore moins de parcours balisés, et le terrain est rarement de tout repos. En plus, il n'existe pas de cartes fiables. Le Paradis, en somme ! Et puis les Sardes me plaisent par leur côté rebelle et indépendant, plus prononcé encore que chez les Corses. Ce premier volet montre des curiosités des reliefs calcaires et granitiques, dont certaines sont des révélations. Il est suivi de deux autres, un sur les bords de mer et l'autre sur l'aspect patrimonial. J'espère ainsi faire connaître un peu mieux la grande île aux Français, qui en ignorent les nombreux attraits et s'arrêtent souvent à l'aspect "belles plages".

Tout le nord de l'île est couvert de reliefs granitiques où les tafoni foisonnent et donnent lieu à d'étonnantes structures naturelles.

Tout le nord de l'île est couvert de reliefs granitiques où les tafoni foisonnent et donnent lieu à d'étonnantes structures naturelles.

On peut se balader à l'infini sur ces belles dalles de granit dans un décor de science-fiction.

On peut se balader à l'infini sur ces belles dalles de granit dans un décor de science-fiction.

Sans parler des couleurs vives de la végétation.

Sans parler des couleurs vives de la végétation.

Quelques reliefs granitiques typiques de la côte nord, près de Costa Paradiso.

Quelques reliefs granitiques typiques de la côte nord, près de Costa Paradiso.

Une érosion due au vent plus qu'à l'eau.

Une érosion due au vent plus qu'à l'eau.

Au Capo d'Orso, vers Palau, ces reliefs de granit sont si étranges que leur accès est payant. L'ours (orso) lui-même présente un porte-à-faux spectaculaire, la quintessence du tafonu.

Au Capo d'Orso, vers Palau, ces reliefs de granit sont si étranges que leur accès est payant. L'ours (orso) lui-même présente un porte-à-faux spectaculaire, la quintessence du tafonu.

Il ne ressemble à un ours que vu de l'autre côté, mais je le préfère ainsi (voir plus de photos en cliquant sur le lien "Sardaigne, la côte nord" en fin de page)..

Il ne ressemble à un ours que vu de l'autre côté, mais je le préfère ainsi (voir plus de photos en cliquant sur le lien "Sardaigne, la côte nord" en fin de page)..

Comme quoi il n'y a pas que le calcaire et le grès qui sont capables de créer de belles sculptures naturelles.

Comme quoi il n'y a pas que le calcaire et le grès qui sont capables de créer de belles sculptures naturelles.

Au centre de l'île se dressent les dentelles granitiques du mont Limbara, dont l'arche de Sa Beritta (du Béret), large de 14 mètres.

Au centre de l'île se dressent les dentelles granitiques du mont Limbara, dont l'arche de Sa Beritta (du Béret), large de 14 mètres.

Les monts Limbara se caractérisent par ces reliefs granitiques tourmentés où la progression n'est pas toujours simple...

Les monts Limbara se caractérisent par ces reliefs granitiques tourmentés où la progression n'est pas toujours simple...

Un tafonu (plur. tafoni, mot également usité en Corse) est une alvéole creusée par l'érosion dans le granit. Celle-ci se trouve sur la côte nord, mais les plus grandes sont un peu plus au sud (voir photo suivante).

Un tafonu (plur. tafoni, mot également usité en Corse) est une alvéole creusée par l'érosion dans le granit. Celle-ci se trouve sur la côte nord, mais les plus grandes sont un peu plus au sud (voir photo suivante).

Dans les tours de San Pantaleo, sur la costa Smeralda, se trouve le plus grand tafonu d'Europe. Les Sardes l'ont appelé "la bocca del Pescecane" (la gueule du requin). On peut voir les détails de sa visite grâce au lien que j'ai mis en fin de document.

Dans les tours de San Pantaleo, sur la costa Smeralda, se trouve le plus grand tafonu d'Europe. Les Sardes l'ont appelé "la bocca del Pescecane" (la gueule du requin). On peut voir les détails de sa visite grâce au lien que j'ai mis en fin de document.

Près de Galtelli, sa Petra Istampata, dont l'accès est aménagé depuis la route et qui s'atteint en 5 mn, mais reste magnifique malgré cette vocation touristique.

Près de Galtelli, sa Petra Istampata, dont l'accès est aménagé depuis la route et qui s'atteint en 5 mn, mais reste magnifique malgré cette vocation touristique.

Plus au sud, dans les Supramonte et tout près de la route "Orientale Sarda", l'arche de Sutta Terra. Mignonne !

Plus au sud, dans les Supramonte et tout près de la route "Orientale Sarda", l'arche de Sutta Terra. Mignonne !

Située près de Dorgali, la grotte d'Ispinigoli est souvent la première curiosité que l'on va voir lorsqu'on s'approche des Supramonte. La stalagmite qui trône en son centre est décrite comme la plus grande d'Europe avec ses 38 mètres de hauteur.

Située près de Dorgali, la grotte d'Ispinigoli est souvent la première curiosité que l'on va voir lorsqu'on s'approche des Supramonte. La stalagmite qui trône en son centre est décrite comme la plus grande d'Europe avec ses 38 mètres de hauteur.

Les Supramonte se trouvent sur la côte est de la Sardaigne, où se déroule le fameux trek du Selvaggio Blu. Son fleuron, classé au patrimoine de l'UNESCO, est la crique de Goloritze, avec sa superbe aiguille. Il est intéressant d'aller crapahuter dessus, ou au moins autour....

Les Supramonte se trouvent sur la côte est de la Sardaigne, où se déroule le fameux trek du Selvaggio Blu. Son fleuron, classé au patrimoine de l'UNESCO, est la crique de Goloritze, avec sa superbe aiguille. Il est intéressant d'aller crapahuter dessus, ou au moins autour....

Dans les reliefs très sauvages et escarpés des Supramonte de Baunei, nous avons rendu visite à quelques-unes de plus grandes arches d'Europe. Ici, dans la codula di Luna, celle de Sozzastru est difficile d'accès et ne se laisse pas plus approcher. Nous l'avons estimée à 30 mètres d'envergure et peut-être plus en hauteur... Voir les détails grâce au lien en fin de document ("Les plus grandes arches d'Europe").

Dans les reliefs très sauvages et escarpés des Supramonte de Baunei, nous avons rendu visite à quelques-unes de plus grandes arches d'Europe. Ici, dans la codula di Luna, celle de Sozzastru est difficile d'accès et ne se laisse pas plus approcher. Nous l'avons estimée à 30 mètres d'envergure et peut-être plus en hauteur... Voir les détails grâce au lien en fin de document ("Les plus grandes arches d'Europe").

De la cala di Luna (cala = plage), en remontant le sentier du Selvaggio Blu qui la relie à la cala Sisine, on ne peut manquer l'arche de Lupiru. Une splendeur !

De la cala di Luna (cala = plage), en remontant le sentier du Selvaggio Blu qui la relie à la cala Sisine, on ne peut manquer l'arche de Lupiru. Une splendeur !

À travers l'élégance absolue de Lupiru, le golfe d'Orosei.

À travers l'élégance absolue de Lupiru, le golfe d'Orosei.

D'après des infos glanées sur le Net, j'avais noté l'existence d'une arche immense blottie au cœur des Supramonte. Depuis la cala Sisine, un itinéraire s'enfonce dans des vallons qui comptent parmi les plus sauvages de l'île. Pour y accéder, les Sardes y ont construit ces ponts en branches de genévrier dont ils ont le secret.

D'après des infos glanées sur le Net, j'avais noté l'existence d'une arche immense blottie au cœur des Supramonte. Depuis la cala Sisine, un itinéraire s'enfonce dans des vallons qui comptent parmi les plus sauvages de l'île. Pour y accéder, les Sardes y ont construit ces ponts en branches de genévrier dont ils ont le secret.

S'arcada Manna tient plus que ses promesses. Nous l'avons trouvée après quelques errements et l'avons mesurée à 42 mètres d'envergure, peut-être plus en hauteur, ce qui en fait la plus grande arche d'Europe. Pour ceux qui ont de bons yeux, Laurent Jacquet est debout sur le promontoire à droite dans l'ouverture. Il mesure 1 m 80, mais là, il paraît si petit...

S'arcada Manna tient plus que ses promesses. Nous l'avons trouvée après quelques errements et l'avons mesurée à 42 mètres d'envergure, peut-être plus en hauteur, ce qui en fait la plus grande arche d'Europe. Pour ceux qui ont de bons yeux, Laurent Jacquet est debout sur le promontoire à droite dans l'ouverture. Il mesure 1 m 80, mais là, il paraît si petit...

L'énorme arc-boutant de s'Arcada Manna. Outre la taille, c'est surtout le côté massif qui est impressionnant. Sur le côté à gauche, dans la pointe, il doit y avoir 60 m de hauteur.

L'énorme arc-boutant de s'Arcada Manna. Outre la taille, c'est surtout le côté massif qui est impressionnant. Sur le côté à gauche, dans la pointe, il doit y avoir 60 m de hauteur.

Su Marinau s'enchaîne à la suite d'une autre vire (s'Istrada Longa), ce qui constitue un parcours plein de caractère pour aller à s'Arcada Manna si l'on vient du plateau situé 400 m au-dessus.

Su Marinau s'enchaîne à la suite d'une autre vire (s'Istrada Longa), ce qui constitue un parcours plein de caractère pour aller à s'Arcada Manna si l'on vient du plateau situé 400 m au-dessus.

Les reliefs étranges se rencontrent un peu partout en flânant dans les recoins perdus des Supramonte de Baunei.

Les reliefs étranges se rencontrent un peu partout en flânant dans les recoins perdus des Supramonte de Baunei.

En route pour la falaise d'escalade de Surtana, près de Dorgali. Nous avons grimpé dans ce site très classique et fréquenté, histoire de nous accorder un petit répit, et nous n'avons pas été déçus.

En route pour la falaise d'escalade de Surtana, près de Dorgali. Nous avons grimpé dans ce site très classique et fréquenté, histoire de nous accorder un petit répit, et nous n'avons pas été déçus.

J'avais rarement grimpé sur un aussi beau calcaire que celui de Surtana. Ce n'est pas trop dur et très bien équipé.

J'avais rarement grimpé sur un aussi beau calcaire que celui de Surtana. Ce n'est pas trop dur et très bien équipé.

Le Gorropu serait le plus grand canyon d'Europe, mais j'avoue que j'ai été plus sensible au grand plateau qui s'étend au-dessus, riche en merveilles de toutes sortes, comme la piscina Urtaddala : 70 mètres de diamètre sous la baume. C'est là qu'arrive (en rappel) un des plus beaux canyons de Sardaigne : la codula d'Orbisi (au centre).

Le Gorropu serait le plus grand canyon d'Europe, mais j'avoue que j'ai été plus sensible au grand plateau qui s'étend au-dessus, riche en merveilles de toutes sortes, comme la piscina Urtaddala : 70 mètres de diamètre sous la baume. C'est là qu'arrive (en rappel) un des plus beaux canyons de Sardaigne : la codula d'Orbisi (au centre).

Nous avons poursuivi la descente de la codula d'Orbisi sur ces très belles dalles : un régal !

Nous avons poursuivi la descente de la codula d'Orbisi sur ces très belles dalles : un régal !

Et ça fait tellement plaisir de côtoyer l'eau, si rare dans la région.

Et ça fait tellement plaisir de côtoyer l'eau, si rare dans la région.

Jonction avec le riu Flumineddu (qui se jette ensuite dans le Gorropu) au niveau du célèbre laghetto Sa Giunturas.

Jonction avec le riu Flumineddu (qui se jette ensuite dans le Gorropu) au niveau du célèbre laghetto Sa Giunturas.

Plus bas, dans le canyon du Gorropu lui-même, "Hotel Supramonte", considérée il y a encore peu comme la voie d'escalade la plus dure d'Europe. On peut se contenter de la regarder, ce qui suffit à donner mal aux bras tellement c'est déversant...

Plus bas, dans le canyon du Gorropu lui-même, "Hotel Supramonte", considérée il y a encore peu comme la voie d'escalade la plus dure d'Europe. On peut se contenter de la regarder, ce qui suffit à donner mal aux bras tellement c'est déversant...

Plus haut sur les plateaux des Supramonte de Baunei, la serra Oselli et ses espaces sauvages (euphémisme).

Plus haut sur les plateaux des Supramonte de Baunei, la serra Oselli et ses espaces sauvages (euphémisme).

Dans la serra Oselli, le petit Gorropu ou Gorropedu est un canyon plus encaissé que son aîné, mais surtout plus isolé. On se sent ici très loin du monde ordinaire...

Dans la serra Oselli, le petit Gorropu ou Gorropedu est un canyon plus encaissé que son aîné, mais surtout plus isolé. On se sent ici très loin du monde ordinaire...

Dans le Gorropedu, petit canyon sec et encaissé qui permet une boucle ludique autour de la serra Oselli.

Dans le Gorropedu, petit canyon sec et encaissé qui permet une boucle ludique autour de la serra Oselli.

Plus à l'ouest, les Supramonte s'ouvrent sur de grandes vallées pleines de caractère, dont celle de Lanaitho. Dans un de ses canyons adjacents, le parcours équipé (artisanalement) de Pentumas offre une succession de décors hallucinants.

Plus à l'ouest, les Supramonte s'ouvrent sur de grandes vallées pleines de caractère, dont celle de Lanaitho. Dans un de ses canyons adjacents, le parcours équipé (artisanalement) de Pentumas offre une succession de décors hallucinants.

Des échelons, des câbles et des chaînes permettent de relier les vires particulièrement aériennes de la rive droite du Badde Pentumas.

Des échelons, des câbles et des chaînes permettent de relier les vires particulièrement aériennes de la rive droite du Badde Pentumas.

Dans le Badde Pentumas.

Dans le Badde Pentumas.

Plus au sud, la grotte d'Ulassai est une véritable splendeur. Je l'ai visitée plusieurs fois, mais ne m'en lasse pas...

Plus au sud, la grotte d'Ulassai est une véritable splendeur. Je l'ai visitée plusieurs fois, mais ne m'en lasse pas...

Ulassai : une des plus belles grottes visitables que j'aie jamais vues.

Ulassai : une des plus belles grottes visitables que j'aie jamais vues.

Petit retour au centre de l'île, dans les paysages volcaniques du monte Torru, près d'Ittiri.

Petit retour au centre de l'île, dans les paysages volcaniques du monte Torru, près d'Ittiri.

Un site qui a apparemment été habité en des temps plus anciens et qui fait davantage penser à un pays nordique qu'à la Méditerranée.

Un site qui a apparemment été habité en des temps plus anciens et qui fait davantage penser à un pays nordique qu'à la Méditerranée.

Et pour finir, avant de prendre le ferry à Porto Torres, une enième visite de la grotte de Neptune au capo Caccia. Je ne trouve toujours pas les mots pour décrire cette merveille des merveilles, où la mer vient prendre un peu de repos.

Et pour finir, avant de prendre le ferry à Porto Torres, une enième visite de la grotte de Neptune au capo Caccia. Je ne trouve toujours pas les mots pour décrire cette merveille des merveilles, où la mer vient prendre un peu de repos.

Quelques remarques sur l'incontournable "plus dur trek d'Europe" : 

Et la présentation de ces arches-monstres au cœur des Supramonte :

Dans la gueule du Loup... Pardon, du requin : 

Question reliefs étranges, on peut difficilement faire mieux que la côte nord, mais toutes les côtes sont à voir  : 

Et pour finir, l'aristocratie des arches d'Europe. Celles de Sardaigne y tiennent évidemment une place de choix :

Les deux ouvrages en photo ci-dessous permettent une approche intéressante de la Sardaigne pour les randonneurs. Mais il faut comprendre l'italien et l'anglais, et surtout, il faut garder sa curiosité en éveil, car il y a tant d'autres choses à faire et à voir. L'île est plus connue des grimpeurs, vu qu'elle offre des milliers de voies d'escalade de tout style et souvent de grande qualité. La bible en la matière est "Pietra di Luna, escalade en Sardaigne" de Maurizio Oviglia aux éditions Fabula, plus de 1000 pages sur deux tomes, mais toujours en anglais.

Sardaigne, reliefs étranges
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article