20 Novembre 2020
Cet article montre des curiosités calcaires et granitiques de la Sardaigne, dont certaines sont des révélations. Vous trouverez des infos à propos de certains sites évoqués sur d'autres pages de ce blog (liens en bas de page). Pour les autres, n'hésitez à me demander des précisions.
Au sud-est d'Alghero se dresse une colline encerclée par un grand lac. Au sommet s'étend le village de Monteleone Rocca Doria, d'où l'on part pour des falaises joliment sculptées par l'érosion. Une via ferrata et de nombreuses voies d'escalade permettent d'en profiter pleinement.
Tout le nord de l'île est couvert de reliefs granitiques où les tafoni foisonnent et donnent lieu à d'étonnantes structures naturelles.
Au Capo d'Orso, vers Palau, ces reliefs de granite sont si étranges que leur accès est payant. L'ours (orso) lui-même présente un porte-à-faux spectaculaire, la quintessence du tafonu.
Il ne ressemble à un ours que vu de l'autre côté, mais je le préfère ainsi (voir plus de photos en cliquant sur le lien "Sardaigne, la côte nord" en fin de page)..
Comme quoi il n'y a pas que le calcaire et le grès qui sont capables de créer de belles sculptures naturelles.
Au centre de l'île se dressent les dentelles granitiques du mont Limbara, dont l'arche de Sa Beritta (du Béret), large de 14 mètres.
Les monts Limbara se caractérisent par ces reliefs granitiques tourmentés où la progression n'est pas toujours simple...
Un tafonu (plur. tafoni, mot également usité en Corse) est une alvéole creusée par l'érosion dans le granite. Celle-ci se trouve sur la côte nord, mais les plus grandes sont un peu plus au sud (voir photo suivante).
Dans les tours de San Pantaleo, sur la costa Smeralda, se trouve le plus grand tafonu d'Europe. Les Sardes l'ont appelé "la bocca del Pescecane" (la gueule du requin). On peut voir les détails de sa visite grâce au lien que j'ai mis en fin de document.
Près de Galtelli, sa Petra Istampata, dont l'accès est aménagé depuis la route et qui s'atteint en 5 mn, mais reste magnifique malgré cette vocation touristique.
Le célèbre rocher de l'Éléphant est une attraction touristique signalée par de grands panneaux dans toute la région de Castelsardo. Le plus curieux est que ce rocher a été creusé et qu'on peut s'amuser à se faufiler dans de (très) étroites galeries.
Plus au sud, dans les Supramonte et tout près de la route "Orientale Sarda", l'arche de Sutta Terra. Mignonne !
C'est sur la cinquième étape du Selvaggio Blu que l'on trouve les plus belles ambiances et les reliefs les plus intéressants. Cette petite structure est ainsi un exemple très rare d'arche horizontale (la photo est prise de dessous).
Les Supramonte se trouvent sur la côte est de la Sardaigne, où se déroule le fameux trek du Selvaggio Blu. Son fleuron, classé au patrimoine de l'UNESCO, est la crique de Goloritze, avec sa superbe aiguille. Il est intéressant d'aller crapahuter dessus, ou au moins autour....
Dans les reliefs très sauvages et escarpés des Supramonte de Baunei, nous avons rendu visite à quelques-unes des plus grandes arches d'Europe. Ici, dans la codula di Luna, celle d'Ozzastru est difficile d'accès et ne se laisse pas plus approcher. Nous l'avons estimée à 30 mètres d'envergure et peut-être plus en hauteur... Voir les détails grâce au lien en fin de document ("Les plus grandes arches d'Europe").
De la cala di Luna (cala = plage), en remontant le sentier du Selvaggio Blu qui la relie à la cala Sisine, on ne peut manquer l'arche de Lupiru. Une splendeur !
D'après des infos glanées sur le Net, j'avais noté l'existence d'une arche immense blottie au cœur des Supramonte. Depuis la cala Sisine, un itinéraire s'enfonce dans des vallons qui comptent parmi les plus sauvages de l'île. Pour y accéder, les Sardes y ont construit ces ponts en branches de genévrier dont ils ont le secret.
S'arcada Manna tient plus que ses promesses. Nous l'avons trouvée après quelques errements et l'avons mesurée à 42 mètres d'envergure, peut-être plus en hauteur, ce qui en fait la plus grande arche d'Europe. Pour ceux qui ont de bons yeux, Laurent Jacquet est debout sur le promontoire à droite dans l'ouverture. Il mesure 1 m 80, mais là, il paraît si petit...
L'énorme arc-boutant de s'Arcada Manna. Outre la taille, c'est surtout le côté massif qui est impressionnant. Sur le côté à gauche, dans la pointe, il doit y avoir 60 m de hauteur.
Su Marinau s'enchaîne à la suite d'une autre vire (s'Istrada Longa), ce qui constitue un parcours plein de caractère pour aller à s'Arcada Manna si l'on vient du plateau situé 400 m au-dessus.
Les reliefs étranges se rencontrent un peu partout en flânant dans les recoins perdus des Supramonte de Baunei.
En route pour la falaise d'escalade de Surtana, près de Dorgali. Nous avons grimpé dans ce site très classique et fréquenté, histoire de nous accorder un petit répit, et nous n'avons pas été déçus.
J'avais rarement grimpé sur un aussi beau calcaire que celui de Surtana. Ce n'est pas trop dur et très bien équipé.
Le Gorropu serait le plus grand canyon d'Europe, mais j'avoue que j'ai été plus sensible au grand plateau qui s'étend au-dessus, riche en merveilles de toutes sortes, comme la piscina Urthadalla : 70 mètres de diamètre sous la baume. C'est là qu'arrive (en rappel) un des plus beaux canyons de Sardaigne : la codula d'Orbisi (au centre).
Jonction avec le riu Flumineddu (qui se jette ensuite dans le Gorropu) au niveau du célèbre petit lac de sa Giuntura.
Plus bas, dans le canyon du Gorropu lui-même, "Hotel Supramonte", considérée comme la grande voie d'escalade la plus dure d'Europe. On peut se contenter de la regarder, ce qui suffit à donner mal aux bras tellement c'est déversant...
Plus haut sur les plateaux des Supramonte de Baunei, la serra Oseli et ses espaces sauvages (euphémisme).
Dans la serra Oseli, le petit Gorropu (ou Gorropedu) est un canyon plus encaissé que son aîné, mais surtout plus isolé. On se sent ici très loin du monde ordinaire...
Dans le Gorropedu, petit canyon sec et encaissé qui permet une boucle ludique autour de la serra Oseli.
Plus à l'ouest, les Supramonte s'ouvrent sur de grandes vallées pleines de caractère, dont celle de Lanaitho. Dans un de ses canyons adjacents, le parcours équipé (artisanalement) de Pentumas offre une succession de décors hallucinants.
Des échelons, des câbles et des chaînes permettent de relier les vires particulièrement aériennes de la rive droite du Badde Pentumas.
À l'ouest du Lanaitho se dressent les plus hauts sommets des Supramonte. Le monte Corrasi est le plus élevé (1463 m), mais ses satellites - comme les pointes Carabidda (photo) ou Sos Nidos - se caractérisent par d'immenses lapiaz blanchâtres visibles de très loin. On peut y faire des randonnées lunaires en bordure des plus grandes falaises de l'île. La face ouest de la punta Cusidore est ainsi haute de 700 mètres et parcourue par quelques grandes voies d'escalade sur un calcaire de rêve.
Le versant du monte Corrasi qui domine Oliena est hérissé de nombreux monolithes dont certains défient notre sens de l'équilibre.
Au sud-ouest de l'île, près de Villacidro, le petit massif du Monte-Linas est particulièrement beau et sauvage. C'est là que se trouvent les gorges de l'Oridda, dont le parcours permet d'aller admirer la célèbre cascade de Piscina Irgas.
Un site qui a apparemment été habité en des temps plus anciens et qui fait davantage penser à un pays nordique qu'à la Méditerranée.
Au sud de Sassari, deuxième ville sarde, la via ferrata di Giorré permet de traverser une falaise de près de 2 km de large sur des vires confortables. L'aller se fait au premier tiers de la falaise, et le retour quelques mètres plus haut au deuxième tiers.
Et pour finir, avant de prendre le ferry à Porto Torres, une enième visite de la grotte de Neptune au capo Caccia. Je ne trouve toujours pas les mots pour décrire cette merveille des merveilles, où la mer vient prendre un peu de repos.
Une présentation générale de l'île :
Sardaigne : l'île mystérieuse - pascal-sombardier.com
La Sardaigne ne se laisse pas apprivoiser facilement. Les Français la connaissent peu, et lorsqu'ils s'y rendent, ils sont souvent surpris par sa complexité, sauf bien sûr s'ils ont pour seuls buts
https://www.pascal-sombardier.com/2023/11/sardaigne-l-ile-mysterieuse.html
Quelques remarques sur l'incontournable "plus dur trek d'Europe" :
Sardaigne : le Selvaggio Blu - pascal-sombardier.com
"Le trek le plus engagé d'Europe, le plus sauvage, le plus technique... 7 jours avec bivouacs le long d'une des plus belles côtes de Sardaigne " Le départ à Pedra Longa. Au fond, la punta Girad...
http://www.pascal-sombardier.com/2018/03/sardaigne-le-selvaggio-blu.html
Et la présentation de ces arches-monstres au cœur des Supramonte :
Les plus grandes arches d'Europe - pascal-sombardier.com
S'arcada Manna et s'arcada Sozzastru - Sardaigne Mon troisième voyage en Sardaigne en compagnie de Laurent Jacquet et Guilain Debossens m'a permis de recenser quelques-unes des arches repérées lors
http://www.pascal-sombardier.com/2019/05/les-plus-grandes-arches-d-europe.html
Dans la gueule du Loup... Pardon, du requin :
La Gueule du Requin - pascal-sombardier.com
Sardaigne - Tours de San Pantaleo - Punta Cugnana (650 m) Le nord de la Sardaigne se caractérise par de nombreux reliefs granitiques particulièrement tourmentés. Comme en Corse, ils sont criblé...
http://www.pascal-sombardier.com/2019/05/la-gueule-du-requin.html
Question reliefs étranges, on peut difficilement faire mieux que la côte nord, mais toutes les côtes sont à voir :
Sardaigne : la côte nord - pascal-sombardier.com
La Sardaigne perturbe depuis quelques années ma tranquillité d'esprit. Il existait donc en Europe une telle sauvagerie avec des reliefs et des couleurs dignes d'une autre planète ! Il m'a fallu ...
http://www.pascal-sombardier.com/2019/02/cote-nord-de-la-sardaigne.html
Sardaigne : bords de mer - pascal-sombardier.com
Comme annoncé dans le post précédent, voici quelques images et infos sur le littoral sarde. On peut difficilement parler de la grande île sans évoquer ses 2000 km de côtes, malheureusement as...
https://www.pascal-sombardier.com/2020/11/sardaigne-bords-de-mer.html
À voir si vous allez dans le sud-ouest de l'île :
Sardaigne : les gorges d'Oridda - pascal-sombardier.com
Au sud-ouest de la Sardaigne se dresse le massif du Mont-Linas, qui est aussi un parc naturel. Sa faible altitude n'a d'égal que sa sauvagerie et la beauté de ses replis secrets. On se sent déj...
https://www.pascal-sombardier.com/2023/10/sardaigne-les-gorges-du-riu-d-oridda.html
À propos des grottes visitables :
Les grottes de Sardaigne - pascal-sombardier.com
Mon intérêt pour la Sardaigne vient de ses multiples facettes. J'ai été séduit par le côté aventureux de ses randonnées, mais aussi par le foisonnement des merveilles naturelles qu'on y ren...
https://www.pascal-sombardier.com/2023/10/les-grottes-de-sardaigne.html
Et pour finir, l'aristocratie des arches d'Europe. Celles de Sardaigne y tiennent évidemment une place de choix :
Quelques arches remarquables - pascal-sombardier.com
Mes coups de cœur en Europe du Sud : France (dont la Corse), Italie (dont la Sardaigne), Espagne (dont Majorque) et Portugal. Cette présentation, périodiquement mise à jour, est le résultat d'...
http://www.pascal-sombardier.com/2019/06/quelques-arches-remarquables.html
Les deux ouvrages en photo ci-dessous permettent une approche intéressante de la Sardaigne pour les randonneurs. Pour celui de Corrado Conca, il faut comprendre l'italien. Le Rother est maintenant disponible en français, mais on n'y trouve pas tout. Il faut avant tout garder sa curiosité en éveil, car il y a tant d'autres choses à faire et à voir. L'île est plus connue des grimpeurs, vu qu'elle offre des milliers de voies d'escalade de tout style et souvent de grande qualité. La bible en la matière est "Pietra di Luna, escalade en Sardaigne" de Maurizio Oviglia aux éditions Fabula, plus de 1000 pages sur deux tomes, mais toujours en anglais.